Savannah (Géorgie), envoyé spécial
«J’ai prié pour que mon fils meure naturellement à l’intérieur de moi, aucune mère ne devrait en venir à espérer cela. » Le témoignage est lourd, l’assistance comme assommée par le poids des mots. Callie Beale Harper vient de prendre le micro sur un pupitre installé à la hâte en face d’un bus de campagne tout neuf, coloré du bleu des démocrates. Elle est née ici, à Savannah, ville côtière de la Géorgie, État conservateur du Sud des États-Unis, et a failli perdre la vie car elle ne parvenait pas à accéder à un avortement. Face à quelques dizaines de spectateurs éparpillés sur le parking du temple baptiste Connor, elle raconte plus d’un an de calvaire dans une région du monde où tout est fait pour restreindre au maximum les droits reproductifs.
Si la campagne de Kamala Harris a affrété ce bus, qui fera étape dans cinquante villes du pays, c’est pour parler aux électeurs dans des territoires assez à droite. Car les démocrates ont un chiffre en tête : selon une étude d’Associated Press et de l’université de Chicago conduite en juin dernier, six Américains sur dix estimait que l’avortement devrait être légal en toutes circonstances, soit une hausse de 12 points en trois ans seulement. Un chiffre à peu près similaire chez les indépendants