Corentin : Aujourd’hui, c’est cinéma dans vos Croissants, cinéma de genre, cinéma japonais, j’acceuille donc un Benjamin Benoit enthousiaste. Salut Benjamin !
Benjamin : Eeeeeeh !
C : Eeeeeeh ?
B : Eeeeeeeh je suis un peu déçu. Un petit peu déçu. Un peu plus déçu qu’attendu. Parce je suis venu avec une chronique de film d’Hirozaku Kore-Eda et que ce monsieur fait des films formidables, mais là eeeeeeeeh. Je peux pas cracher sur la distribution grandissante des films lives japonais... on peut voir Kiyoshi Kurosawa sur nos écrans de temps en temps aussi. Mais là, on va le voir, c’est un revirement pas 100% heureux.
C : Pourrais-tu nous parler un peu de ce réalisateur ?
B : Mais alors là ! Mais avec plaisir. Kore-Eda est un réalisateur de 55 ans stakhanoviste qui frôle le film par an. Celui de 2018, c’est Shoplifter, celui de 2016, Après la Tempête. Vous connaissez peut-être Still Walking, Notre Petite Soeur, Tel Père Tel Fils et moult films qui parlent de la famille et de paternité, de manière toujours tordue. Genre... un échange d’enfants, façon La Vie Est Un Long Fleuve Tranquille. Ce monsieur a toujours quelque chose d’intéressant à dire sur la structure familiale.
C : Surtout avec un prisme japonais où on dit beaucoup moins ce que l’on pense qu’ailleurs dans le monde.
B : Le précédent exploité pour nous, Après la Tempête, parle de la famille un peu détruite, avec pour message « bon ben on peut pas faire grand-chose, c’est pas si grave hein, on peut faire avec ». Très bon film que je vous recommande. Mais de temps en temps, Kore-Eda s’émancipe de ses thématiques fétiches pour tenter autre chose. Je vous recommande After Life, qui est étonnant. Avec The Third Murder, je pense que c’est transparent : on va parler d’un thriller... et d’un film de procès.
[EXTRAIT BANDE-ANNONCE]
Et soudainement, un meurtre. Aucun mobile montré, juste l’acte, froid et sans fioritures. Juste une trace de sang essuyé nonchalamment sur le visage. Misumi est arrêté, et il s’avère récidiviste - il a été condamné 30 ans plus tôt pour meurtre, et a échappé à la peine capitale. Ca tombe bien, son avocat est le fils du juge qui lui a échappé de passer à la casserole. Il avoue très poliment, un meurtre, deux meurtres... et là ça va être plus difficile d’y échapper, je vous renvoie au titre du film.
C : Kore-Eda est un réalisateur connu pour sa photographie lumineuse, là on a l’air de taper dans l’inverse.
B : Alors effectivement, le ramage est à la hauteur du plumage - thématiques sombres, film sombre, très peu éclairé, entre cabinet d’avocats chiant comme la pluie et une cellule de prison. Kore- Eda est quelqu’un qui sait diriger, notamment les enfants et les amateurs. Là, il tente des choses en réalisation, avec des drones notamment. C’est très très propre sur soi. Très carré, y’a rien qui dépasse, Kore-Eda c’est un peu Dream Theater des réalisateurs japonais.
Donc formalisme, ok, si vous voulez, mais ça peut être à propos du rythme aussi. Et The Third Murder est... un peu dépouillé. Et je dis « dépouillé » pour ne pas dire « un peu C H I A N T. » Kore-eda veut prouver qu’il est capable de mettre en scène un thriller psychologique, tout en zappant la résolution de l’énigme. nous dit Les Inrocks. Je suis d’accord, c’est compliqué d’articuler un film austère avec une résolution en... en... en... aporie. [LANCER EN BED L’EXTRAIT SUPERFDL] Drôle de mot… Je trouve ça étrange d’être aussi ouvert quand Kore-Eda lui même déplore que 80% des japonais soient toujours d’accord avec l’application de la peine de mort.
[CLIMAX SUPERMAN, LE LAISSER TRAINER UN PEU, REPRENDRE EN BED]
C : Oh ! Super Fac-De-Lettres ! Vous ici !
B : BONJOUR LES AMIS ! ALORS OUI, UNE APORIE ! Bon généralement c’est un truc d’hypokhâgne mais je vous le met quand même ! Une aporie, c’est un manque de réponse ! Généralement à un problème philosophique ou logique ! Ahahah ! Allez au revoir les amis !
C : Au revoir Super Fac-De-Lettres !
B : MAIS QUEL RELOU CELUI-LA. La culture, la confiture... tout ça. Bref. Mais ma frustration découle du fait qu’on effleure seulement le coeur du sujet. La peine de mort, la machine judiciaire... et Kore-Eda est un malin, il mêle de plus en plus rêve et réalité. Au début, on voit clairement un meurtre, mais le prévenu change tout le temps de version... et la thêse du film est ultra-claire. La nécessité d’avoir un verdict prime sur la vérité. D’une, c’est matraqué tout le long du film, de deux c’est loin d’être la première oeuvre de fiction a parler de ce paradoxe judiciaire. D’ailleurs je vous épargne le topo de Super-J’ai-Fait-Une-L1-De-Droit sur la question.
C : S’il te plaît ! Trop de super dans cette chronique. Demandons à Super Conclusion de Chronique ce qu’il en pense.
B : Nu-huh. Bon par contre je vous invite à bouger votre popottum si vous voulez le voir, je suis arrivé à le voir dans une salle VIDE. Il avait déjà commencé sans que personne ne soit là pour le voir, et je suis resté ultime spectateur.
C : T’es très porté prison ces temps-ci. Est-ce que The Third Murder est recommandé par les Croissants ?
Oui car on reste dans un cinéma complexe, sombre, assez mesuré et quand même porteur de sens sur pas mal de choses, japonaises ou non. Je vous invite juste à faire une petite sieste avant car le film peut vous perdre un peu en cours de route et ce serait dommage.
C : Très bien. Écoutez, à la pro... euh oui ?
B : DEVOIR DE VERITE EST MIEN. J’ai supplié Corentin de ne PAS faire une chronique sur Taxi 5, alors voici trois mots sur le sujet : j’attendais rien, j’ai rien eu, avec dans le film : un peu de vomi, du caca et de la grossophobie. A la prochaine pour de nouvelles aventures !
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