Corentin : Aujourd’hui, Geoffroy Husson de Frandroid vient nous parler de l’un des géants de cette fin d’année. Alors tu vas aborder quel sujet aujourd’hui ? Le nouvel iPhone ? Les nouveaux Google Pixel ? Les smartphones Huawei ?
Geoffroy : Pas du tout Corentin, aujourd’hui je vais parler du vrai gagnant des fêtes de fin d’année, c’est-à-dire d’Amazon.
C : Ah, avec son enceinte connectée Alexa, c’est ça ?
G : Pas vraiment non. Il faut dire qu’Amazon, comme à peu près toute la grande distribution, fait l’essentiel de son chiffre d’affaires sur le dernier trimestre chaque année. Logique, puisque le site est assez bien conçu pour faire ses courses et se faire livrer rapidement. C’est d’ailleurs ce qui fait son succès, cette simplicité d’utilisation.
C : C’est vrai qu’on se rend sur le site, on ajoute au panier, on valide et on reçoit son colis le lendemain, c’est hyper simple.
G : Oui, et pourtant, Amazon qui a connu une croissance folle ces deux dernières années, avec une valorisation record en ce moment, à près de 1000 milliards de dollars, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et cherche apparemment à se compliquer la tâche.
Si je te parle de livraison par Amazon, tu penses forcément à UPS, DHL ou pire, Colis Privé. Mais depuis quelque temps ils vont encore plus loin. Ils ont maintenant leur propre service de livraison, Amazon Logistics, avec leurs avions pour aller d’un pays à l’autre et leurs camions pour contrôler l’ensemble de la chaîne. Mais ça n’est pas tout. Ils travaillent même depuis quelque temps sur un service de livraison par drone pour les clients qui se trouvent à proximité de leurs entrepôts. Et ils seraient même en négociation pour racheter Deliveroo pour proposer de la livraison de plats de restaurant, comme l’expliquait récemment le podcast Le Rendez-vous Techde Patrick Beja.
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C : Ah oui effectivement, ils sont vraiment en train d’attaquer sur tous les fronts pour la livraison.
G : Certes, mais il y a encore mieux.
C : Comment ça ?
G : Eh bien tu parlais tout à l’heure de la facilité d’utilisation du site. Tu vas sur une page produit, tu cliques et tu es livré le lendemain.
C : Oui, et alors ?
G : Eh bien si je te dis qu’Amazon propose encore plus rapide maintenant ?
C : Oui la livraison dans la journée pour les grandes agglomérations, je connais.
G : Non, pas ça. Imagine un système où tu vas dans un lieu, tu ajouter un produit à ton panier, tu passes à la caisse et tu repars avec…
C : Non ?
G : Si Corentin ! Amazon a lancé des boutiques physiques. Un truc incroyable ! Tu rentres dans la boutique, tu fais ton shopping et tu ressors directement avec les produits.
C : Bon, blague à part, ça sert à quoi ?
G : Eh bien ça dépend. En fait il y a plusieurs boutiques qui ont été ouvertes depuis le début de l’année, avec différentes stratégies. L’idée ça a d’abord été, à Seattle aux États-Unis, de proposer une boutique sans caisse, baptisée Amazon Go, qui fonctionne directement avec des capteurs pour savoir ce que tu as acheté. Il y a aussi des librairies, puisque les livres, surtout outre-Atlantique, restent le cœur de métier d’Amazon. Et puis plus récemment, à New York, Amazon a ouvert une autre boutique baptisée « Quatre étoiles ».
C : Ils sont un peu en avance. Pour l’instant il n’y a que deux étoiles sur le maillot de l’équipe de France.
G : Mais non Corentin. Quatre étoiles comme la note, sur cinq étoiles, que les clients laissent aux produits achetés sur Amazon. En fait l’idée de la boutique c’est de ne proposer qu’une sélection de produits, aussi bien des gadgets high-tech que des jouets, des livres ou de l’électroménager. Mais tous les produits vendus ont en commun d’avoir au moins la note moyenne de 4 étoiles 5 sur Amazon, comme l’expliquait récemment BFM Business.
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C : Ah oui je vois. Mais on sait pourquoi Amazon cherche maintenant à se placer sur les boutiques physiques ?
G : Eh bien parce qu’autant la livraison est pertinente, surtout aux États-Unis où il y a un faible maillage de libraires. Autant dans les grandes villes, c’est souvent plus pratique pour les consommateurs d’acheter directement leurs produits dans des boutiques après le travail.
Surtout, Amazon cherche à se diversifier depuis quelques années et passe d’un équivalent de Fnac/Darty à un site qui vend de tout, y compris de la nourriture. Aux États-Unis, ils ont racheté Whole Food, l’une des plus grandes enseignes de produits alimentaires, réputée là-bas pour la qualité et la fraicheur des produits. On n’est pas dans un Bio c’bon français, mais grosso modo ça a la même image outre-Atlantique. Pour la France, c’est avec Monoprix que s’est allié Amazon. On peut maintenant trouver des produits Monoprix directement sur Amazon et se les faire livrer dans les quelques heures à condition qu’on vive dans une agglomération couverte.
C : Mais avec la politique très agressive d’Amazon vis-à-vis de ses salariés, ça ne pose pas de problème cette volonté d’expansion dans tous les domaines ?
G : Oh que si ! Comme tu le sais, Amazon n’est pas tendre avec ses employés, notamment dans les centres de tri. Ça a déjà été pointé du doigt par de nombreux médias. Et récemment, c’est une enquête de Gizmodo qui a dévoilé d’autres pratiques plus qu’inquiétantes.
C : Quels types de pratiques ?
G : Eh bien je t’expliquais à l’instant qu’Amazon avait racheté Whole Foods et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça ne se passe pas au mieux entre la nouvelle direction et les anciens salariés. Amazon a mis en place tout un tas de règles à destination des managers pour éviter la formation de syndicats chez les salariés.
Parmi les documents dévoilés par Gizmodo, on apprend notamment que pour Amazon, les syndicats, je cite, « mettent en péril la sécurité des emplois de tous », que les managers doivent espionner leurs salariés pour guetter la formation d’organisation parmi les employés ou qu’ils sont incités à donner leur avis sur les organisations. Un exemple donné permet ainsi aux managers de dire que les « syndicats sont des rats qui mentent et qui trichent ». Bonne ambiance donc au pays de la grande distribution.
C : Effectivement, derrière cette diversification à foison de l’activité d’Amazon, les clients peuvent y gagner, mais pour les salariés, c’est loin d’être le cas. Merci Geoffroy pour ce tour d’horizon et à très bientôt !
Amazon et la grande distribution, un long fleuve pas si tranquille que ça
Entre ses partenariats avec des enseignes de la grande distribution et ses véritables boutiques qui apparaissent aux États-Unis, Amazon cherche à muscler son physique ! Avec Geoffroy Husson de « FrAndroid », voyons en quoi consiste cette stratégie de diversification.
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