C’est l’histoire d’un préfet qui voit un énorme entrepôt industriel brûler. Au fur et à mesure de l’incendie, il répète sans cesse pour rassurer : « Jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien. Jusqu’ici tout va bien. » Ce lundi 16 janvier vers 16 h 30, l’histoire s’est répétée, une fois de plus. À Grand-Couronne, en Seine-Maritime, tout près de Rouen, un feu s’est déclaré dans un entrepôt loué par Bolloré Logistics et où étaient stockées plus de 12 000 batteries au lithium. Elles ont brûlé. Or ce type d’incendies est extrêmement dangereux pour la santé, rappelle l’expert en risques industriels Paul Poulain, car ils dégagent notamment de l’acide fluorhydrique, qui a la fâcheuse tendance à se fixer dans les dents, les os ou le sang.
Le feu a ensuite touché deux parties voisines du même entrepôt, louées par deux autres entreprises. L’une contenait des textiles et des palettes ; l’autre, plus de 70 000 pneus. Des pneus qui brûlent, c’est là encore toxique. Un rapport de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques) publié en janvier estimait justement les conséquences d’un incendie très similaire à celui de Grand-Couronne : à Valence, en 2018, environ 100 000 pneus avaient disparu, entraînant l’émission d’une tonne de HAP, une famille de substances génotoxiques et cancérigènes. Ajoutons que, comme dans tous les incendies, le sinistre de lundi dernier a produit des dizaines de substances toxiques et des