Pacific Rim : Uprising offre une suite béton mais désarçonnante pour les fans du premier volet
C : Des aliens gigantesques et destructeurs, nommés kaijus, qui débarquent sur Terre à travers une brèche enfouie dans l’Océan Pacifique, des robots encore plus gigantesques, appelés Jaegers, construits par l’homme pour en venir à bout, des humains de toutes origines qui pilotent ces robots géants par la pensée... Ah, c’est bien de se rappeler le bon vieux temps, n’est-ce pas, Morgane Giuliani ?
M : Oui enfin là, Corentin, tu viens de nous donner le pitch de Pacific Rim, film de science-fiction de Guillermo Del Toro sorti en 2013. Ça a été un énorme carton au box-office : plus de 400 millions de dollars de bénéfice. Et on peut le dire : tout un culte s’est créé autour de Pacific Rim, adoré pour son côté démesuré. À mon sens, le film est cousu de fil blanc mais c’est un bon divertissement avec des antagonistes précis, et qui pose la question de la place de l’homme dans l’Univers et ses limites face à la science.
C : Aujourd’hui, tu vas nous parler de la suite : Pacific Rim : Uprising, en salles depuis le 28 mars. Si vous n’avez pas vu le premier et ne voulez pas être spoilé, passez votre chemin.
M : Pacific Rim 2 reprend 10 ans après la fin de Pacific Rim. Souvenez-vous : l’équipe du Marshall Stacker Pentecost, joué par le charismatique Idris Elba, avait réussi à s’introduire dans la brèche, et faire exploser le monde des kaijus, et donc, à sauver définitivement la Terre. Dans Pacific Rim 2, on fait la connaissance de Jake, interprété par John Boyega, révélé dans Star Wars 7. Il mène une vie de fêtard avec des marginaux, en Californie, en grosse partie détruite par les affrontements du premier film.
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C : D’où sort ce nouveau personnage principal ?
M : Il est en fait le fils du Marshall Stacker Pentecost, sauf qu’il n’existe pas dans le premier Pacific Rim ! Il a donc été inventé de toutes pièces, peut-être pour redonner un souffle à la saga. Mais du coup, difficile de s’y attacher, d’autant qu’il n’a pas envie d’être un héros comme son père. On essaie de nous faire croire qu’il est très proche de la fameuse Mako, cette aspirante pilote de jaeger qui avait été adoptée par son père et auprès de laquelle il aurait grandi. Mais c’est impossible d’être ému par leur lien, puisque Jake n’existe pas dans le premier film ! La création de ce personnage est symptomatique du principal défaut de Pacific Rim 2 : il est mal relié au premier.
C : Qu’en est-il des autres personnages ?
M : On ne sait pas ce qu’il est advenu de Raleigh Becket, qui était pourtant le personnage principal du 1er film, et, plus ou moins, le flirt de Mako. Cette dernière fait désormais partie d’une sorte de consortium militaire international qui garde un oeil sur la menace des kaijus. Elle qui rêvait à être dans l’action, elle est devenue une sorte de diplomate. Par contre, on retrouve les 2 scientifiques chouchous du public : Newton, qui a pris la confiance depuis qu’il travaille pour une énorme industrie militaire chinoise voulant fabriquer des robots commandés par drones, et Hermann, qui fait toujours des recherches pour le gouvernement américain.
C : Pacific Rim 2 propose un autre nouveau personnage principal : Amara, une adolescente indépendante jouée par Cailee Spaeny.
M : L’existence d’Amara paraît bien plus réaliste que celle de Jake, dont elle croise la route par hasard. Amara est une technicienne en herbe qui a bricolé son propre petit jaeger, assez mignon d’ailleurs. Sa particularité est de se rouler en boule pour avancer plus vite. Sauf que, bien sûr, il est interdit de construire son propre Jaeger ! Amara est arrêtée avec Jake, qui avait déserté sa base de formation. Jake se voit obligé de reprendre son poste de jeune pilote et formateur, tandis qu’Amara rejoint une petite cellule d’élite formant, justement, les futurs pilotes de jaeger.
C : Bon, au moins, quand on regarde la bande-annonce, on voit que les méchants kaijus sont de retour ! C’est ce que tout le monde attendait !
M : Eh bien, c’est un autre problème du scénario. On ne fait qu’attendre le retour des kaijus. Les humains s’y préparent au cas où en ayant une flotte de jaegers toujours active, en entraînant des jeunes recrues au cas où. À côté, une énorme entreprise chinoise construit des modèles de robots plus avancés, pilotés par drone, auxquels Mako est farouchement opposée. Tout ça c’est bien beau, mais les kaijus n’arrivent que dans le dernier tiers du film. Et en attendant, on s’ennuie un peu.
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M : Je ne vais pas vous dire comment les kaijus finissent par revenir, pour ne pas spoiler, mais en tout cas, c’est tard. Le film avance jusque là assez lentement, et s’emballe d’un coup face à cette nouvelle menace.
C : Les jeunes recrues sont alors appelées à la rescousse pour sauver l’humanité. .
M : On a l’impression de regarder un mélange entre Transformers et Power Rangers, parce que chaque jerger a sa petite particularité : un espèce de sabre laser. Ce qui n’est forcément pour déplaire, mais il n’y a pas l’aura étrange et surannée de Guillermo Del Toro, qui n’est qu’à la production cette fois. Si le Mexicain n’a pas assuré la réalisation de ce 2e volet, c’est parce qu’il était trop occupé à filmer The Shape of Water et gagner des Oscars, faut le comprendre.
C : Posons très concrètement la question qui fâche : est-ce que cette suite est dispensable ?
M : Oui et non. Déjà, le film est drôle, il faut lui laisser ça. Il y a une bonne dynamique comique entre John Boyega, qui adopte une attitude de tire-au-flanc, et Scott Eastwood - oui, le fils de Clint Eastwood - qui, au contraire, est un pilote ultra sérieux et appliqué. Le personnage de Amara est très sympathique. Là où Mako attendait la validation de 12 personnes pour oser suivre ses rêves, Amara est une fonceuse qui fait fi de l’avis des autres. C’est très rafraîchissant. Et puis, les effets spéciaux sont vraiment réussis. Si Del Toro filmait surtout des combats nocturnes, là, ils ont lieu en plein jour. En cela, Pacific Rim : Uprising est vraiment taillé comme un blockbuster moderne. Par contre, il pêche par ses problèmes d’articulation avec le premier volet, ce qui devrait vraiment déranger les fans de toujours. Ceux qui étaient particulièrement attachés à Raleigh Becket ou Mako Mori seront déçus.
C : Pacific Rim : Uprising est en salles depuis le 28 mars. Merci Morgane Giuliani et à très vite !
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