Corentin : Allumez un cierge ou deux, parce qu’aujourd’hui, nous sommes sur le début d’un petit miracle ! Benjamin Benoit a vu une comédie française potable ! Salut Benjamin !
Benjamin : Hosannah Corentin ! Effectivement, je suis à deux doigts d’être enthousiaste sur un film de comédie française, A DEUX DOIGTS. Faut dire qu’on sort d’une année particulièrement peu flatteuse pour le genre. Il m’est difficile d’avoir un mot doux envers tout ce qui a impliqué Christian Clavier ou la Bande à Fifi. D’ailleurs, on approche des Tuche 3 et attention, je sors ma boule de cristal : ce film sera le meilleure box office pour un film français en france. Du côté d’Ami-Ami, ça ne part pas très bien. C’est une comédie romantique. UNE ROM-COM.
C : Tu as un problème avec les romcom ? Moi j’adore les romcom.
B : Je serais moins fâché avec le genre si elles n’avaient pas toutes le même scénario, tu vois. Le film est sorti le 17 janvier et est réalisé par Victor Saint-Macary.
[EXTRAIT BANDE-ANNONCE]
Le scénario est plutôt basique. On est à Paris, entre quasi-trentenaires, coincés entre le travail et le rythme de vie étudiant. Un mec de 27 ans vient de se faire larguer après une relation de longue durée. Il est pris sous l’aile de sa bonne copine, à l’écoute mais un peu envahissante, qui lui propose de prendre un appartement sous le même toit pour se changer les idées. Il se jure de ne jamais retomber amoureux, et environ deux jours plus tard il recommence un relation avec une nouvelle inconnue. Mais il veut préserver sa bonne amie possessive, du coup c’est comme s’il trompait les deux avec l’autre ! Et ohlala, c’est le rire, c’est le quiproquo, c’est un marivaudage. Donc ça commence mal : le scénario est un peu bidon et rien que le pitch est déjà lassant.
C : Mais tu as parlé d’un film acceptable, ça veut donc dire qu’il va un peu au-delà de ce postulat.
B : Oui parce qu’il veut rien dire ce concept. Je ne vois pas du tout la nécessité du mensonge dans toutes les parties impliquées, tout ça est flou et artificiel mais passons. Ami Ami est surtout porté par un quatuor d’acteurs méconnus, donc frais. William Lebghil (déjà vu dans Le Sens de la Fete), Margot Bancilhon, Camille Razat, et Jonathan Cohen qui, comme par exemple dans Coexister, explose l’écran de charisme.
Ces nouveaux visages donnent une bonne vivacité à l’ensemble. William Lebghil a le profil parfait : léger, un poil médiocre, plus vif qu’il ne pense l’être, un peu émouvant, il porte la comédie à coup d’impros marrantes. En parlant d’improvisation, le film a un caméo hilarant et au timing parfait, qui apparaît le temps d’un monologue légendaire.
Points bonus pour la bande-son, composée de groupes français assez frais, dont La Femme, par exemple. L’un des quelques éléments qui prouve qu’Ami-Ami a plutot bien compris l’époque dans laquelle il évoluait.
C : Est-ce qu’on peut dire que ça caractérise tout le film ?
B : Héééé bien oui, en tout cas en termes de cinématographie, c’est moins plan-plan que ça en a l’air. Victor Saint-Macary arrive pas mal à capter ce cliché omniprésent de photo qui reste somme toutes cool. Enfin, quand je dis “omniprésent” ça sonne un peu comme « depuis fin 2011 avec Drive » : je parle des fameuses COULEURS POP. C’est pas facile de filmer un appartement parisien, lieu banal et vu mille fois. On ne va pas au cinéma pour retrouver le quotidien. Là, il est sublimé, coloré, et sera lieu d’une bagarre dantesque qui implique un incendie et un frigidaire. Je veux pas comparer Ami-Ami à Terrence Mallick mais le film dépasse un peu le carcan de son propre genre.
Bon par contre à un moment y’a une scène de drague un peu bizarre, je doute très fort qu’elle marche dans la vraie vie.
[EXTRAIT BANDE-ANNONCE 2]
C : Et maintenant, la question qui tue : est-ce que Ami-Ami est drôle ?
B : OUI. Ce film est drôle. Un peu plus grâce aux acteurs et à leurs moments de bravoure qu’au script, mais les éclats seront au rendez-vous. L’humour est gentiment cru, vous allez avoir votre quota de gens tout nus au cinéma. MALGRÉ des clichés qui persistent : le mensonge par omission qui persiste, ce qui entraîne l’habituelle scène de révélation du mensonge. L’éternelle scène de prise de drogue davantage là pour dynamiter la réalisation que pour faire évoluer le scénario. Entre deux, des bonnes saillies, un peu de drame sorti de nulle part et qui ne débouchera à rien, et quelques bons sentiments pas trop forcés.
C : Question rituelle : Ami-Ami est-il recommandé par les Croissants ?
B : Écoute, en attendant notre système de notation officiel, je vais dire que ça va. Vous avez mon feu vert pour de la comédie française, donc il y a tout de même quelque chose ! Équilibré, très court, et assez marrant. Dans la presse cinéma, on dit « enlevé », alors c’est validé pour « enlevé ! » Je vois pas comment vous pourriez passer un mauvais moment avec Ami-Ami. Et je suis content que la chronique soit finie parce que j’en peux plus de ce titre.
C : Copain-Copain, c’est donc un film de Victor Saint-Macary, en salles depuis le 17 janvier et Benjamin est vaguement enthousiaste alors foncez avant qu’il ne change d’avis. À la prochaine Benjamin.
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