Pour cette première chronique cinéma... et japanimation, on acceuille Benjamin, qui va nous parler d’une expérience sous acide et d’un réalisateur peu connu du public français.
Bonjour à toutes et à tous, aujourd’hui, fidèle à moi même, je suis là pour vous parler d’un film d’animation japonaise qui sort pas mal des sentiers battus et d’un réalisateur encore méconnu du grand public, sorti en juin dernier et ayant particulièrement bidé dans son pays d’origine, je lui souhaite une meilleure traînée qu’au Japon. Corentin, tu es savoyard d’origine, c’est ça ?
Absolument, ce qui nous amène à Annecy, le festival international du film d’animation, dont la dernière édition s’est déroulée en juin dernier.
C’est ça. Votre serviteur y est allé pour la première fois, et la sélection était particulièrement japon-friendly. Lou et l’île aux sirènes, en compétition officielle, a non seulement généré un enthousiasme palpable après sa projection, mais il a commis l’impossible en récoltant le Cristal, LA récompense, qui n’a pas été remise à un film d’animation jap depuis Porco Rosso, de Miyazaki, en 1995. Un petit extrait de bande annonce.
(Air condescendant) Mais alors Benjamin, je croyais qu’il n’y avait que Miyazaki dans la vie ??!
Ohlala Corentin, quel jeu d’acteur médiocre ! Oui alors ça c’est surtout parce que l’actualité de l’animation n’est pas très portée sur l’animation idoine et Eurozoom, un distributeur spécialisé, commence à voir ses efforts porter ses fruits. Makoto Shinkai nous a apporté Your Name et son grus büz, chaque Mamoru Hosoda commence à avoir une portée, et une armée de talents jeunes plus ou moins jeunes sont encore à découvrir, mais appartiennent encore à une actualité obscure pour nous. Toi qui est un minimum coutumier, qu’est ce que tu connais de Yuaasa par exemple ?
[La réponse de Corentin]
On peut aussi citer Ping Pong The Animation, The Tatami Galaxy, ou l’improbable Mind Games, qui est une espèce de délire sous acides que chaque fan d’animation devrait regarder, c’est un petit conseil annexe. Son prochain prochain, Devilman, sera disponible sur Netflix en 2018. Yuaasa est un auteur peu porté grand public, mais Lou est le film le plus grand public qu’il a pu faire, de son propre aveu. Et effectivement il est impossible de nier une parenté avec Ponyo, qui partage le squelette du scénario et un dernier tiers.
Justement, de quoi ça parle ?
De Kai, un lycéen qui a quitté Tokyo après le divorce de ses parents pour s’installer avec la papa dans une ville cotière. Une ville où toute l’économie, l’activité culturelle (dont des concours de chaises roulantes, et ça !!) tourne autour de la mer. Mais Kai est déprimé, passe son temps à regarder ses chaussures et compose de la musique électronique sur son ordinateur.
Deux de ses amis assez insistants l’invitent à rejoindre leur groupe. Ce beau monde se réfugie sur un ilot abandonné et très en hauteur où il s’exécute mollement. Mais les premières notes de musique vont attirer l’attention d’une petite sirène particulièrement férue de musique et de danse.
Et là va se faire la rencontre...
Lou et Kai se lient d’amitié, et la découverte de cette sirène dans cette vîle très portée sur le folklore local vont créer du grabuge. Plusieurs personnes auraient disparu après qu’une sirène fut brûlée vive - car les sirènes et les êtres de l’eau brûlent spontanément au soleil. Moult grabuge donc, la sirène va attirer l’attention du village et le film culmine dans un déchaînement d’éléments très trippy, qui fait plaisir aux yeux et à l’âme. Lou et L’Île aux Sirènes est un film très feel good.
Tu disais que Masaaki Yuasa avait une patte bien particulière.
Oui. Il faut comprendre que le film, sans être un trip hallucinogène de deux heures, et assez généreux en séquences psychédéliques et en changement de style artistique. C’est animé en flash et parfois, le temps de quelques séquences, ça part en animation très brouillone et déformée à l’américaine. Lou a le démon de de la danse, et quand elle s’y met, tout le monde ne peut s’empêcher de danser... et ça permet au film de se lâcher.
C’est une oeuvre très particulier puisqu’image par image il ne ressemble pas à grande chose, mais il faut le voir animé pour comprendre ce que le jury d’Annecy a vu dans ce métrage. Une variété de technique d’animation, quelques sentiments forts, un peu de musique qui a du punch et les messages habituels : le monde des adultes est un peu moisi, il faut croire en ses rêves mêmes s’ils ne sont pas très ambitieux, etc.
C’est aussi un film qui a la particularité de ne pas se passer à Tokyo.
Oui, cette ville côtière est charmante, et explique qu’un « village côtier local » est pour nous une ville comme Chartres ou, plus précisément, Banyuls. Mais en Japonais... avec les concours de chaises roulantes, j’insiste sur ce point. Tu y rajoute un bon délire visuel, de la musique qui donne envie de bouger son popotin, une animation étonnante, et tu as une très belle première incursion de Masaaki Yuasa dans les grands écrans français. Le film est correctement distribué pour ce qu’il est, pragmatiquement.
Enfin, la VF est excellente, et je vous la recommande vivement. Si vous y emmenez des enfants, n’hésitez pas, mais le rythme retombe parfois et je soupçonne un petit risque d’ennui. C’est un film 100% tout publics.
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