(On part en parodie du Masque. Début du générique)
B : Le Croissant…. et la plume.
Bonjour et bienvenue à tous dans le studio Le Nouveau Miyazaki, dans le vingtième arrondissement. Avec moi, pour cette émission, les coyotes de la littérature japonaise. Corentin Benoit Gonin, et votre serviteur, Benjamin Benoit, pour une émission littérature.
Bonjour Corentin !
C : Bonjour Benjamin ! Ah, je vois que tu vas parler de culture aujourd’hui.
B : Oui de la kuleture avec un grand K majuscule ! Aujourd’hui, c’est mangasses sur vos croissants. Mais plus qu’évoquer un titre en particulier, je vais faire un tir groupé sur une nouvelle maison d’édition, qui vient de publier les premiers tomes de 3 nouvelles séries. Elle s’appelle VEGA. Et derrière, Stéphane Ferrand. Je vous le présente sommairement, il fut longtemps journaliste spécialisé BD, d’abord rédacteur en chef du magazine Le Virus Manga, de 2002 à 2005, il a organisé les activités de l’espace Manga du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2005. Puis il fut dès 2007 directeur éditorial des collections manga aux Éditions Glénat jusqu’à 2015. C’est donc lui qui, par exemple, a amené l’Ère des Cristaux en France. C’était une mission-suicide mais je lui en remercie.
Il revient avec son propre label d’éditeur, dont voici l’organigramme, je cite un article de Manga News. Le groupe d’édition Steinkis, fondé et dirigé par Moïse Kissous, s’associe à Nexusbook, société créée et dirigée par Stéphane Ferrand, pour donner naissance à VEGA. Et la ligne édito c’est le seinen, donc le manga pour adultes, potentiellement violent et réaliste. Donc es-tu prêt Corentin ? Tu vas à nouveau faire l’homme-liste de la chronique. On va classer par ordre d’intérêt croissant. Go !
C : Okayyyyy on commence avec Peleliu, de Kazuyoshi Takeda
B : L’un de ces trois titres prend une approche historique. On commence par nous téléporter en pleine seconde guerre mondiale, dans l’archipel des Palaos, côté japonais. Vous le savez surement, le Pacifique Sud c’est bien plus qu’une comédie musicale, ça a été un pôle stratégique pour les américains où les Japonais se sont fait… massacrer, je pense que c’est le mot. Et du coup, Peleliu suit le conflit de l’intérieur, avec le point de vue d’un troufion qui dessine des mangas, et donc dessine ce qui se passe autour de lui, et sa survie.
Alors Corentin, tu l’adores, c’est le point dissonance cognitive ! Car le style très simple, limite naïf de l’auteur, qui dessine ses personnages comme des Funko Pop, prend un tout autre sens avec le sang, les larmes, les balles et le démembrement. Exercices, rapports de force entre gradés, bombardement, et surtout survie. C’est un récit édifiant, qui se parcourt très vite, c’est son principal défaut. Je peux recommander Dans Un Recoin de ce monde, version papier ou film d’animation, c’est une oeuvre majeure.
[Bande Annonce dans un recoin…]
C : Numéro 2, on passe à Survivant par Akira Miyagawa.
B : Et à mon grand désarroi, ça ne cause pas de jeu d’élimination sociale sur une île déserte, sans Denis Brogniart…
C : AH !
B : Ou Jeff Probst. C’est le manga le plus shonen du lot, le plus nekketsu, celui qui fait bouillir le sang. Avant tout parce qu’on n’y voit évoluer qu’un jeune homme, donc sur lequel un jeune public peut s’identifier. Tout commence avec un horrible cliché de la pop-culture japonaise récente. Le cliché de la transition vers un nouveau monde. Survivant commence avec un ado qui traverse une grotte, se retrouve séparé de ses amis, et en ressort dans une version du monde où il est tout seul. Et pour cause, il est sur une île, seul vestige d’un monde maintenant totalement immergé. Mystère mystérieux dont on a, pour l’instant, aucune explication.
C : Tout le sel de ce manga sera donc sa progression vers de meilleures conditions de survie.
B : Exactement, il ne part de rien, je serai tenté de dire qu’il va faire sa propre partie de Minecraft. Et pour ceux qui n’auraient pas compris, il va utiliser les ressources de l’île pour manger, dormir, chasser. C’est tout simple, c’est comme Seul Au Monde avec Tom Hanks, sans le placement de produit géant pour Fedex. Ca se lit tout seul. On passe au troisième et au meilleur…
[Architectures In Helsinki - Underwater]
B : Deep Sea Aquarium Magmell. De Kiyomi Sugishita. Un petit voyage dans les profondeurs de l’océan, par les yeux d’un jeune agent d’entretien du Magmell, un aquarium subaquatique géant. Quand il était enfant, il a vu un calamar géant qui lui a donné des étoiles dans les yeux, et il est revenu y bosser. Il commence la série en tant que balayeur, mais nous sommes dans un manga ! Et par le pouvoir la passion et du scénario, il pourrait accéder à bien plus. Car Magmell, c’est le partage, la connaissance sur le monde sous-marin. C’est à la fois un épisode géant de C’est Pas Sorcier et une intrigue, le tout propulsé par un style rond et agréable. La couverture est sublime, et le titre du manga est tout petit, c’est plutôt osé. C’est un vrai plaisir à lire, ce manga a un potentiel doudou assez fort. On a rarement la chance de voir ces animaux là et d’apprendre sur eux, et Magmell allie l’originalité à l’agréable. Ca ne fait qu’un tome, mais c’est du tout bon.
Et les trois tomes sont tous disponibles à 8 euros.
C’est ça. Les tomes 2 de Peleliu et Survivant sont sortis. Et la prochaine série est une oeuvre de Koji Kumeta, l’esprit délirant derrière Sayonara Zetsubou Sensei. Ca parlera pas à grand monde… mais je serai là pour ça, pas d’inquiétudes. Et en attendant, vous avez trois titres complémentaires à découvrir. À bientôt les loulous !
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