(EXTRAIT 1 à bicyclette Yves Montand)
Angèle : Aaaaah, faire du vélo, pédaler près d’un champ de fleurs et rouler sur de jolies routes arborées…
(EXTRAIT 2 accident)
Puis se faire accidenter faute d’infrastructures fiables. Aujourd’hui, seulement 2% des Français utilisent leur vélo pour aller au travail, selon une enquête publiée par l’INSEE en 2017. A Strasbourg ils sont 16%, à Bordeaux 11% et à Paris, environ 3%. Si peu, me direz-vous ? Ce n’est pas étonnant. En France, il y a un manque global d’infrastructures dédiées au vélo, mais surtout de communication et pédagogie ! Et je parle ici, Corentin, du vélo en tant que moyen de transport et non en tant que loisir.
En mai dernier, France 2 a diffusé dans Envoyé Spécial un reportage intitulé « Autos, motos, vélo : le champ de bataille » (EXTRAIT 3)
Si beaucoup ont salué l’intérêt pour les problématiques qui concernent les cyclistes, de nombreuses associations et collectifs d’utilisateurs de vélos se sont indignés de la ligne éditoriale du reportage.
Corentin : « Si les cyclistes enfreignent certaines règles, c’est tout simplement que le code de la route et les infrastructures dans leur forme actuelle ne sont purement et simplement pas adaptés à l’usage des vélo ! », a réagit notamment l’association Paris en selle, visiblement pas contente.
A : En effet, ce reportage pose un problème : il s’intéresse plus aux comportements des cyclistes et des automobilistes. Oui, les automobilistes ne respectent pas toujours le code de la route, oui, parfois, les cyclistes non plus. Mais après ? Le reportage montre très peu les politiques qui sont mises en place - ou plutôt qui ne le sont pas - pour veiller à une meilleure sécurité des cyclistes.
(EXTRAIT 4) enregistrer plusieurs personnes qui disent “Hidalgo Démission, Hidalgo Démission !”)
Haaaa, je sens qu’il va revenir souvent celui-là !
C : Alors quelles sont les politiques mises en place et celles qui ne le sont pas ?
A : A Paris par exemple, il y un peu moins de 700km de piste cyclable. Seulement un tiers sont des pistes protégées. Une piste cyclable non protégée est souvent envahie par les automobilistes et les scooters.
Un des premiers freins à l’utilisation du vélo pour se déplacer, c’est la sécurité.
Mais Paris est bien lôtie par rapport aux villes de campagnes et moins grosses métropoles. Facile de faucher un vélo en pleine campagne : ceux-ci doivent rouler sur la route faute de pistes pour eux ou de marquage au sol, de feux spécifiques aux vélos, etc.
C : Concrètement : qu’est ce que fait l’État pour les cyclistes ?
A : Le « plan vélo » est un sujet incontournable pour n’importe quel quinquennat. C’est sous Sarkozy par exemple qu’a été mis en place le double-sens cyclable. Pouvoir emprunter en sens inverse une route limitée à 30km/h pour les voitures. Plus récemment, en décembre dernier, Elisabeth Borne, la ministre actuelle des transports a annoncé vouloir une « réelle politique en faveur du vélo », rappelant que 75% des déplacements domicile-travail font moins de 5km.
Sauf qu’en réalité, ce sont les collectivités locales qui font ce qu’elles peuvent pour avoir une vraie politique-vélo. Elles dégagent environ un budget de 7,70 euros par habitant. Mais toutes n’ont pas le même budget. Lyon, par exemple, accorde un budget de 17 euros par habitant. Leur but est tout d’abord de mettre en place des pistes cyclables fiables mais aussi de subventionner les associations de cyclistes.
C : Oui, donc c’est au bon vouloir des collectivités en fait…
A : Comme le rappelle Le Monde, de nombreux aspects d’une politique pro-vélo relèvent des collectivités locales mais l’État peut donner des impulsions et imposer des réglementations. Sauf que - et c’est bien là tout le problème -, avoir une meilleure politique vélo a des bienfaits considérables sur le budget de l’État.
C : Des gens en bonne santé pourraient limiter le trou de la sécu
A : Plus de gens à vélo réduirait considérablement la pollution… Le vélo comme moyen de transport est un véritable enjeu national.
C : Le problème vient aussi des lobbys et de ceux qui sont très attachés à leur voiture
A : On prédit qu’en 2030, il y aura plus de vélo que de voitures dans Paris. C’est là où ça grogne le plus, nous avions pu le voir lors de la fermeture des Berges de Seine.
C : Sales bobos gauchistes ! Je peux plus circuler dans Paris, c’est honteux ! Hidalgo Démission ! (EXTRAIT 4) enregistrer plusieurs personnes qui disent “Hidalgo Démission, Hidalgo Démission !”)
A : Haha, exactement. Sauf qu’à Copenhague et Amsterdam, ville maîtresse en matière de politiques pro-vélos, la grogne a eu lieu aussi. Il faut un temps d’adaptation pour que les automobilistes s’y fassent mais nous avons aussi un gros problème en France : notre pays est créateur d’automobiles. Difficile, donc, de faire en sorte que plus personne n’en ait.
C : Nous pouvons donc rester un peu optimistes ? (EXTRAIT 1 Remettre Yves Montand)
A : Je pense que l’on peut. Oui. Nous disions tout à l’heure pour plaisanter « Hidalgo Démission ! » mais la maire de Paris s’est dotée d’un budget de 150 millions d’euros pour son plan vélo. Parmi les mesures qu’elle souhaite mettre en place, la création d’un réseau cyclable de plus de 1000km d’ici 2020 ou bien la création de 10 000 places de stationnement en plus pour les vélos. Les collectivités territoriales ont pour objectif de compléter de 7750km supplémentaires d’itinéraires nationaux pour 2030.
C : Le gouvernement va aussi mettre en place un « savoir rouler »
A : C’est l’une des mesures entérinées le 9 janvier dernier lors du Comité interministériel de la sécurité routière. La pratique du vélo devrait bientôt figurer au programme des écoliers. En gros, tous les bambins apprendront à faire du vélo avant d’entrer au collège. Mais reste encore à savoir quand cela va être mis en place.
C : Merci Angèle Chatelier de nous avoir éclairé sur les enjeux du vélo en France. Je te laisse aller reprendre le tien pour partir vers d’autres contrées ! A très vite
Le vélo-boulot-dodo, ce n’est pas pour tout de suite
Comparé aux autres pays d’Europe, on ne peut pas dire que la France soit le paradis du vélo. Avec Angèle Chatelier, grande adepte de bicyclette devant l’éternel, on examinera à quelle vitesse la politique du vélo se déploie, sans compter tout ce qui déraille.
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