Funan : Holiday in Cambodia (105 - 07/03/2019)
DEBUT SPOT ANNECY jusqu’à des festivaux
Vous en connaissez beaucoup des festivals où l’on pédale entre deux séances ? En vélo sur le tarmac, en pédalo sur le lac, cherchez pas, y’en a pas, y’en a qu’un France, et qu’est-ce qu’il se passe là j’ai un flashback sauvage. Ca c’était il y a pas loin de deux ans et le prochain festival est encore dans trois mois. Qu’est-ce qui vient de se passer ? C’est quoi le sujet du jour ?
Je regarde ma fiche… aujourd’hui c’est le film d’animation Funan, de Denis Do.
Tout s’explique. Funan est vainqueur du prix ultime pour les longs-métrage du Festival d’Annecy évoqué précédemment, dans l’édition 2018. Une édition où la compétition officielle c’était guerre civile partout, justice nulle part. Another Day In Life pour la corne de l’afrique, ou Parvana et sa petiteuh fille afghaaaane. Et dès sa diffusion, Funan sentait très bon pour le palmarès - Il a été récompensé par un jury composé d’Émily Loizeau, du réalisateur brésilien Alê Abreu et du journaliste Dan Sarto. Chaque projection a été suivie d’une longue standing ovation, et le film a immédiatement recueilli les faveurs de Bonlieu, salle principale du festival. Alors pour les Croissants je vous propose une grosse cascade puisque c’est un film que j’ai vu il y a huit mois, lors de la quatrième séance d’une journée où j’étais mort de fatigue dès la deuxième. Alors laisse-moi me concentrer… Funan c’est l’histoire d’un docteur fou mais un peu enthousiaste qui invite des gens sur son île du Costa Rica, où il a réussi à cloner des dinosaures.
Alors tu es remonté un peu trop loin, j’en ai peur.
Oups. Non, Funan est un film d’animation sur l’invasion du Cambdoge par les Khmers rouges.
BANDE ANNONCE
C’est le premier film de Denis Do, il est jeune, il est né en 1985. Et je me sens obligé de faire ce rappel un peu neuneu mais hélas encore salutaire : Funan est un film d’animation mais ça ne le rend pas du tout compatible aux enfants. Guerre civile oblige, le métrage est morbide, violent et sanglant et c’est aussi de l’autofiction puisque Funan est la collection de souvenirs rapportées de la mère du réalisateur Denis Do. Le scénario est très simple sur le papier : on nous montre la dictature des Khmer Rouges par le prisme d’une famille qui sera de plus en plus éclatée par les évènements, sur trois générations - des aînés au gamin de 4 ans.
Pour resituer, on est donc du côté de Phnom-Pehn, en 1975.
Funan raconte un traumatisme historique majeur pour les cambodgiens, via une cellule familiale qui sera contrainte au déplacement, à l’exil, aux travaux forcés et en général à l’injustice de la situation, sacrifiée sur l’autel du fanatisme pour le Parti communiste. Le contenu, du film, n’est pas très surprenant - un récit encapsulé, avec l’éclatement, des personnages qui sont séparés, qui se retrouvent, des connaissances qui basculent de l’autre côté, de la rédemption, des balles, des camps de travail et un tout petit peu d’onirisme pour essayer d’échapper à tout ça, notamment de nuit. Et je dis tout petit peu car Funan est un film assez froid et prescriptif qui suggère les choses, qui ne se cache pas derrière son petit doigt ou des métaphores. Le film ne montre pas frontalement les horreurs et tortures qui y sont représentés, mais ça ne veut pas du tout dire qu’on ne les voit pas pour autant.
Il faut dire que le fait historique, vous ne le découvrirez sûrement pas là - vous l’avez peut-être lu dans la BD Lefranc ou le film Le Temps des aveux, avec Raphael Personaez, lui aussi aussi Belgo-Cambodgien.
Quelles seraient les aspérités du film Funan ?
Son côté personnel est l’un de ses plus grands atouts. Il est évident que Funan est un film fortement documenté, pas seulement par la transmission orale mais aussi par des voyages et une connaissance intestine du sujet. Et ce n’est pas parce que la structure est classique qu’elle ne marche pas. Funan c’est avant tout une descente vers le dénuement. Les personnages se font de plus en plus voler leurs possessions, se croisent, se perdent de vue et se retrouveront, peut-être, bien longtemps après. Le film rappelle d’ailleurs les oeuvres majeures de Don Bluth, malheureusement avec une dimension témoignage.
EXTRAIT D’INTERVIEW FUNAN
Et on y trouve moult beaux plans, souvent très horizontaux, qui découpent l’écran en deux et qui rappellent que malgré ce conflit, ces horreurs que l’homme impose à l’homme et les épreuves traversées par cette famille, eh bien, on est bien peu de choses. Funan est un film qui fait très bien ce qu’il ambitionne.
Le temps est écoulé ! Est-ce que Funan est recommandé par les Croissants ?
J’aimerais juste être un tout petit peu plus enthousiaste sur le sujet, parce que Funan conte une histoire pas inédite, sur laquelle d’autres se sont essayés avec brio, et le Cambodge envahi est lui aussi quelque chose qui a été vu et revu sur de nombreux médiums. Ce serait quand même injuste de reprocher à Funan de ne pas être original, mais vous voyez ce que je veux dire : vous avez déjà un peu deviné tout le film. Cependant, ça n’obère en rien les vertus de ce film d’animation belge que je vous recommande. Puis c’est le Crystal d’animation de l’année, boudiousse.
Très bien ! Eh bien merci Benjamin, et à la prochaine.
Le saviez-vous ? Je sais dire deux mots en khmer : étoile et merci. Alors orkun à toi Corentin et orkun à tous.
« Funan » : les horreurs de la Khmer patrie
Le sujet historique des Khmers rouges a été traité dans de nombreuses œuvres, notamment au cinéma et dans la bande dessinée. Dans le cas de « Funan » qui vient de sortir, il s’agit d’un film d’animation, mais ce long métrage n’en reste pas moins poignant. Il a d’ailleurs remporté le prestigieux Cristal d’Annecy en 2018. Benjamin Benoit qui l’a vu à cette occasion nous en parle.
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