THOMAS : la figure du policier se retrouve dans toute la culture populaire, que ce soit dans la littérature, au cinéma, dans les séries télévisées, dans la musique, et bien évidemment dans les bandes dessinées ! Je pense notamment à 212 car j’ai 73 ans ! Et aujourd’hui, Xavier Eutrope vient nous parler des policiers dans les comics car il est monomaniaque il adore les comics ah ben justement il est là ! Salut Xavier !
XAVIER : Salut Thomas, c’est toujours agréable ! Bonjour à toutes et à tous ! Eh bien oui, le policier Thomas. Dans les films de super-héros, dans les comics, on le voit toujours arriver après le drame, parce qu’il est totalement incompétent et dépassé par les évènements. Parfois il blague avec le super-héros et le remercie, parfois il le traque parce que le justicier masqué représente un danger pour la ville.
T : oui c’est un peu un cliché j’ai l’impression, le super-héros incompris qui se fait poursuivre par la police parce qu’en fait, quand on y réfléchit, il enfreint un peu la loi quand même.
X : effectivement Thomas, on a pas mal eu ça dans les aventures de Batman et celles du Punisher. Mais aujourd’hui j’aimerais vous parler du policier, de la policière, en tant que personnage principal de l’intrigue.
T : ah c’est intéressant ça ! j’y avais jamais pensé !
X : En fait c’est la sortie de la nouvelle série Green Lantern, écrite par le scénariste écossais Grant Morrison qui m’a donné cette idée de chronique. Dès le premier numéro, il redéfinit toute la mythologie des green lantern. Mais si, vous savez, ces gens qui se baladent dans des justaucorps verts et qui ont des anneaux luminescents de la même couleur. Donc il redéfinit leur mythologie comme suite : en fait, c’est des flics de l’espace, ils ont des procédures, des rapports à faire, des règles à respecter, parfois ils peuvent être envoyés en infiltration dans les gangs… alors que jusque là, ils étaient plutôt traités comme des gardiens du bien, presque plus des militaires qu’autre chose. Pour l’instant ce n’est disponible qu’en VO et il n’y a pas encore de recueil.
T : Il y a de quoi être intrigué, quand on connaît un peu le travail de Grant Morrison, qui aime bien jouer avec les codes des genres qu’il aborde.
X : D’ailleurs je vous recommande aussi de lire, si vous réussissez à mettre la main dessus, de lire donc The Mystery Play, toujours de Grant Morrison, une enquête policière qui se déroule en Angleterre et où le détective doit non seulement résoudre un meurtre mais aussi le mystère qui se cache derrière la nature de dieu.
T : Wow rien que ça ! Ca a l’air très profond, ça fait réfléchir. Mais personnellement, quand on me dit histoire de policier je pense : “procédural”. Est-ce que c’est le cas dans la série green lantern ?
X : AH oui je vois ce que tu veux dire. Pour expliquer aux auditeurs, le procédural est un genre assez codifié. Vous voyez New York Police Judiciaire, Law and Order en anglais ? Mais si, la série avec ce générique
[GENERIQUE LAW AND ORDER]
Vous voyez ? Eh bah c’est ça un procédural. On suit l’enquête des policiers de A à Z, au fil des indices, on entre aperçoit leur vie privée...
T : ...généralement, au milieu d’un épisode, Ice-T explique telle ou telle pratique sexuelle marginale...
C : Exactement ! Et tout ça continue jusqu’à l’arrêt du coupable. On retrouve un peu de ça dans la série Green Lantern, mais il y a d’autres exemples. Pour moi, Top 10 d’Alan Moore est bien plus dans cette ambiance-là.
T : J’imagine qu’elle n’est pas trop sud-américaine, l’ambiance *rigole tout seul* Hmmm pardon, donc Top 10, qu’est-ce que c’est ?
X : C’est une série écrite par Alan Moore et dessinée par Gene Ha, publiée en 1999 et 2001. Elle présente la vie d’un commissariat dans une ville où tout le monde, je dis bien tout le monde, a des pouvoirs et des costumes de super-héros. Aussi bien les citoyens ordinaires, les criminels que les policiers. Là on a vraiment beaucoup de codes du procedural, avec le crime, les embrouilles entre collègues, entre services, mais avec les codes super-héroïque et toutes les complexités qui vont avec. C’est vraiment très cool et disponible en français chez Urban Comics.
T : Mais il y a pas de choses plus terre à terre, avec moins de pouvoirs, et plus de policiers dépassés par les évènements et embêtés par leur hiérarchie ?
X : Si ! Tout à fait ! Par exemple dans Powers, Brian Michael Bendis et Michael Avon Oeming racontent les aventures de deux policiers qui enquêtent sur des affaire impliquant des super-héros. Dans le même genre, il y a Gotham Central chez DC Comics, où, pareil, des policiers sont confrontés aux crimes des ennemis de Batman. Dans ce cas-là, c’est très intéressant car cela permet de voir l’envers du décor, loin des actions d’éclat de la chauve souris. Et dans les deux cas, il y a une forte influence du roman noir, des personnages que l’on pourrait qualifier de “hardboiled”, un genre littéraire avec des détectives pas nécessairement ultra positifs qui se battent tant bien que mal contre des méchants. Si Powers est, il me semble, quasi introuvable en français sauf peut-être en occasion, Gotham Central est dispo chez Urban.
T : Je me rends compte que là on parle beaucoup d’équipes de policiers, et pas trop de personnages de policiers qui auraient le rôle titre !
X : et pourtant il y a des tas d’exemples ! Il y a des personnages comme “Axe Cop”, qui manie la hache et chevauche un t-rex, ou encore “savage dragon”, une sorte de dragon antropomorphe donc, un personnage culte d’image comics. Mais celui que je préfère dans ce genre-là, c’est assurément Judge Dredd. Héros de sa propre série publiée depuis 1977, il évolue dans un monde post-apocalyptique, où l’espèce humaine s’est réfugiée dans des grande mégalopoles séparées par des déserts nucléaires. Judge Dredd est à la fois juge, jury et bourreau. A travers lui, les auteurs qui se sont emparés du personnage ont pu traiter de nombreux sujets, de la violence policière, de l’évolution des politiques réactionnaires, du contrôle de la population, de l’absurdité de la guerre, etc.
T : des sujets pas forcément abordés par les séries dont tu as parlé au dessus.
X : non, effectivement, même si elles sont très bien ! Si vous voulez lire Judge Dredd, les plus vieilles histoires sont trouvables en Français chez Delirium ! Enfin voilà, avec tout ça, vous avez de boire et à manger en terme de fiction avec des policières et des policiers, et encore, il y aurait beaucoup de choses à dire !
T : Garde-z-en sous le coude pour le jour où la nouvelle série Green Lantern dont tu as parlé en début de chronique sortira en France, on t’accueillera bien volontiers pour nous en reparler. A bientôt Xavier !
Les policiers dans les comics : superhéros, mais avant tout gardiens de la paix
Dans le monde de la bande dessinée, la figure du policier est généralement tournée en ridicule ou reléguée au rang de personnage secondaire. Mais à l’occasion de la refonte de la série « Green Lantern » par Grant Morrison, Xavier Eutrope nous propose une liste de comics qui mettent en scène des flics au premier plan, qu’ils soient dotés ou non de pouvoirs.
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