Corentin : Tous aux abris, Jean Dujardin est de retour ! Le 14 février est sorti Le Retour Du Héros, un film de Laurent Tirard. Il raconte l’hilarant vaudeville d’un triangle amoureux en pleine ère Napoeolienne. Et comme Benjamin Benoit ADORE les comédies françaises, on lui a demandé de le voir et de nous en parler. Salut Benjamin !
Benjamin : Oui euuuuh bon modérément quoi, on va dire. Salut Corentin, et effectivement j’ai accepté de tenter le nouveau film du réalisateur du Petit Nicolas, d’Asterix et Obelix au service de sa majesté et d’Un Homme A La Hauteur, c’est dire si mes attentes étaient dantesques !
C : Ne forçons pas sur l’ironie de sitôt ! Parlons plutot de Jean Dujardin. Il a récemment annoncé quelque chose qui a fait plaisir à tout le monde...
B : Absolument. Ca s’est passé sur le plateau de Quotidien, où il a confirmé ce que toute LA FRANCE attendait. En tout cas celle qui a vu OSS 117 un et deux. Un troisième volet est dans les tuyaux, le tournage est prévu pour début 2019. Cependant, Michel Hazanavicius a laissé entendre qu’il ne serait pas sur le projet. Il y a donc un peu de mystère sur ce fait… mais si ce n’est aps le cas, cela peut inquiéter. Les deux autres films, qu’il a réalisé, sont particulièrement léchés sur le fond comme sur la forme. J’en fais mention puisque les deux OSS incarnent encore la barre à dépasser en termes de comédie française. Et ils sont sortis en 2006 et 2009… Ce qui nous ramène au Retour Du Héros pour une nouvelle tentative. Réponse dans une quinzaine de secondes.
{Extrait bande-annonce 1}
C : Alors ? Le Retour Du Héros est-il le sauveur de la comédie française ?
B : NON ! C’est potable, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. Une fois de plus on part très mal puisqu’on n’échappe à ce fichu cliché qui semble démarrer tout le genre : le mensonge originel ! Celui qui fait démarrer le scénario ! Nous sommes au début du 19è siècle, la France, que dis-je l’EMPIRE est en guerre ! Le valeureux capitaine Neuville est appelé au front. Seulement voilà, c’est un sacré goujat ! Il venait de demander la main de la noble Pauline, s’est éclipsé et n’a plus jamais donné de nouvelles, laissant l’amoureuse dépérir. La sœur de Pauline, Elisabeth, va prendre la situation en main et va incarner le rôle du capitaine dans une relation épistolaire – donc par lettres interposées - factice. Sa sœur ira mieux, mais à un moment, il faudra bien arrêter ce petit manège, elle le fait donc mourir virtuellement. Pas de bol, il reviendra quelques années plus tard. Puant, en loques, et déserteur !
C : Démarre alors ce que tu adores ! Une embrouille !
B : Construite sur un mensonge, par définition, comme le théâtre d’époque et ses quiproquos. Lui revient dans la vie de cette riche famille pour arnaquer son monde et vivoter sans rien faire, et Elisabeth (Mélanie Laurent) fulmine à l’idée de voir cet imposteur s’imposer dans sa vie et dans son monde. Le film est une joute permanente entre les deux personnages. Le mensonge grandit, ses conséquences aussi, et avec eux, les situations drôlatiques.
C : Justement, ce film est-il drôle ?
B : Sporadiquement. On alterne entre quelques moments de bravoure, du calme qui ne dure jamais et quelques séquences trop vues pour être marrantes. Tu sais, le genre de choses que vous avez tous vu un millier de fois : dans sa manière d’aborder ses gags, l’efficacité du rythme du film est très inégale. Exemple simple : dans un scène, Dujardin doit tout faire pour retarder quelque chose. Tu as saisi l’enjeu humoristique dès le début, donc tu vas un peu subir trois minutes de scène qui s’étale. Quelques répliques font mouche, appuyées par un bon sens du timing. Le film s’entoure presque d’une aura d’humour un peu méchant et radical, et à part un crachat dans un landau (héhéhé on aime bien cracher sur les bébés) on y a pas vraiment droit.
{Extrait bande-annonce 2}
B : Le Retour Du Héros s’approche même un peu du théâtre filmé, sans l’unité de temps. Personnellement, j’ai plus vu Jean Dujardin et Mélanie Laurent faire les andouilles en costume au bois de Saint Cucufa que des personnages de film. Et le Retour du Héros embrasse certains codes du vaudeville, notamment des rôles très clichés dont la personnalité change du tout au tout. On y trouve une scène de pétage de plombs assez cocasse mais un peu bizarre avec une grille de lecture moderne. Donc oui, un fim qui convoque le début du 19è siècle n’est pas très actuel, je suppose.
C : Tu parlais de Jean Dujardin. Que valent les acteurs ?
B : Mélanie Laurent donne tout. Elle a un rôle un peu ingrat... et Jean Dujardin est coincé dans la Jean Dujardin Zone. On a donc la Jean Dujardin Experience : à savoir le rôle comique qu’il incarne tout le temps depuis OSS 117. Mêmes inflexions, même vocabulaire, même jeu, même gestuelle.
C : Question rituelle : le Retour du Héros est-il recommandé par les Croissants ?
B : Moui. Sagement. L’échange entre Mélanie Laurent et Jean Dujardin est ce qu’on en tire de mieux. Mais ça reste téléphoné, un peu grossier, pas très original et le cadre historique ne fait pas tout. On a l’impression d’assister à l’échauffement du prochain OSS : Dujardin s’étire pour son rôle d’homme lâche, veule et macho. En bref, le retour du héros prépare le retour de l’antihéros, et pas grand-chose d’autre.
C : Pour ceux qui veulent tout de même tenter, c’est dans les salles depuis le 14 février et pour un lapse de temps encore confortable. A la prochaine Benjamin ! On se retrouve pour une autre comédie française qui tourne autour d’un mensonge.
B : Mmmmh non.
C : Hé, il y a les Tuches 3 aussi si tu veux.
B : NON.
« Le Retour du héros » : le retour de l’escroc
Avec « Le Retour du héros », Jean Dujardin reprend un rôle qu’il connaît sur le bout des doigts : celui du macho rustre, maladroit et séducteur. Aux côtés de Mélanie Laurent, est-ce pour lui un simple échauffement pour le troisième épisode d’« OSS 117 » ou bien un véritable vaudeville rafraîchissant ? Réponse avec Benjamin Benoit.
0:00
5:49
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.