Si Jérôme Cahuzac était un dealer, il serait celui qui jure, la main sur le cœur et les yeux pleins de larmes, qu’il a eu le temps de réfléchir en prison, que les conneries c’est fini et qu’il demande juste une chance de tirer un trait sur son ancienne vie pour pouvoir ouvrir un garage avec son frère. Bref, ce qu’un juge rêve d’entendre sans forcément y croire : regrets, recul, humilité et prise de conscience. Mais comme Jérôme Cahuzac n’est pas un dealer, il fait la même chose en mieux. Cette semaine, devant la cour d’appel de Paris, où son procès se déroule jusqu’au 21 février, l’ex-ministre du Budget fait profil bas, répond poliment à (presque) toutes les questions, s’excuse s’il n’en comprend pas une, répète qu’il assume ses fautes, toutes ses fautes. Lui aussi a beaucoup réfléchi, dans la solitude de sa maison corse, discrédité à vie mais à l’abri relatif de ses 4 600 euros de retraite. Expression orale maîtrisée, costume sombre impeccable, avocats de haut vol (Éric Dupond-Moretti, exceptionnellement doux comme un agneau, et Jean-Alain Michel). Le président, Dominique Pauthe, interrompt peu les monologues biographiques du prévenu, ponctués de silences pénétrés.
Cinq ans après le scandale auquel son nom restera toujours attaché, l’ancien député socialiste, ancien conseiller général, ancien maire de Villeneuve-sur-Lot et ancien ministre confesse, dès la première audience, sa « peur d’aller en prison », sans aucun doute sincère.