CORENTIN : Ah alors Xavier, ça va ? Qu’est-ce que tu as fait de ton week-end OULALA qu’est-ce, qu’est-ce qui se passe ?
Xavier : Bah quoi, t’aimes pas mon nouveau look ?
C : Eh bien disons que je ne m’attendais pas à ce que tu sois à moitié maquillé en Joker et à moitié habillé en Batman, c’est un poil étrange mais après tout pourquoi pas !
X : Ah oui non mais c’est temporaire t’inquiète pas, c’était pour me mettre dans les conditions de cette chronique !
C : sur les cosplays alternatifs ?
X : Non ! Aujourd’hui je vais vous parler de Batman : White Knight, une mini-série en huit épisode éditée par DC Comics entre octobre 2017 et mai 2018, sorti il y a peu en Français par Urban Comics.
C : Et donc ça parle pas de cosplay ?
X : Non ! Batman : White Knight, écrit et dessiné par Sean Murphy, qui avait Punk Rock Rock Jesus, évoque un monde dans lequel le Joker est devenu… sain. Enfin, comment dire, il n’est plus fou et son visage a retrouvé une allure normale. Enfin en gros il n’a plus envie de tuer des gens et il n’a plus le visage tout blanc et les cheveux verts.
C : donc il fait le cosplay de quelqu’un qui ne fait pas de cosplay ?
X : Respecte un peu mon travail ! Alors, donc le Joker est guéri, entre guillemets. Il devient rapidement un citoyen modèle qui se pose en protecteur de Gotham qui aime sa ville et sait ce qu’il faut faire pour qu’elle aille mieux. Mais une personne ne croit pas à ce revirement de cutie…
C : C’est Batman ! C’est ça ? J’ai bon ?
X : Tu es très malin Corentin ! Effectivement, Batman n’y croit pas du tout et soupçonne le Joker de vouloir entourlouper tout le monde encore une fois. Du coup, Batman White Knight présente ce duo dynamique et mythique d’une façon originale mais pas forcément tout à fait nouvelle : le Joker est le gentil, Batman le méchant, ou en tout cas, il n’est pas aussi positif qu’à l’accoutumée si tant est que Batman ait été un jour positif.
[NANANA]
C : En gros ici il n’est pas le héros que Gotham mérite ni celui dont la ville a besoin, c’est ça que tu veux dire ?
X : je ne l’aurais pas mieux dit mon cher. Et c’est intéressant, car la relation entre le joker et Batman est complexe et a changé à travers l’histoire. Le Joker, apparu en 1940, est l’un des premiers, sinon le premier grand ennemi de la chauve-souris et il est l’un de ceux contre qui il s’oppose le plus souvent. En fonction des époques, il est un blagueur de masse, un tueur en série, un génie du mal. Il frappe Gotham mais aussi Batman et sa famille de super-héros en plein coeur à de nombreuses reprises, tuant et blessant grièvement plusieurs de ses acolytes.
C : il y a donc quelque chose de personnel entre les deux
X : Oui c’est le moins que l’on puisse dire. Dans certaines versions des origines du Joker, Batman est directement impliqué. Il y a aussi l’idée qui se développe, dans de nombreuses histoires, que l’un ne peut pas aller sans l’autre. Que le Joker est le pendant naturel de Batman, l’élément perturbateur qui permet de dynamiser l’ennuyeux ordre établi. Grant Morrison est allé jusqu’à montrer une sorte d’alliance, d’amitié, de compréhension entre les deux personnages face à des dangers qui les dépassent tous les deux. Hors des comics, le premier Batman de Tim Burton, la série animée des années 90 et le Dark Knight de Nolan proposent des versions du personnages qui me semblent particulièrement intéressantes.
C : Donc si je comprends bien, Batman : White Knight capitalise sur cette relation connue de tout le monde ?
X : Oui absolument. Le pitch est développé d’une manière assez intéressante, il y a quelques idées sur la façon dont les co-équipers de Batman, la police et la population, tout simplement, réagissent au revirement et aux idées amenées par le Joker. Le discours de ce dernier joue sur ce que l’on connaît des deux personnages, l’un stable et avec le bien-être de la ville en tête, tandis que l’autre serait incapable de faire attention à ce qui l’entoure, causant de nombreux dégâts. On se situe ici dans un récit hors de la continuité officielle, mais il y a de nombreux éléments repris d’histoires marquantes faites par le passé. On a donc un véritable regard critique sur la relation entre ces deux personnages.
C : Donc si je comprends bien, tu recommandes ?
X : Eh bien mon très cher Corentin oui absolument ! J’ai beaucoup aimé. Il y a deux trois facilités, quelques petites choses pas forcément très malines, mais c’est globalement très bien. Matt Holingsworth fait du très bon boulot au scénario et aux dessins, il sait y faire, y a pas à dire. Mon seul petit regret, enfin, ce n’est pas vraiment un regret. Disons que, comme je l’ai dit, tout à l’heure, le récit fait pas mal référence à Batman et son histoire. Mais, à plusieurs moments, on frôle l’excès de fan-service.
C : trop de gros plans sur les fesses de Batman
X : ça devient compliqué de travailler dans ces conditions. Non, je veux dire qu’il y a peut-être un poil trop de références à tous les dessins animés, films, notamment via la profusion de Batmobiles que l’on peut voir. A certains moments je me suis demandé quelle était l’utilité de tout ça, mais ce n’est pas dérangeant. Je vous recommande de lire cette bande dessinée ou de l’offrir à votre petite soeur experte en comics ou votre cousin complètement à la ramasse sur le sujet à Noël.
C : Très bien. On fera ça. Et sans le déguisement de préférence. Merci Xavier, file te débarbouiller et à la prochaine !
« Batman White Knight » : du Joker à l’ouvrage
On connait tous le Joker, l’ennemi n° 1 de Batman. S’il est souvent montré comme un psychopathe aux farces mortelles, ce n’est pourtant pas le cas dans les comics « Batman White Knight » où il est présenté comme un citoyen repenti. Découvrons cet angle original sur ce personnage culte avec Xavier Eutrope.
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