B : SALUT LES LOULOUS ? VOUS CHERCHEZ LE COOL ? IL EST SUR LES CROISSANTS. AUJOURD’HUI JE VAIS VOUS APPRENDRE A FAIRE QUELQUES GRINDS ET OLLIES ! ALORS ALLUMEZ VOTRE MAGNETOSCOPE !
C : Vous êtes toujours sur les Croissants, soudainement revenu dans les années 90… enfin, les années 90 fantasmées par les adultes qui ont vécu les années 90. Tu vas te lancer dans un one-man show pour nous parler de trucs que seuls les enfants des années 90 vont comprendre Benjamin ?
B : Oui un truc que Jonah Hill a manifestement compris, ou du moins sa propre version de la chose. C’est le film 90’s, nommé Mid90’s en anglais, ce n’est pas tout à fait la même chose… et on se téléporte dans le Los Angeles des années 90, vous l’aurez compris.
[EXTRAIT BA 1]
B : Avant toute chose, un petit retour sur Jonah Hill, dont c’est le premier film en tant que scénariste et réalisateur. Vous aurez probablement envie de le confondre avec Judd Apatow, ou Seth Rogen. Il a joué pour le premier dans Supergrave, et le second a très vaguement le même physique et on peut parfois les voir dans les mêmes films - les fameuses comédies américaines à la Judd Apatow, qui a donné moult copieurs. Ces films ce sont SuperGrave, ou 40 ans toujours puceau, vous voyez le genre. A l’époque, c’était incisif, là c’est juste daté et un peu vulgos. Mais Judd Apatow a su évoluer avec son temps : dans les années 2010, il a effectué un revirement dramatique avec des rôles dans des métrages plus genrés comme Le Stratège, Django Unchained, Ave Cesar ou le dernier Gus Van Sant. Et ça y est, c’est la consécration, en 2018 sort le premier film.
C : Et c’est, évidemment, autobiographique.
B : Donc. La vie n’est pas facile, pour Stevie, 13 ans, qui en fait plus 11 et des poussières. Maman seule et désoeuvrée, grand frère de 18 ans dingo et violent, incarné par Lucas Hedge. Il est partout ces temps-ci. Stevie tombe sur une boutique de skates où glandent une bande de 4 dudes, de 4 bros si tu préfères, bref 4 jeunes de 14 à 17 ans. Je pense qu’ils ont 150 de QI à quatre, et ils s’expriment surtout en « fuck », « dude », « shit » et « dope ». Mais Stevie va commencer à traîner avec eux, et va pouvoir s’échapper un tout petit peu de son quotidien. Mais est-ce bien ceci… (air mystérieux) la véritable liberté ? En tout cas, il va se faire des amis chelous et enfin prendre l’ascendant sur son frère.
C : Mais ce ne sera pas sans quelques sacrifices pour son développement.
B : Stevie va se faire des potes, mais pas ce que n’importe quel parent appellerait « des potes recommandables ». Des p’tits voyous. A 13 ans, il va commencer à fumer du tabac, puis de l’herbe, puis boire de l’alcool, etc. Et je vous laisse voir comment ce film assez court se termine. Et comme souvent, ce petit voyage d’apprentissage va durer le temps d’un été.
Sa manière de commencer, en revanche, est édifiante. C’est en 4:3, pellicule au gros grain, et on nous inonde de références 90’s, le tout sur un Score de Trent Reznor et Atticus Finch. Si j’ai bien fait attention, je crois qu’ils ont rendu UN morceau.
C : C’est un film où on ne trouve pas les excès des films où Jonah Hill était lui-même acteur.
B : Tout est très sage dans Mid90’s, plus précisément tout est en retenue. Le film, dans son ensemble, préfère faire entendre que montrer. Mais vous connaissez la chanson sur ce type de film qui commence à s’installer dans Les Croissants : ici la violence est familiale, mais aussi sociétale, systémique. Il y a de grosses colères dans ce film. Des colères noires très réalistes où ça hurle en répétant. Parce que comme le fait remarquer l’un des personnages, Stevie est un gosse qui prend beaucoup trop sur lui. Et quand il fait quelque chose de mal, il se punit de lui-même juste après. D’où un comportement doloriste de plus en plus inquiétant.
[BANDE ANNONCE 2]
B : Dans tout ça, le skate est une métaphore assez prescriptive, vous les comprendrez par vous-mêmes. Et dans ce film, tout est moche. Mais une mocheté précieuse, maîtrisée. Dans ces gros plans inconvenants ou dans ces dialogues soigneusement pauvres. Il y a une petite licence artistique dans ce film, c’est même un peu étonnant qu’elle soit un peu précieuse pour le premier film de Jonah Hill.
C : Bla bla bla, vous connaissez tous la chanson, est-ce que 90’s est recommandé par les Croissants ?
B : J’ai un sentiment ambivalent sur ce genre de film, toujours produits par A24. D’ailleurs le prochain c’est Midsommer, le prochain film d’Ari Aster, cet été. Nineties est un peu ambivalent. Soit vous êtes touchés par le coté capsule temporelle, sa préciosité, ses thématiques… et un film qui dépasse à peine une heure 20, ça peut vous plaire. Par contre il a un aspect un peu algorithmique du « bon film bien Sundance » un peu calibré et énervant, je doute que ce soit l’intention.
[NAAST - Mauvais garçon]
B : (Philippe Manoeuvre qui parle des Baby Boomers) Ah, et accessoirement, je ne suis pas sorti de chez moi pour voir ce film parce que j’étais malade comme un chien… et ça ne serait pas possible si ce genre de film indé sortait six mois après sa diffusion originale, je vous laisse tirer les conclusions qui s’imposent. Et pour la destruction de la cellule familiale, je vous recommande Wildlife, le premier film de Paul Dano.
C : Ok ! On va espérer qu’A24 n’écoutait pas cette chronique. Merci Benjamin pour cette critique, et restez des cool kids.
B : Oueche ! Prenez pas de drogues, faites comme moi ! Je suis cool comme un chroniqueur des Croissants !
« 90’s » : en skate de liberté
C’est dans une nostalgie poisseuse et crépusculaire que nous emmène Jonah Hill dans son premier film, « 90’s » ! Le métrage narre les aventures du jeune Stevie et de ses mauvaises fréquentations avec une patte bien particulière, comme nous le dira Benjamin Benoit.
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