Ils ont le blouson Harrington beige de rigueur, le cheveu court, 20 ans max et la peau tendre. Ils parlent des buts de Balotelli et de Gomis. Quand le RER B s’est arrêté à Aulnay-sous-Bois, l’un, dans la bande, a glissé aux autres, pas trop fort : « C’est la ville de Théo. » Puis il a refermé le poing en sortant son majeur. Sourires entendus et en coin. Huit petits fachos – comment les appeler autrement ? – s’en vont au meeting de Marine Le Pen. Eux sont bleu, eux sont jaune, eux sont rose. Ils portent des t-shirts pastel « Macron président » ou « Ensemble la France ! » Ils sont noirs, ils sont blancs, ils sont jeunes, ils sont vieux. Ils sont très polis et courtois, ils disent « pardon » et « bonjour ». Ils sont macronistes. C’était hier, lundi 1er mai, les deux derniers grands meetings de l’entre-deux-tours, l’un au parc des expositions de Villepinte, au nord de Paris ; l’autre au Paris Event Center, à La Villette et Les Jours ont fait volte-face de l’un à l’autre. À une vingtaine de kilomètres et quelques heures d’écart, Marine Le Pen et Emmanuel Macron s’affrontent.
À Villepinte, la foule s’agglutine devant le monstrueux hangar – 26 000 mètres carrés au sol, facile deux fois moins de militants FN. Beaucoup, beaucoup de personnes âgées. Certains sont venus très endimanchés, des hommes jeunes au costume brillant un peu marlou. Un vieux a sorti son béret vert pour l’occasion.