XAVIER : … et alors là tu vois, eh ben Flash, tu te souviens de Flash, eh bien il décide de se sacrifier pour pouvoir sauver le multivers, parce qu’en fait avec sa force véloce, il peut remonter le temps, sauf que là il y a l’anti monitor donc la réalité est fractionnée et
(CORENTIN : *ronfle*)
X : Corentin ? Tu dors ?
C : ah hein quoi moi non ! donc, attends, tu parles de quoi déjà ? Ah oui les event dans les comic-books ! Allez vas-y mon petit Xavier explique nous ça ! ça a l’air intéressant ! J’adore les comics
X : mais j’avais déjà...tu t’es….bon ok. Alors. Ok. Je vais reprendre depuis le début. Donc comme vous le savez peut-être, ou pas, en Amérique du nord, les comic-books sont, la plupart du temps publiés sous forme de petits fascicules. Dans la très grande majorité des cas, plusieurs de ces petits numéros forment ce que l’on appelle des arcs narratifs, en gros une histoire avec un début et une fin.
C : oui ça c’est commun à de nombreuses industries de la bande dessinées à travers le monde, comme au Japon et dans la BD franco-belge.
X : absolument ! ce n’est pas vraiment unique, nous sommes bien d’accords. Cependant, il y a quelque chose qui est bien spécifique aux comic-books américains : ce sont les événements qui s’étendent sur de nombreuses séries en même temps, ou qui monopolisent des personnages venus d’univers parfois très éloignés. Et à ce moment-là, vous avez des séries spécifiques qui sont publiées, avec parfois un très gros chamboulement éditorial.
C : tu veux dire un peu comme des épisodes crossovers de séries familiales des années 80 ?
X : eh bah oui, pas loin du tout ! En gros, eh bien d’un coup, des personnages qui d’habitude ne devraient pas être dans les mêmes planches se retrouvent d’un coup sur la même page et interagissent ! Et si cet aspect guest star existe depuis assez longtemps dans les comic-books, eh bien ce sont les années 80 qui ont vu naître ces événements éditoriaux aux ampleurs massives, s’étendant sur plusieurs mois, parfois plusieurs années.
C : d’accord je vois ! Et du coup qui a fait le premier gros event ? Marvel ou DC ?
X : comme sur de nombreux points dans l’industrie du comic-book, c’est Marvel qui a initié cette “mode”, entre guillemets, du crossover. C’est Marvel, sous l’impulsion de Stan Lee, qui déjà avait oeuvre à la création d’un univers cohérent avec des personnages, notamment des méchants, qui pouvaient potentiellement être opposés à plusieurs super-héros. Donc lorsque Secret Wars arrive en 1984, certes les gens sont étonnés, mais ce n’était qu’une évolution logique des choses.
C : Et en quoi ça consistait Secret Wars ? Parce que là je te vois venir avec tout ton jargon, mais tu m’auras pas comme ça Xavier, je te connais.
X : Dans Secret Wars, les gentils et les méchants de l’univers Marvel sont envoyés par un être cosmique surpuissant dans un monde appelé Battleworld où en gros tout le monde va se battre. C’est le premier événement de ce genre, mais au final, à part montrer pour la première fois le costume noir de Spider-Man, Secret Wars n’a pas eu de grande incidence durable dans les comics. En fait, il s’agissait surtout d’une opération marketing pour vendre des jouets licenciés par Marvel puis construits et vendus par Mattel, dont vous allez entendre une pub maintenant.
[ENDGAME]
C : ah mais….alors, je vais pas faire genre je suis déçu….mais c’est quand même un peu décevant comme histoire.
X : oui je suis d’accord. Et alors du coup, c’est DC qui va en premier proposer un événement éditorial qui changera radicalement sa ligne et sa manière de raconter des histoires. Car dès l’année suivante, la digne concurrence de Marvel lance pour ses 50 ans une histoire qui est pour le coup restée dans les annales comme assez radicale et même fondamentale : Crisis on Infinite Earth.
C : Crisis on infinite Earth ça veut dire crise sur les terres infinies, bonjour à toutes et à tous je m’appelle Nelson Monfort. Mais du coup tu dis que ça a vraiment changé des choses, c’est à dire ?
X : disons que DC avait quelques soucis avec plusieurs de ses personnages. La société, au fil du développement de son univers, avait fait disparaître certaines version de ses héros, en faisant apparaître d’autres, parfois en oubliant de rester cohérent. Ils ont, dans un premier temps, créé un multivers, un ensemble de terres parallèles avec leurs histoires à elles, pour rendre tout ça plus logique. Sauf que ça n’a pas vraiment marché, et il y avait de quoi rebuter les nouveaux lecteurs. Du coup, un des auteurs de DC a imaginé une sorte d’évènement cataclysmique qui a permis de planifier et réimaginer tout ça de manière durable. Et les incidences sur l’univers ont été très nombreuses et importantes.
C : donc ce que tu dis, c’est qu’il y a en gros deux types d’événements éditoriaux dans les comics-books, ceux faits pour l’argents et ceux faits pour l’histoire ?
X : Hormi Crisis on infinite earth qui était un pari de la part de DC Comics, qui ne savait pas trop si ça allait marcher, aujourd’hui ces événements ramènent assurément beaucoup de lecteurs. Les éditeurs font énormément de publicité autour de ces évènements, et ils multiplient les mini-histoires liées à la grande histoires dans les séries individuelles des héros .C’est ce que l’on appelle des “tie-in”. Le discours étant en gros : si vous voulez tout comprendre à l’histoire, il ne suffit pas d’acheter la série de l’évènement, mais aussi les fascicules de cette série dont vous vous moquez d’habitude”.
C : oui je m’en doutais un peu mais il y a donc quand même quelque chose de mercantile derrière tout ça.
X : ah ben bien évidemment, on parle de sociétés qui ont des objectifs économiques, bien sûr qu’elles font ça pour le profit. Mais cela dit, il y a tout de même eu des tas d’événements ambitieuses formellement et créativement. On peut citer le gant de l’infini, Civil War et War of Kings avec les guardien de la galaxie, chez Marvel. Chez DC, les années 2000 ont été prolifiques, avec Final Crisis et Blackest Night notamment. Mais sinon, eh bien il y a eu des tas de choses extrêmement mauvaises, comme la mort de superman ou la saga des clones de spider-man, que tout le monde voudrait vraiment oublier.
C : attends mais j’y pense, tout ça là, enfin cette logique de l’évènement….ça me fait penser….tu sais les films Marvel là…….dont Avengers Endgame, je sais pas si tu connais, mais c’est un peu ça non ?
X : Absolument ! c’est même à 100% ça. Infinity War et Endgame ont eté en eux-même des sortes d’événement éditoriaux ainsi que les chapitres conclusifs de l’événement éditorial plus large qu’étaient les quatre premières phases du MCU. Voyant le succès de cette stratégie, Warner Bros et DC Comics ont essayé de faire la même chose mais sans que ça convainc vraiment. Il semblerait que DC s’éloigne un peu de cette stratégie pour l’instant. Tandis que pour l’instant, Marvel n’a pas exactement préciser ce qu’il allait se passer dans le futur de ses films. Et personnellement, je ne me hasarderais à aucune théorie, mais je pense avoir évoqué pas mal de pistes intéressantes dans cette chronique.
C : Formidable. Bon eh bien je te laisse, je dois rattraper les heures de sommeil que tu m’as volé avec cette explication alambiquée. Ça s’appelle Crisis in mon Oreiller : War on Infinite Moutons tu connais ? *Baille*
X : Ça se paiera dans un prochain évent ça, Corentin.
Les « events » dans les comics : quand Harry Osborn rencontre Sally Floyd
Comment faire quand on est un éditeur de comics, qu’on veut vendre plus de titres et aussi qu’on veut faire le ménage dans ses licences ? La réponse est simple : on crée un « event ». Un quoi ? Un événement éditorial spécial dans lequel l’on va réunir plusieurs superhéros, et ils vont avoir une grande aventure, et… Bon, vous savez quoi, on a Xavier Eutrope avec nous, il vous expliquera ça bien mieux que moi.
0:00
8:41
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.