«Ah, c’est dans des genêts comme ça que j’ai eu mes premiers émois ! » La phrase est lâchée sur un chemin de forêt, à presque 1 000 mètres d’altitude, de but en blanc. Son auteur ? Jean-Pierre, 65 ans, le prêtre de cette vallée reculée qu’on ne situera pas pour des raisons d’anonymat, à la barbe blanche et aux yeux malicieux, toujours habillé de couleurs. Cela fait déjà deux heures qu’il se confie. Le clerc a peur d’être entendu par des voisins trop curieux et de se sentir à l’étroit entre quatre murs. Il a donc décidé de continuer cette introspection pendant sa promenade préférée : direction « mon balcon », en hauteur, au milieu de nulle part.
En 1980, Jean-Pierre est un jeune travailleur dans le secteur de la santé. Il a 22 ans. Il rencontre un étudiant, Armand. Le coup de foudre est immédiat. Par une journée de chaleur, le futur prêtre va chercher Armand au foyer où il réside et lui propose une balade. « On est allés marcher en forêt, et à un moment donné, il m’arrête, m’enlace, m’embrasse. Moi, j’étais là, les bras ballants. Et puis, il me couche par terre, dans l’herbe. C’était pour moi la première fois », retrace-t-il, les yeux brillants. Les deux amants passent ensuite la nuit ensemble, dans le petit lit du foyer. « J’ai découvert des choses importantes, ce que c’est l’amour au sens physique. Je sentais sa respiration sur moi… Il était beau, blond, radieux, avec un côté un peu ténébreux. » L’idylle a duré un mois et s’est terminée aussi vite qu’elle a commencé.