Il existe au Havre un endroit appelé « la plage du bout du monde ». Sur cette plage, précisément à 49 degrés 31 minutes et 46 secondes de latitude nord, et à 0 degré, 4 minutes et 10 secondes de longitude est, il y avait une bouteille de Coca. Au pied des falaises-poubelles de Dollemard, on est sûrement passés plusieurs fois devant cette bouteille sans la voir. D’autres détritus plus vieux, plus grands ou plus dégoûtants avaient retenu notre attention, notamment de vieux bidons, de vieilles tombes et d’anciens bouchons de bouteille dont on s’est mis à chercher les origines (lire l’épisode 1, « Enquête à la décharge »). On vous en dira bientôt plus à ce sujet. Ce n’est finalement qu’après deux jours à éplucher, photographier et interroger d’autres déchets qu’on a repensé à la bouteille de Coca et que l’incohérence de sa présence nous a sauté aux yeux.
Captivés par l’archéologie détritique du siècle dernier, on avait oublié les ordures contemporaines qui s’accumulent sur nos plages, celles du Havre y compris. Sûrement parce que nos yeux se sont habitués à voir du plastique un peu partout dans la nature. Selon une comparaison réalisée entre 2001 et 2006, le nombre de déchets trouvés sur les plages françaises est sept fois supérieur à celui trouvé sur les autres plages européennes où des décomptes sont réalisés. Certes, on serait un peu gênés si l’on devait expliquer cet état de fait à un enfant. Mais bon, les yeux des enfants s’habitueront bientôt eux aussi,