Aux alentours de 14 heures, un homme d’une quarantaine d’années, chemise turquoise, casquette sur le nez, sort de l’immeuble de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) que des policiers du groupe Surdoses surveillent depuis la fin de matinée (lire l’épisode 6, « Tirs pour de faux, planque pour de vrai »). « Yvan de Pat, Yvan de Pat, ça vient vers vous ! » J’aperçois le trafiquant Gencive de loin. Une simple silhouette sur le trottoir. Qui penserait que cet homme au pas paisible est l’un des grands prédateurs de la région parisienne ? « Pat d’Yvan, Pat d’Yvan, l’objo rentre dans le PMU. Attends… Ça ressort déjà ! Il a un café à emporter… L’objo regagne son domicile. » Nouvelle attente. Silence dans la DS3. L’unité sait déjà qu’il ne se passera pas grand-chose à Joinville-le-Pont. Elle attend que Gencive rallie Sevran, en Seine-Saint-Denis. Plus particulièrement l’agence Pôle emploi de la rue Paul Langevin. Les policiers soupçonnent le trafiquant d’y retrouver régulièrement Omar L., dont le nom est vite apparu lors de l’enquête entamée après la mort d’un dentiste par overdose (lire l’épisode 1, « Le dentiste a fait une overdose, Omar l’a tué »), pour lui remettre le stock de la semaine. Les deux hommes ont-ils d’autres raisons de fréquenter cette adresse ? Chacun d’entre eux perçoit des allocations. Le premier une aide de retour à l’emploi ; le second un revenu de solidarité active (RSA). « Il y a une chance qu’on les serre ensemble avec de la marchandise, m’explique le commandant. En fait, Gencive dépend d’une autre agence Pôle emploi, il n’a rien à faire dans celle de Sevran. Il y a forcément quelque chose. En même temps, il est rare qu’un type de son calibre touche lui-même à la came. D’habitude, à ce niveau, c’est les soldats qui s’en occupent. »