Corentin : Depuis une grosse dizaine d’années, on bouffe du superhéros à toutes les sauces, au cinéma bien sûr, mais aussi en série télé, en jeu vidéo, et évidemment en BD. Et comme il commence à saturer un peu, Thomas, du magazine Zoo, vient nous parler d’une BD qui permet de faire la transition en douceur pour se désintoxiquer des gens en costume moulant qui sauvent le monde.
Thomas : Salut Corentin. Aujourd’hui, je viens vous parler de The Wicked + The Divine, ou WicDiv pour les intimes, BD débutée en 2014 par Kieron Gillen au scénario et Jamie McKelvie au dessin. Ce duo britannique n’en est pas à sa première collaboration, puisqu’ils ont déjà bossé ensemble sur le très chouette Phonogram ou des séries Marvel comme Young Avengers ou Siege. La BD est publiée originellement chez Image Comics ; en France, c’est Glénat qui se charge de la traduction et de l’édition.
Corentin : Et donc, de quoi ça parle, The Wicked + The Divine ?
Thomas : L’action commence en 2014, à Londres. On commence l’intrigue en suivant Laura, une adolescente qui idolâtre une poignée de pop stars connues collectivement sous le nom de Panthéon. Ces stars sont en réalité l’incarnation de douze divinités ou entités mythologiques classiques. On a Amaterasu, déesse japonaise du soleil, Baal, dieu levantin de la fertilité, Minerve, déesse romaine de la sagesse, etc…
[01 - Ame-no-Uzume.mp3]
Je ne pouvais pas passer à côté d’une référence à Amaterasu sans passer un extrait de Ame-no-Uzume, une chanson d’un de mes groupes préférés, Wednesday Campanella, qui parle de cette déesse.
Corentin : C’est très bien ta vie, Thomas, mais ton histoire de Wicked and Divine, pour l’instant, c’est pas super clair. C’est quoi ces trucs de divinités réincarnées.
Thomas : En fait, dans l’univers de WicDiv, tous les 90 ans, douze divinités reviennent sur terre en prenant possession du corps de jeunes gens. A partir de cette possession, il ne leur reste plus que 2 ans maximum à vivre. Et durant ces deux années, ils et elles seront adulés, détestés et talentueux, et entreront en possession de superpouvoirs. L’occurrence du Panthéon des années 1920 reprenait la thématique du cinéma muet et du jazz. Celle des années 1830 s’inspirait des grand auteurs romantiques de l’ère victorienne. Pour notre époque très contemporaine, les divinités sont devenues des pop stars, avec des attributs rappelant Rihanna, Kanye West, David Bowie, les Daft Punk ou Prince.
Corentin : Et du coup, que font ces divinités ?
Thomas : Au début pas grand chose. Des trucs de divinités qui chantent quoi : elles font des concerts, elles prennent de la drogue et font l’amour à plein de gens. Sauf qu’à un moment, Lucifer est accusée de meurtre. Et avant même d’avoir pu être jugée, elle est assassinée (oui, dans cette occurrence, Lucifer est une femme). Laura, la jeune femme dont je parlais au début, va se mettre à enquêter sur cet assassinat hors du commun, d’autant plus que d’autres membres du Panthéon semblent être la cible d’attaques similaires. Surtout, son attention va se concentrer sur Ananke, une entité représentée sous les traits d’une vieille femme, qui déclare être la guide du Panthéon depuis qu’il existe (donc depuis plusieurs millénaires).
Je peux pas en révéler trop davantage sur l’intrigue, au risque de gâcher la lecture aux auditeurs, mais sachez que de volume en volume, on accumule les cliffhangers haletants.
Corentin : Bon, si tu peux pas nous révéler l’intrigue, tu peux au moins nous donner les points forts de cette BD selon toi.
Thomas : Ah ben ils sont nombreux, à commencer par le scénario, justement. Pour ceux qui en doutaient, Kieron Gillen est un très bon raconteur d’histoires avec, comme dit plus tôt, moult rebondissements plus ou moins réjouissants.
BD bien dans son temps, The Wicked + The Divine n’interroge pas seulement notre rapport à la célébrité, mais abordent également les questions de sexualités et de genre sans être pesant, avec un casting divers et varié rafraîchissant.
Côté dessin, le trait de Jamie McKelvie évolue légèrement au fil des parutions, mais reste clair, précis et expressif. La mise en couleurs par Matthew Wilson ajoute également pas mal de relief.
Corentin : Mais c’est vrai que l’adaptation de différentes mythologie dans des œuvres de culture pop, c’est pas non plus une révolution Thomas.
Thomas : Oui, il est vrai que ça n’est pas la première fois que des divinités passées sont ramenées dans un univers contemporain. Alan Moore l’a fait à de multiples reprises dans Promethea, Top 10 ou From Hell, et évidemment, Neil Gaiman l’a largement abordé dans American Gods. Cependant, l’interprétation et les partis pris du duo Gillen/McKelvie est assez nouvelle et donc intéressante.
Enfin, l’univers de WicDiv dépasse les simples pages de la BD. Gillen et McKelvie ont également fait appel à d’autres auteurs pour créer de vraies fausses critiques et interviews des membres du Panthéon, et des chapitres spéciaux se concentrent sur certaines des occurrences passées du Panthéon. Pour l’instant, ces pages sont inédites en français, mais qui sait, peut-être nous parviendront-elles un jour…
Corentin : D’ici là, sachez que The Wicked + The Divine, de Kieron Gillen et Jamie McKelvie est actuellement publié chez Glénat. Le volume 4 de la BD sort le 2 mai et coûte 17€50. Merci et à bientôt, Thomas !
Thomas : A bientôt !
« The Wicked + The Divine » : on ne fait pas de vedettes sans casser des dieux
Quand on parle de superhéros, on pense immédiatement aux grands classiques, moulés dans leurs vêtements en lycra. Thomas Hajdukowicz va nous présenter une alternative avec « The Wicked + The Divine », qui mélange avec brio superpouvoirs, show business et mythologie.
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