Pour sa première comparution devant la justice pénale, Linda apparaît anxieuse, parfois hostile, mais certainement pas intimidée. Vêtue d’une sobre robe noire parée d’une veste de tailleur, la mère de deux enfants ne cherche pas ses mots et justifie ses actes. « Si j’ai fait du mal à quelqu’un, je dois payer. Je suis prête à cela », dit-elle devant l’assemblée réunie salle 2.02 du tribunal judiciaire de Paris, où dix autres prévenus, dont son mari Jérôme, siègent groupés. Deux points communs rassemblent ces femmes et hommes ordinaires, âgés de 40 à 63 ans, originaires des quatre coins de la France : leur casier judiciaire vierge (excepté pour l’un d’entre eux) et leur implication dans le groupe antivax Vivi.
En ce début octobre 2023, les anciens membres du groupuscule complotiste comparaissent pour cyberharcèlement à l’encontre de la députée Horizons Isabelle Rauch, de la sénatrice socialiste Nicole Bonnefoy et de Michel Slama, chef adjoint du service de médecine intensive et de réanimation du CHU d’Amiens. Leurs auditions se succèdent et se ressemblent. Ils sont accusés d’avoir posté « dans un laps de temps très court », relate le président du tribunal, à intervalles réguliers, une multitude de commentaires haineux, souvent identiques et toujours écrits en majuscules, sur la page Facebook des trois victimes au plus fort de la crise sanitaire, entre mars et septembre 2021. Quelques-uns sont retranscrits lors du procès :