Corentin : Selon une enquête de l’ONG Générations Futures parue en juin dernier, six résidus de pesticides sur 10 retrouvés dans notre alimentation sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Aujourd’hui, Laura Aupiais va nous expliquer ce que ces derniers font dans notre corps et comment s’en prémunir ! Bonjour Laura…
Laura : Bonjour Corentin, bonjour chers auditeurs et auditrices. On entend ce nom depuis quelques temps voire quelques années. Mais qui sont-ils ? La définition des perturbateurs endocriniens fait toujours débat entre les politiques, les lobbyistes et les écologistes.
Corentin : Ce qu’il faut savoir ou retenir alors !
L : Et bien, le terme de perturbateurs endocriniens a été pour la première fois évoquée par la zoologiste et épidémiologiste américaine Théo Colborn aux débuts des années 90.
Ce terme désigne toute molécule ou agent chimique composé xénobiotique, ayant des prop^riétés hormono-mimétiques, c’est-à-dire qui reproduit les comportements et les actions des hormones, ce qui provoque des anomalies physiologiques et/ou reproductives.
Corentin : Concrètement que font-ils ?
L : Concrètement, ils peuvent agir de 3 manières.
> Premièrement, par mimétisme, ils vont alors imiter l’action d’une hormone naturelle.
> Deuxièmement par effet de blocage, en d’autres termes ils vont bloquer, empêcher l’action d’une hormone naturelle.
> Et enfin troisièmement, par effet perturbant. Ca peut être soit une gène, soit un blocage de la production, du transport ou du métabolisme des hormones ou des récepteurs qui peuvent interférer avec le processus de croissance ou de division cellulaire.
Corentin : J’imagine que c’est d’autant plus grave si des jeunes enfants, des foetus, des adolescents sont en présence de telles substances...
L : Exactement, ce sont des étapes de vie, de croissance qui demandent énormément au système endocrinien puisqu’il permet le développement biologique de notre corps.
Corentin : Comment peut-on être exposés à ces perturbateurs endocriniens ?
L : Par les voies digestives par l’intermédiaires de la nourriture tout simplement, par l’eau, liquides, maquillage, rouge à lèvres, dentifrice, objets sucés comme les tétines, biberon, jouets etc.
Corentin : Ce n’est donc pas uniquement contenu dans l’alimentation ?
L : Non, je dirai qu’ils se trouvent dans tous nos objets de la vie quotidienne.
Puisqu’il faut également faire attention à ce que vous inhalez, parce que les perturbateurs endocriniens peuvent se retrouver à l’état de poussière et passer directement dans le sang et la lymphe comme ça peut être le cas avec les peintures, vernis, les parfums…
Corentin : Du coup, par la peau également, j’imagine...
L : Oui donc là il s’agit de tous les produits cosmétiques, les mousses à raser, les colorants pour les cheveux, certains savons et lingettes nettoyantes.
A noter aussi, pour ne pas complètement céder à la panique/psychose, que les perturbateurs endocriniens ou PE sont présents naturellement sur notre planète de la même manière que la radioactivité.
Corentin : C’est si grave que ça si ces PE perturbent nos hormones et notre organisme ?
L : Alors c’est effectivement grave dans la mesure où notre système endocrinien régit énormément de choses dans notre organisme.
Corentin : Comme ?
L : La liste est longue mais il y a par exemple la thyroïde qui fabrique des hormones qui contrôlent de nombreuses fonctions du corps dont la croissance, le métabolisme, le poids, l’humeur et la concentration.
On peut citer le thymus, situé au niveau du thorax, qui fabrique des hormones qui aident un certains types de globules blancs à devenir matures et fonctionner.
Il y a les glandes surrénales bien entendu, qui fabriquent des hormones contrôlant le métabolisme, la fréquence cardiaque, l’équilibre hydrique et sodique en plus de fabriquer une petite quantité de testostérones ou d’oestrogènes.
Sans oublier le pancréas pour tout ce qui digestion et taux de sucre dans le sang. On a les ovaires et les testicules, le coeur, les reins et il existe aussi des cellules neuroendocrines qui sécrètent des hormones.
Et enfin, ce qui contrôle tout ça en plus de faire son travail sur la croissance, le métabolisme, les menstruations etc. c’est le complexe hypothalamo-hypophysaire situé dans le cerveau.
Corentin : Est-ce qu’il existe un niveau d’exposition à ne pas dépasser ?
La particularité des PE est qu’une très faible dose peut suffire à augmenter les risques de développement de certaines maladies liées à notre système hormonal.
Corentin : Que risque t-on ?
L : Les PE peuvent être liés aux cancers qu’on appelle “Hormono-dépendant” c’est-à-dire cancer de la thyroïde, du thymus, de l’hypophyse…
Il est possible que cela cause une puberté précoce, une perte de Q.I, des malformations chez les nouveaux-nés, des troubles ou baisses de la fertilité, du diabète, de l’obésité et des maladies neurodégénératives.
Corentin : Ah...super !
L : En plus, certains PE peuvent également produire des effets qui se transmettent entre les générations. La hausse des maladies liées au système hormonal peut donc également s’expliquer par une exposition des générations précédentes à des PE.
Corentin : Formidable. Mais comment peut-on les éviter ?
L : Elsa Cohen de la confédération syndicales des familles a été interrogé à ce sujet dans le magazine Conso Mag en mars dernier. Elle répond à ta question.
[SON 1 CONSO MAG - 33s]
Elle prône aussi de manger des aliments bio puisqu’ils ne contiennent pas ou peu de pesticides.
Corentin : A ce sujet et pour tout savoir sur les labels bio rendez-vous dans le brunch. En tout cas merci pour cette chronique qui permet de démystifier un peu ce fameux perturbateurs endocriniens. Au moins maintenant, on est plus aptes à s’en prémunir. À bientôt !
Les perturbateurs endocriniens, quelles menaces pour notre organisme ?
Ils sont minuscules, ils sont partout et peuvent faire des ravages dans notre organisme. Les perturbateurs endocriniens ont en effet la fâcheuse tendance à gripper la machine bien huilée de notre corps. Laura Aupiais nous explique de quoi il en retourne et comment s’en prémunir.
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