C: Salut Patrick, je crois savoir que tu as bien aimé Creed 2 au cinéma. Pour resituer un peu, on va rappeler qu’il s’agit donc de la suite de Creed 1, le spin-off canonique de la saga Rocky initiée en 1976 avec Sylvester Stallone. C’est bien ça ?
P: Tout à fait Corentin ! Creed 2 commence quelques temps après la fin du précédent film. On voit Adonis Creed remporter enfin le titre de champion du monde, une victoire un peu facile, sans éclat qui va rapidement lui être disputé par Viktor Drago. Alors là, attention, c’est du très lourd car il s’agit du fils de Ivan Drago, le boxeur soviétique qui avait tué son père Apollo Creed sur le ring en 1985. Avant que Balboa ne parte en Russie lui régler son compte.
C: Dans Rocky V, c’est ça ? (rire narquois)
P: Non, voyons, Rocky IV ! Conspué depuis 30 ans, Ivan Drago vit dans la misère et fomente sa vengeance en entraînant son fils à la dure . Ni une ni deux, à peine Creed a-t-il ramené la médaille à la maison que les Drago débarquent à Philadelphie pour le défier. Ca va chauffer.
C: tiens-tiens, quel hasard !
P: Sur de lui, ivre de vengeance, Creed n’écoute pas les conseils de Balboa et accepte le match contre la montagne de muscles venue d’Ukraine. C’est évidemment un carnage sur le ring et Adonis en ressort en miettes tant physiquement que psychologiquement. En renouant avec son mentor, il va devoir apprendre à lutter contre ses démons pour avoir une chance de mettre une tané à cet adversaire. Comme son illustre paternel, celui-ci a des faux-airs de machine à tuer.
[SON BANDE ANNONCE]
C: Non, mais attend là. C’est pas un peu le scénario de Rocky III là avec Mister T qui venait défier Rocky ? C’est un peu gros non ?
P: Oui, on retrouve clairement le canevas scénaristique de Rocky III avec un champion qui vascille sous les coups et les doutes qui vont l’amener à se remettre en question. Mais la vraie particularité de Creed 2, c’est d’être à la fois une suite directe au Creed de 2016 mais aussi à Rocky IV, le film de... de?
C: 1987 !
P: Non, 1985, faut suivre Corentin.
C’est d’ailleurs le fil rouge ici. On suit en parallèle l’histoire de Creed qui a une petite fille, et de Drago père et fils qui ne pensent qu’à laver l’affront de 1985. C’est la figure du père qui domine, que ce soit le fantôme de Apollo Creed qui hante les esprits, Balboa qui est plus à l’aise à entraîner Creed qu’à parler à son fils et bien sûr Viktor Drago qui cherche avant tout à se faire remarquer par un paternel glaçant. On parvient à comprendre les motivations de chacun. Et en ça, on est loin de Rocky 3 et 4 avec leurs adversaires monolithiques.
[Tube issu de la BO culte de rocky 4]
C: Allez Patrick, ne fais pas semblant, je sais que tu es un inconditionnel de Rocky IV! Accessoirement considéré régulièrement comme le plus mauvais de la série, non ? (rires)
P: Oui, j’adore Rocky IV car c’est pour moi l’un des films les plus marqués années 80 qui soient. Cette vision archétypale de la Russie, cette réalisation MTV ponctuée de clips, cette mort d’Apollo déchirante et ce combat dantesque en Russie contre un adversaire à la Terminator… C’est le plus grand succès populaire de la saga.
C: C’est vrai que Dolph Lundgren était impressionnant à l’époque. Dommage qu’il n’a pas fait grand chose de on après…
P: Il a quand même été un grand Punisher en 1990 et Musclor dans les Maîtres de l’Univers! Dans les films Rocky suivants, il n’avait jamais été fait mention du devenir d’Ivan Drago après ces événements, alors qu’on parle quand même d’un des méchants les plus marquants des années 80. Il a beau enchaîner sans vergogne les films de série B depuis des années, là Lundgren redevient immédiatement cet antagoniste ultra charismatique. Le rapport torturé qui le lie à son fils est assez poignant et leur chemin douloureux vers la rédemption file des frissons. C’est d’ailleurs assez révélateur que les premiers plans du film soient braqués sur eux. Pour moi, ils volent littéralement la vedette dans Creed 2.
C: En 2016, Ryan Coogler avait créé la surprise avec Creed. Il est de retour aux manette là ?
P: Non, car il était parti travailler sur un petit film indépendant. Un certain Black Panther chez Marvel avec également l’acteur Michael B Jordan, je ne sais pas si tu connais ? C’est Steven Capple Jr qui a réalisé Creed 2, il est lui aussi un jeune réalisateur issu de la scène américaine indépendante pour qui un tel projet doit faire figure d’épreuve du feu. Il s’en sort avec les honneurs, d’autant qu’il a pris la fauteuil de réalisateur suite au désistement de Stallone qui s’est donc contenté de travailler sur le scénario. Et d’interpréter Rocky hein, lui qui est plus âgé que son entraîneur Mickey dans le premier film.
C: A t’entendre, on tient le film de l’année c’est ça ?
P: Pour moi, oui ! Tout n’est pas parfait et ce classicisme dans la composition scénaristique en a agacé plus d’un à la sortie. A mon avis, il aurait fallu plus de scènes entre Drago père et fils et surtout avoir une rencontre plus fouillée entre Balboa et le meurtrier d’Apollo Creed. On a bien une scène assez culte de dialogue entre les deux dans le resto de Rocky mais c’est trop vite expédié alors que ces deux personnages-là réunis à l’écran, c’est assez vertigineux plusieurs décennies après.
C: On est là pour parler de l’édition Blu-ray. Cela donne quoi ?
P: Côté suppléments on profite de quelques documentaires. L’un, présenté par Dolph Lundgren, revient sur les principaux personnages de la saga. Un autre se penche sur le casting réussi de Viktor Drago, incarné par le “vrai” boxeur allemand Florian Munteanu. On retient surtout les scènes coupées. L’une est saisissante alors que Balboa se rend aux funérailles de Spider Rico, le premier adversaire vu au début du premier Rocky. Autant dire que la boucle est bouclée. Chapeau bas à Stallone, qui rappelle ici qu’il est aussi un très grand acteur. L’autre scène se passe après le combat, Lundgren et Stallone s’échangent un regard qui en dit long. La rédemption de Drago est entérinée. Et nous, on rêve déjà à un nouveau spin-off leur étant consacré. Carton rouge en revanche pour l’absence d’une scène tournée à l’hôpital qui voyait Balboa et Lundgren en venir aux mains. Un “oubli” qui a fait grincer les dents des fans qui se consolent via Youtube.
C : Merci Patrick, bon en gros si vous êtes un inconditionnel de la saga Rocky avec un faible pour le 4ème opus, ce film est fait pour vous. Creed 2 vient de sortir chez Warner Bros en Blu-ray, DVD vidéo et VOD. Merci Patrick. On se revoit sur le ring !
« Creed 2 » : Lords of the ring
« Creed 2 » vient de paraître en DVD et Blu-ray. C’est film important pour les nostalgiques des années 1980, puisque Sylvester Stallone y apparaît pour la dernière fois dans le rôle de Rocky, et qu’il consacre le retour en force de Ivan Drago, le géant russe de « Rocky IV ». Autant dire que c’est plein d’émotion que Patrick Hellio vient nous en parler et de ce que propose cette édition vidéo.
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