Corentin : Le jour du dépassement a été atteint le 1er août 2018. 7,5 milliards de personnes ont épuisé en 8 mois ce que la Terre produit en un an. Qu’arrivera t-il quand on atteindra 9,5 milliards d’individus en 2050 ? Que faudrait-il faire pour éviter les guerres, les pénuries et la famine ? Sommes-nous déjà trop nombreux sur la planète Terre ?
Des questions que l’on va se poser aujourd’hui dans la joie et la bonne humeur avec Laura Aupiais. Laura bonjour...
L : Bonjour Corentin, bonjour à tous.
Corentin : Alors, quel est le constat ?
L : Comme tu l’as dit plus tôt, nous sommes donc 7,57 milliards. Mais attention ici avec le terme de surpopulation. Nous ne sommes pas trop nombreux sur la planète. Le nombre n’a pour ainsi dire pas grande importance.
Quand on parle de surpopulation, et c’est là qu’intervient la notion du “jour de dépassement”, on fait référence à un état démographique qui se caractérise par le fait que le nombre d’individus d’une espèce vivante excède la capacité de charge de son habitat.
On se base alors sur l’empreinte écologique et la biocapacité. Sustainability Illustrated explique ces deux notions sur sa chaîne en juillet 2017.
[SON 1 Le jour du dépassement - 27s ou 19s]
A titre indicatif, si toute l’humanité vivait comme les Français le jour du dépassement serait le 5 mai. A cela s’ajoute, et rien de novateur ou de révolutionnaire là dedans, la pollution, le réchauffement climatique lié à l’activité humaine etc., etc. Vous voyez le tableau.
Corentin : A quoi cela est-il dû ?
L : Le problème encore une fois ne vient pas du nombre. Ramzig Keucheyan dans son livre La Nature est un champ de bataille dit que « la crise environnementale est liée au capitalisme et aux inégalités qu’il génère ».
Puisque quatre caractéristiques du capitalisme ont un effet néfaste :
le productivisme
la prédation
la dépendance aux énergies fossiles
consumérisme
Le capitalisme est un système économique qui s’appuie sur une croissance continue. Or dans un monde, ou sur une planète où les limites d’espace et de ressources sont connues, une croissance infinie n’est pas possible.
Corentin : Quels seraient les scénarios possibles, les systèmes économiques viables dans la durée ?
L : Il y a plusieurs hypothèses et je vais m’attarder sur trois d’entre elles. On a : la décroissance, le malthusianisme et l’économie de symbiose.
Corentin : Commençons par la décroissance. De quoi s’agit-il ?
L : La décroissance est un concept à la fois politique, économique et social né dans les années 1970.
Les décroissants reprochent au capitalisme ce que j’ai dit précédemment et l’aliénation par le travail. Il se prononcent plutôt pour une éthique de la simplicité volontaire.
Concrètement, ils invitent à réviser les indicateurs économiques de richesse, en premier lieu le PIB, et à repenser la place du travail dans la vie et celle de l’économie, de sorte à réduire les dépenses énergétiques et ainsi l’empreinte écologique. Et cela passe notamment par le “re-équilibrage Nord-Sud”, autrement dit entre les pays développés et en développement et la bioéconomie.
Corentin : La bioéconomie ?
L : Alors, oui, on parle aussi d’économie écologique. C’est une théorie économique développée par Nicholas Georgescu-Roegen au début des années 1970. Et au fil du temps, les bioéconomistes offrent trois options durables :
1) La sobriété, c’est-à-dire une réduction volontaire de nos consommations et de l’impact environnemental de celles-ci.
2) Une économie basée sur le renouvelable et le zéro carbone.
3) Les puits de carbone, autrement dit un réservoir naturel ou artificiel qui absorbe du carbone en circulation dans la biosphère. La biosphère comprend en résumé, tout ce qui se trouve entre les sols et l’atmosphère.
Corentin : Deuxième hypothèse dont tu parlais, le Malthusianisme ?
L : Donc le malthusianisme est une doctrine politique prônant la restriction démographique, inspirée par Thomas Malthus et son Essai sur le principe de population publié à la fin du XVIIIe siècle.
Selon lui, la population croît plus vite que les ressources disponibles.
Par conséquent, les politiques malthusiennes consistent principalement à un contrôle des naissances. Ce dernier peut s’effectuer de diverses manières, comme la Chine a pu le faire de manière assez extrême par exemple, ou en poussant les pays à faire leur transition démographique, ou encore en poussant les femmes à s’affranchir du patriarcat (éducation, travail = faible taux de natalité).
Corentin : Et enfin, l’économie de symbiose ?
L : L’économie de symbiose conjuguent l’agroécologie, les monnaies complémentaires, l’économie sociale et solidaire, l’économie du partage et l’économie circulaire. Pour Isabelle Delannoy, ingénieure agronome, On passe d’une économie « extractive », comme le capitalisme à une économie « régénératrice », l’économie de symbiose.
Il s’agirait d’une autre croissance, plus qualitative que quantitative.
Corentin : Il y existe d’autres pistes ?
L : Adrien Müller qui est un scientifique de l’institut de recherche de l’agriculture biologique à Frick en Suisse, pense qu’il est tout à fait possible de nourrir 9 ou 10 milliards d’individus avec une agriculture 100% biologique.
Il le montre dans une étude parue dans la revue Nature Communication. Je n’ai pas le temps malheureusement de vous détailler toute l’étude et sa méthodologie. Mais en bref, il y a trop de surfaces utilisées pour l’alimentation animale.
Si on baisse notre consommation de viande, on peut utiliser ses surfaces pour l’alimentation de l’homme et ainsi combler partiellement la différence de rendement entre l’agriculture biologique et conventionnelle.
Cela permet également de diminuer l’émission de gaz à effets de serre et la pollution des sols.
Corentin : De vastes programmes en perspectives. Mais le dénominateur commun, c’est que pour que ça fonctionne, il faut que tout le monde s’y mette.
L : C’est là où le bât blesse. Et c’est ce que nous dit également Adrien Müller sur le site parisinnovation, « il doit y avoir une discussion fondamentale sur ce que signifie vivre en tant que société dans un monde où nous avons un impact mondial ».
Corentin : Bon eh bien au moins, s’il y a bel et bien un gros problèmes, les solutions sont également sur la table. C’est déjà ça. Merci Laura ! Et à la prochaine.
Surpopulation : plus on est de fous, moins on vit ?
Le 1er août dernier, c’était le jour du dépassement. Le jour à partir duquel la population mondiale consomme plus que ce que la Terre est capable de produire chaque année. Pour résoudre ce problème, certains proposent de réduire la population mondiale. Est-on vraiment en surpopulation ? Voyons ça avec Laura Aupiais.
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