Non mais dites : ne viendrait-on pas de nous diffuser en accéléré la bande-annonce du second mandat d’Emmanuel Macron ? Les trois jours fous vécus à l’Assemblée nationale pour l’installation de son hémicycle fraîchement élu pourraient se résumer ainsi : une majorité-à-peu-près qui, après l’« en même temps » macroniste tellement 2017, joue désormais au « ni-ni » – ni le Rassemblement national, ni La France insoumise – pour finir par s’acoquiner avec le RN. Tempus fugit (aux non-latinistes : ça file à une vitesse sa mère), nous disions-nous en songeant qu’il y a bien longtemps, cette même majorité appelait solennellement et dans l’entre-deux tours de la présidentielle à faire barrage à Marine Le Pen. Il y a une éternité, il y a un siècle, il y a… deux mois, en fait. Aujourd’hui, la majorité-à-peu-près d’Emmanuel Macron vote pour le parti d’extrême droite arrivé en nombre à l’Assemblée nationale.
C’est arrivé ce mercredi après-midi. Les députés RN Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont obtenu respectivement 290 et 284 voix pour décrocher chacun un poste de vice-président de l’Assemblée nationale. Alors qu’il n’y a que (oui bon, « que ») 89 élus RN. La différence ? Des députés des Républicains et de LREM. Le matin de ce mercredi, la nouvelle présidente de l’Assemblée nationale, la macroniste Yaël Braun-Pivet, réunit les présidents des groupes parlementaires pour désigner ses six vice-présidents, ceux qui seront chargés, en son absence, de poser leurs fesses sur le vieux cuir madré du fauteuil perché pour arbitrer les débats dans l’hémicycle. Au regard de la nouvelle Assemblée sortie des urnes, est décidé d’attribuer deux postes à LREM, deux à la Nupes et deux au RN.
Mais au moment d’aborder la question des questeurs – ils sont trois chargés de veiller au budget de l’Assemblée –, c’est un ticket à trois qui est proposé : deux LREM et un député Les Républicains, en l’espèce Éric Ciotti, pas ce qu’on connaît de moins à droite chez LR. Hurlements nupésiens où l’on voyait plutôt l’Insoumis Bastien Lachaud à la place de Ciotti et contre-offensive : aux six candidats aux six postes de vice-présidents s’ajoutent deux députés écologistes, Sandrine Rousseau et Benjamin Lucas, une manœuvre qui contraint les députés à voter, plutôt qu’à entériner l’accord. Manœuvre ou, selon le mot de Julien Bayou, coprésident du groupe écolo, « une clarification ».