«S’entendre dire que l’on est une épidémie, c’est lourd à vivre », lâche Thelma Linet, femme trans, gynécologue et autrice. Le regard triste, elle décrit les émissions de télévision où les personnes trans sont présentées comme « un phénomène de mode » (Karine Le Marchand dans un documentaire de M6), « une contagion sociale » (dans une émission de la Radio télévision suisse) ou une « épidémie », donc (l’historienne et psychanalyste Élisabeth Roudinesco dans Quotidien, sur TMC). Des mots qui reviennent aussi dans Le Figaro, Marianne, L’Express ou Le Point. Mais pas que. En mars dernier, le site de Télérama a publié un article sur la sculptrice ivoirienne Laetitia Ky qui milite contre les droits des personnes trans, le revendique et nie l’existence du genre. Si la rédaction fait l’éloge de son travail artistique, son engagement antitrans n’est jamais mentionné. Face au tollé, un encart laconique sera ajouté après publication.
Cette obsession médiatique pour les personnes trans a été documentée par l’AJL, l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bi·e·s, trans et intersexes, dans son enquête sur le sujet publiée en février 2023. Celle-ci établit que « sur l’ensemble des articles étudiés [qui parlent de personnes trans, ndlr], seuls 20,9 % interviewent au moins une personne trans ; tandis que 34,7 % font référence à au moins une personne employant une rhétorique antitrans ». Un choix qui nourrit « les argumentaires transphobes », souligne l’AJL.