Quartier Picpus à Paris, dans le XIIe arrondissement. Blouson en cuir, casquette vissée sur la tête, vêtements amples et piercing à l’oreille droite, Gérard semble sorti d’un rassemblement de motards. Il ouvre une porte grise qui ressemble à mille autres et dévoile une pièce sombre que viennent éclairer des néons. Une réunion secrète va se tenir ici : en ce dimanche de juin, pour la deuxième fois de l’année, des prêtres gays se retrouvent pour parler entre eux de leur sexualité. En débouchant une bouteille de crémant, Gérard, lui-même ancien prêtre, explique aux Jours la raison de cette clandestinité : « C’est la chasse aux sorcières en ce moment. Il pourrait arriver un truc aux copains qui sont toujours dans l’Église. »
Ordonné dans les années 1980, Gérard coordonne depuis 2019 le groupe Pêcheurs d’hommes qui, depuis une quarantaine d’années déjà, rassemble des prêtres homosexuels. Ce groupe de parole, qui se réunit ce jour-là, est rattaché à l’association LGBTI+ chrétienne D&J Arc-en-ciel, fondée il y a plus de cinquante ans. Comme l’explique l’ancien prêtre, « D&J associait des prêtres et des pasteurs dès le départ. Ils n’ont pas voulu se raccrocher à l’Église. Ces réunions sont clandestines, car on sait que même si on croit en Dieu et au Christ, on se ferait rejeter par l’institution ». Ni les innombrables