Le long week-end de l’Ascension 2021 restera dans les mémoires comme un nouvel épisode d’angoisse industrielle. Le jeudi 13 mai en début de matinée, un premier incendie frappe le site Seveso de Protec Industrie, à Bezons. Une colonne de fumée noire visible à des kilomètres à la ronde, des centaines de pompiers en intervention pendant trois heures et, très vite, un communiqué rassurant de la préfecture du Val-d’Oise : « Les premières analyses de fumée ne font pas apparaître de toxicité particulière. » Deux jours après, le 15 mai en fin d’après-midi, c’est l’usine Seveso de Fibre Excellence à Saint-Gaudens qui connaît à son tour un feu. Une soixantaine de pompiers, un incendie, des explosions et, rapidement, un communiqué rassurant de la préfecture de Haute-Garonne : « Les premières mesures réalisées ne font état d’aucune toxicité dans l’air. »
On a failli être rassurés, bien sagement. Et puis on s’est souvenu de Lubrizol, l’usine qui a brûlé en septembre 2019 près de Rouen. Très vite, le préfet de Seine-Maritime assurait aussi l’absence de « toxicité aiguë » dans les fumées. On apprendra plus tard qu’il se basait seulement alors sur six prélèvements, alors que la fumée s’était répandue sur plus de 215 communes. La liste difficilement exploitable des produits probablement brûlés ce jour-là sera diffusée plus tard : 9 500 tonnes de produits chimiques, pour beaucoup cancérogènes et pour certains mortels en cas de pénétration par les voies respiratoires.