Corentin : Aujourd’hui, on va parler du FUTUR ! Eh oui du FUTUR !!
Omar : Euh Corentin, on va parler du futur de Huawei. Tu n’a pas lu ta fiche en entier.
C : Ah ? Ooooh ! Je me disais aussi que c’était un peu vague comme sujet. Et pourquoi tu veux parler du futur de Huawei du coup ?
O : Je sais que tu n’as pas vécu dans une cave ces derniers temps Corentin, tu dois donc savoir que l’avenir de Huawei est plus qu’incertain à l’heure qu’il est.
C : Ah oui je vois, tu fais référence à l’affaire qui oppose Huawei au gouvernement américain, c’est ça ?
O : C’est tout à fait ça ! Je vais essayer de résumer cette affaire très brièvement.
Ça fait des mois que Huawei est au cœur d’une guerre économique et politique entre les États-Unis et la Chine. Washington accuse Huawei de vouloir espionner les citoyens américains et Beijing veut défendre son champion.
Les tensions n’ont pas arrêté de s’intensifier, et boum !
[BRUIT EXPLOSION]
Donald Trump a frappé ! Avec un décret, le président des États-Unis a interdit à toutes les entreprises américaines de travailler ou de collaborer avec Huawei.
C : Et ça c’est un terrible coup dur puisque Huawei travaillait justement avec un sacré paquet d’entreprises américaines pour, entre autres, faire ses smartphones.
O : Oui et il y a surtout une entreprise qui a attiré tous les regards, c’est bien évidemment Google.
C : Ah oui, Google ! Cette petite startup qui monte.
O : Oui Google c’est une toute petite entreprise pas très connue…
Plus sérieusement, le géant du web est une firme américaine et doit donc respecter ce décret. Ce qui veut dire que Google a dû retirer la licence Android qu’il avait accordé à Huawei.
C : Et ça, ça veut dire que Huawei n’a plus le droit d’utiliser Android ?
O : Pas exactement. Pour être plus précis, il faut dire que Huawei n’a plus le droit d’utiliser Android avec les services Google.
Ça veut dire que Huawei doit dire au revoir aux applications de Google, comme YouTube par exemple, au revoir au Play Store -- donc l’endroit où on télécharge les applications -- ou encore dire au revoir à Play Protect qui est le programme de Google permettant d’avoir des patchs de sécurité.
C : Ah oui, c’est super grave. Et ça c’est valable sur tous les smartphones Huawei ?
O : Non, ce que je viens de dire ça s’applique aux futurs smartphones de Huawei et de sa filiale Honor. Pour les smartphones déjà sortis, a priori, tout va continuer de fonctionner normalement... sauf pour une chose.
Les produits déjà existants n’auront pas droit aux prochaines versions majeurs d’Android. Donc là cet été, Google va dévoiler la version finale d’Android 10 Q, mais les smartphones Huawei et Honor n’y auront pas droit.
C : Ah oui, donc Huawei est vraiment dans la mouise là.
O : Ah oui, on pourrait même être un peu plus vulgaire…
C : Je ne te permets pas Omar ! Mais du coup, c’est mort pour Huawei ?
O : J’ai envie de dire oui, mais il existe des solutions. Par exemple, on sait déjà que Huawei travaille sur un système d’exploitation alternatif. Apparemment, il serait basé sur AOSP.
C : Tut tut ! C’est quoi AOSP ?
O : AOSP c’est le projet open source d’Android. C’est Android sans Google quoi, c’est comme un squelette quoi. Et ça, Huawei a toujours le droit de l’utiliser.
Et cet OS maison de Huawei il pourrait a priori être prêt pour fin 2019 ou début 2020.
C : Ah bah c’est une bonne nouvelle ça ! Huawei peut s’en sortir même sans Google !
O : Oui et non. D’après les dernières informations, l’OS de Huawei pourrait faire tourner des applications Android. Donc, oui, ça c’est cool. Par contre, s’ils n’ont toujours pas le droit d’avoir les services Google, je leur souhaite bien du courage à aller convaincre le public occidental de se priver de YouTube, de Google Maps, de Google Chrome, de Google Docs, de Gmail, etc.
C : Ah oui, effectivement, c’est loin d’être gagné.
O : Et c’est pas fini. Y a pleiiiiin de développeurs d’applications qui sont américains et qui n’ont donc pas le droit non plus de travailler avec Huawei.
Ça veut donc dire qu’il faut aussi se priver de Netflix, d’Instagram, de WhatsApp, d’Amazon.
C : Donc si les États-Unis ne reviennent pas sur leur décision, Huawei serait presque obligé de se concentrer uniquement sur la Chine. Parce que là-bas, les consommateurs ont l’habitude d’utiliser des systèmes d’exploitation sans les services Google alors qu’en Europe c’est presque inimaginable.
O : C’est bien résumé. Mais je ne t’ai pas tout dit Corentin. Pour continuer d’exister, même si c’est uniquement en Chine, Huawei doit continuer à faire des smartphones qui fonctionnent. Et même ça, c’est pas gagné pour la marque chinoise.
C : Comment ça ?
O : Eh bien, en fait, la décision américaine ne concerne pas que des entreprises américaines. Le décret il touche aussi toutes les entreprises étrangères qui utilisent des technologies américaines. Et dans le lot, on trouve ARM.
ARM, c’est une firme britannique qui est spécialisé dans l’architecture de puces pour smartphones, qu’on appelle parfois grossièrement processeur.
En gros, quand tu fais des puces, tu as besoin d’une architecture pour faire ça bien. Et donc les architectures ARM sont indispensables pour les puces de Qualcomm, les puces d’Apple et aussi pour les puces de Huawei.
C : Et sans ces fameuses puces, les smartphones Huawei ne fonctionneraient tout simplement pas.
O : Huawei va devoir se passer d’ARM pour faire des puces qu’il pourra mettre dans ses smartphones. Sauf que se passer d’ARM ce n’est pas une mince affaire. Il doit sans doute exister des alternatives, mais voilà, c’est vraiment pas évident.
Après il faut savoir que Huawei aurait stocké assez de composants pour survivre encore un an. Mais bon, c’est de la survie quoi, c’est pas un plan de croissance très viable.
C : Le meilleur avenir pour Huawei ce serait finalement de convaincre les États-Unis de changer d’avis.
O : Et Huawei s’y attelle déjà. L’entreprise a entamé des procédures judiciaires pour prouver que cette décision était illégale et elle peut aussi compter sur le soutien de Google pour faire pression sur le gouvernement américain.
Et en plus de ça, tu as aussi la Chine qui riposte et qui se dit prête à limiter l’accès des États-Unis à ses matière premières.
Je te propose d’écouter rapidement mon ami et collègue Maxime Lancelin-Golbery de FrAndroid à ce sujet.
[EXTRAIT MAXIME HUAWEI]
C : En gros, tout le monde est perdant si ça continue. Avec un peu d’optimisme, on peut espérer un retour à la normale, non ?
O : Oui, tout à fait. Ce qui se passe autour de Huawei, ça a l’air d’être surtout des leviers de négociations entre la Chine et les États-Unis. Maintenant, il faut surtout croiser les doigts pour que les deux gouvernements entament rapidement des échanges plus posés pour obtenir des accords plus cordiaux.
C : Merci Omar pour ces explications. Moi j’ai un Honor et je t’avoue que j’espère ne pas avoir à le changer !
O : Garde espoir Corentin !
Est-on confiant sur l’avenir de Huawei ? Non, non…
Empêtré dans un conflit entre les États-Unis et la Chine, Huawei a été lourdement sanctionné par le gouvernement américain. Le constructeur n’a plus le droit d’utiliser les services Google sur ses futurs smartphones. Avec Omar Belkaab de « FrAndroid », nous verrons si un avenir sans Google est possible pour Huawei.
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