Il est 6 heures du matin, ce mardi 18 janvier 2022, dans un pavillon d’une petite commune mosellane, proche de Thionville. Linda est dans sa chambre, assoupie. À ses côtés, sa fille cadette âgée de 6 ans dort aussi. Son mari Jérôme vient la réveiller, escorté par des policiers. Quelques minutes plus tôt, il a été interpellé à quelques pas de leur domicile alors qu’il était dans sa voiture pour se rendre au travail. Une famille « normale », assure aux Jours Samia, la mère de Linda. Pourtant, le couple est jugé à partir du 2 octobre pour harcèlement aggravé. En cause, des commentaires laissés notamment sur la page Facebook d’Isabelle Rauch, députée Horizons de Moselle, tel celui-ci : « Vous êtes la propagande de la nouvelle dictature nazie sanitaire. » Linda et Jérôme
Le matin de l’arrestation, Samia, retraitée qui habite à quelques kilomètres de là, vient en urgence garder les deux filles du couple pendant que leurs parents sont amenés à la gendarmerie de Metz. « Quand ils m’ont appelée à 6 heures, j’ai cru que ma fille avait eu un accident, se souvient-elle, la gorge encore serrée. Je n’aurais jamais pensé qu’elle pouvait avoir des problèmes avec la justice. C’était terrible. La petite est restée choquée. » Linda et Jérôme ont la quarantaine. Mariés depuis près de vingt ans, ils se sont rencontrés à Rome, en Italie, lorsque Jérôme, à la tête d’une entreprise de construction, est venu faire des travaux chez la mère de Linda. Après le mariage, le couple est resté en Italie jusqu’en 2013, année durant laquelle le pays a connu une importante chute de sa croissance, poussant leur entreprise à la faillite. « Ils ont préféré quitter l’Italie car ils savaient qu’ils auraient du mal à trouver du travail et sont venus s’installer près de Thionville, où une partie de la famille de Jérôme vit », raconte Samia.
Propriétaires de leur maison, Linda et Jérôme vivent confortablement grâce à leurs emplois de managers : elle dans une société d’intérim, lui dans la maintenance d’un hôtel. Tous deux travaillent au Luxembourg et passent la frontière chaque jour, à une trentaine de kilomètres de chez eux.