Corentin : Le succès mondial de LaLaLand en 2016 a montré que les comédies musicales ont encore toute leur place sur le grand écran. C’est d’ailleurs une nouvelle comédie musicale qui secoue le monde en ce moment : The Greatest Showman, dans les salles françaises depuis le 24 janvier. Morgane Giuliani est là pour nous en parler aujourd’hui, bonjour Morgane !
Morgane : Bonjour Corentin ! Comme tu l’as dit, The Greatest Showman connaît un succès fou : il a déjà engendré un bénéfice mondial de 260 millions de dollars, pour un budget de 84 millions. Il est donc largement rentabilisé. Sa bande-originale cartonne aussi. Elle a atteint la première place des charts aux États-Unis et au Royaume-Uni, détrônant au passage Camila Cabello, dont on vous a parlé dans une autre chronique. Le single This Is Me a remporté le Golden Globe de la meilleure chanson originale, et est nommé dans la même catégorie aux Oscar.
C : Un succès qui peut s’expliquer en partie par le casting 5 étoiles : Hugh Jackman, Michelle Williams, Zac Efron, et Zendaya. Si vous avez plus de 25 ans, son nom ne vous dira sûrement rien, mais elle est une superstar chez les jeunes. Mais de quoi parle donc The Greatest Showman, Morgane ?
M : C’est en fait un film biographique librement inspiré de la vie de P.T. Barnum, l’une des figures de l’entertainment américain. Fils d’un tailleur très pauvre, il grandit au début du 19e siècle dans la misère mais épouse la femme de ses rêves : Charity Hallett, issue d’une très bonne famille. Lorsque l’entreprise dans laquelle il travaille en tant que comptable fait faillite, il y voit l’occasion de mettre de la magie dans sa vie. Sur un coup de tête, ce grand rêveur achète un musée d’étrangetés. Sauf que les affaires ne prennent pas, et il a alors l’idée de trouver des personnes hors-du-commun pour monter une troupe de cirque. En vrac : un nain, une femme à barbe, un homme très poilu façon Chewbacca, un géant de plus de 2 mètres ou encore, des trapézistes noirs. De quoi choquer l’Amérique puritaine du 19e siècle.
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https://www.youtube.com/watch?v=kDa1YxtGoyU
C : C’est d’ailleurs le message du film : célébrer la différence.
M : The Greatest Showman défend mordicus cette philosophie de vie, même si ça paraît un peu cul-cul dit comme ça. C’est le thème du single This Is Me, un tube en puissance interprété par la fameuse femme à barbe chanté par la star de Broadway Keala Settle.
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https://www.youtube.com/watch?v=wEJd2RyGm8Q
M : Ce qui est intéressant, c’est que le film traite aussi la question de la différence à travers la question raciale. À côté des péripéties de P.T. Barnum, The Greatest Showman suit de près le couple formé par le jeune producteur Philip Carlyle, joué par Zac Efron, et la trapéziste métisse, Anne Wheeler, incarnée par Zendaya. Ils n’osent pas accepter leur amour, par crainte du jugement. Sur ce point-là, le film s’avère très juste et ne tombe pas dans la caricature du couple maudit. En chanson, ça donne la très belle Rewrite The Stars :
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https://www.youtube.com/watch?v=gdjR2lvIfJ4
C : P.T. Barnum a une façon toute américaine de convaincre ces personnalités hors-normes de rejoindre sa troupe.
M : Son argument-phare est : “transformez votre différence en profit”. P.T. Barnum, c’est l’incarnation du rêve américain. L’idée qu’on s’élève dans la société à mesure qu’on s’enrichit et que même en venant de nulle part, on peut atteindre ses objectifs en travaillant dur et en étant audacieux. Son audace paie puisque les spectateurs sont de plus en plus nombreux, et il fait fortune. Mais une grosse poignée d’indignés et la presse lui résistent. (Saligaud de journalistes ! Tous les mêmes !) Le chef de troupe ne se décourage jamais et garde le sourire. Il finance la première tournée américaine de Jenny Lind, chanteuse d’opéra suédoise à succès, merveilleusement incarnée par Rebecca Ferguson. Son but ? Gagner le respect des médias et de la haute-société new-yorkaise, quitte à mettre en péril sa famille et sa fortune et oublier ses amis du cirque. En chanson, cela donne ma petite préférée : Never Enough.
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https://www.youtube.com/watch?v=rQWZK5U233s
M : Le casting est très réussi. J’ai été agréablement surprise par la prestation de Zac Efron et Zendaya, qui apportent un vrai vent de fraîcheur. Mais Hugh Jackman règne en maître. L’acteur australien offre un portrait impressionnant, fort en émotions. Il danse, chante, rit, pleure, vocifère, bref, il ne nous laisse pas une seconde de répit.
C : Sauf qu’on tient là le défaut de The Greatest Showman, Morgane.
M : Le film est, en fin de compte, à l’image de son personnage principal. Il en fait trop. C’est un déluge de grands sentiments saveur barbe à papa parfois trop caricaturaux pour émouvoir, et de décors réalisés en 3D pour la grosse majorité. À de nombreuses reprises, mon cerveau n’a pu s’empêcher d’imaginer les scènes tournées sur fond vert. Ça m’a gâché la magie que le film se démène à vouloir nous faire ressentir, quitte à en être parfois un peu écoeurant. Pour défendre ma cause, je suis loin d’être insensible aux comédies musicales, puisque mon film préféré est Moulin Rouge, lui aussi basé sur de bons sentiments et des décors kitsch. Mais comme ils sont réalistes, parfois fabriqués avec 3 bouts de cartons, ils donnent un charme décalé. Force est de constater qu’on ne ressent pas ça en regardant The Greatest Showman. Les chansons ont un côté “old-school” intemporel, mais le film, au contraire, risque de très mal vieillir. Le réalisateur, Michael Gracey, dont c’est le premier long-métrage, n’a pas d’excuses puisqu’il est à la base spécialisé dans les effets spéciaux.
C : Faut-il passer son chemin, alors ?
M : Si vous êtes insensibles aux comédies musicales, qui plus est, dans un style très rococo et/ou si vous êtes insensibles aux films avec un message positif fort : oui. Mais The Greatest Showman reste un bon divertissement, et certaines chansons vous dresseront les poils. Et puis, le cirque Barnum a pris fin en 2017, et c’est une belle manière de lui rendre hommage.
C : The Greatest Showman est en salles un peu partout en France. Merci Morgane et à très vite !
M : À très vite !
« The Greatest Showman » : une jolie comédie musicale pleine de bons sentiments, mais qui en fait trop
Succès surprise de ce début d’année, « The Greatest Showman » raconte l’histoire de P.T. Barnum, considéré par certains comme étant le père du show-business aux États-Unis. En grande amatrice de comédies musicales, Morgane Giuliani est allée le voir pour nous.
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