Le bitcoin va-t-il ruiner la planète ?
[Son ABBA]
Lucie : Aujourd’hui Corentin, on va parler de gros sous, de biff, de pépettes, on va parler de bitcoin.
C : Ah bah bravo Lucie ! De belles valeurs pour la jeunesse !
Lucie : Le bitcoin est ce qu’on appelle une «cryptomonnaie», une monnaie virtuelle. On peut l’acheter et la revendre via des plateformes en ligne. La particularité du bitcoin est que son cours est indépendant de toute banque centrale. Toutes les transactions sont vérifiées par les «nœuds» du réseau. Concrètement, il s’agit des ordinateurs des propriétaires de cryptomonnaie. C’est grâce à ce système que les paiements en bitcoin sont sécurisés. Toute transaction est enregistrée, sous pseudonyme, dans un registre public. Si vous voulez vous la péter, vous pouvez aussi dire que le bitcoin repose sur une technologie de blockchain. Car c’est pas tous les jours qu’on peut sortir le mot blockchain dans une phrase.
C : Est-ce que le bitcoin est la seule cryptomonnaie qui existe ?
Lucie : Le bitcoin n’est pas la seule cryptomonnaie qui existe sur Internet. On peut citer d’autres exemples comme l’ether, le litecoin ou même le dogecoin, inspiré du célèbre meme autour de Doge le chien. Le bitcoin en est néanmoins l’exemple le plus populaire, et le plus lucratif. Au 15 décembre un bitcoin valait à peu près 17.000 dollars. Je précise la date parce que son cours est très volatile. Fin novembre, il en valait 10.000 seulement !
C : Dis comme ça, ça a l’air plutôt positif, voire prometteur !
Lucie : Ca dépend comment tu vois les choses. A ses débuts, le bitcoin avait des valeurs assez nobles. Il s’agissait de créer une monnaie décentralisée, qui ne dépende pas des banques mais seulement de ses utilisateurs. Elle devait échapper ainsi à la spéculation et à l’instabilité de l’économie telle qu’on la connaît aujourd’hui. Sauf que le bitcoin a été victime de son succès. Déjà, niveau stabilité, on a vu mieux. Le bitcoin a connu de nombreux krachs spectaculaires. En quelques années, cette cryptomonnaie a fait l’objet d’une spéculation intense. Elle devait être accessible à tous : mais le bitcoin appartient désormais surtout aux boursicoteurs et aux geeks très spécialisés. Mais ce n’est pas tout. Car en plus de tout ça, il s’avère que le bitcoin pourrait aussi être... un danger pour la planète.
[Son Pink Floyd]
C : Allons bon Lucie ! Tu vas peut-être nous soutenir que des suites de 1 et de 0 dans les tuyaux sont plus nocifs pour la planète que des billets et des pièces ?
Lucie : Et oui ! Bon, déjà, il faut savoir que toute activité en ligne est source de pollution. Lorsque vous recevez un mail, stockez des images sur Dropbox ou utilisez Facebook, vous polluez. Tous ces gestes virtuels nécessitent l’exploitation de serveurs, généralement dans d’immenses data centers Et les serveurs, ca chauffe. On a donc besoin de climatisation pour les refroidir, et qu’ils ne plantent pas. Cela implique d’immenses dépenses financières, mais aussi énergétiques, parce que la climatisation demande généralement beaucoup d’électricité.
C : Et le bitcoin, ça empire cette situation ?
Lucie : Drastiquement ! Pour être distribué, le bitcoin requiert une puissance de calcul considérable. Le système de réseau dont je vous parlais toute à l’heure aggrave le problème. Dans l’univers du bitcoin, il existe ce qu’on appelle des “mineurs”. Ces personnes sont rémunérées pour vérifier les différentes transactions qui transitent entre utilisateurs.. Pour optimiser encore davantage leurs profits, certains se rassemblent dans de véritables «fermes» à bitcoins. En gros, ce sont d’immenses hangars remplis de serveurs qui “minent” des bitcoins toute la journée. Et c’est un désastre écologique. D’après Digiconomist, un analyste de cryptomonnaies, la production actuelle de bitcoins nécessiterait autant d’électricité que la consommation énergétique individuelle de plus de 159 pays dans le monde. Comme le Nigeria. Et ce n’est que le début : car plus le bitcoin sera plus populaire, plus ces problèmes vont s’aggraver.
C : Est-ce que le problème qui est pris au sérieux par la communauté du bitcoin ?
Lucie : Une partie, oui. Des partisans du bitcoin jugent que l’enjeu écologique sert seulement à décrédibiliser la cryptomonnaie. Mais d’autres le prenne au sérieux. Des mineurs essaient de limiter leur impact environnemental, en revendant l’énergie générée par leurs serveurs pour qu’elle soit utilisée pour chauffer des bâtiments, par exemple. D’autres choisissent d’utiliser des solutions de climatisation plus propres. Ces solutions sont les mêmes que des géants du Web, comme Facebook, qui installent leur datacenters dans des pays froids pour refroidir leurs serveurs de manière plus naturelle. Mais cela ne règle pas le problème principal : le fonctionnement du bitcoin en lui même, et son protocole de vérification très énergivore. Or, c’est ce protocole qui fait aujourd’hui la richesse des mineurs. Difficile, donc, d’imaginer un changement radical de système.
C : Un dossier brûlant dont on ne soupçonnait pas forcément l’existence en faisant ses achats sur internet, en tout cas. Merci Lucie Ronfaut de nous avoir apporté ces nouvelles chaudes du Bitcoin et de son impact environnemental inquiétant.
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