Par une pluvieuse soirée de mai, je rejoins les membres du groupe Surdoses, au quai des Orfèvres. Le commandant Patrick N., Émilie T., la capitaine Floriane B. (dite « Chat Noir ») et moi embarquons dans la Peugeot aux vitres teintées. Le reste de l’équipe nous suit à bord du sous-marin. Ce soir, nous allons approfondir la surveillance du bar à chicha de Sevran, où les policiers soupçonnent Omar L. de déposer l’argent de son trafic et dans lequel il est apparu que « Gencive » avait des intérêts financiers (lire l’épisode 3, « Le dentiste et la coke tueuse de “Gencive” »). L’unité est fatiguée. Chacun se laisse rattraper par ses soucis personnels. Floriane cherche depuis plusieurs mois à acheter un appartement. Elle vient de visiter un « studio merdique dans le XIe ». Le commandant regrette de ne pas voir davantage sa fille de 2 ans : « J’ai plus de 50 balais. Si je ne profite pas d’elle maintenant, ce sera quand ? » Quant à moi, prévenu au dernier moment que l’unité « montait » sur l’équipe de Sevran, j’ai abandonné ma petite-amie enceinte de six mois au milieu d’un dîner. Dans la voiture, il n’y a guère qu’Émilie pour afficher son inoxydable bonne humeur. Après avoir réajusté l’ourlet de son jean et la languette de ses Stan Smith, elle me fait écouter le dernier slam qu’elle a composé : « Elle saigne d’une encre bleue/ Sur ses ecchymoses/ Qui, elles, sont la cause/ D’une vie parallèle/ Oubliant un instant ses déchirements/ Elle écrit par azur/ Des voyages qui la rassurent. » La jeune gardienne de la paix occupe son temps libre à ce qu’elle appelle du « bricolage sonore ».
Au bar à chicha, Omar et les loups-garous
Incognito, les enquêteurs passent la soirée dans un café de Sevran pour surveiller Omar, le dealer, et identifier Gencive, son boss.
Texte
Alexandre Kauffmann
Illustration
Clara Dealberto