Angèle : Corentin, te souviens-tu du sujet de philosophie que tu as eu à traiter au bac ?
Corentin : /////
A : Le 18 juin dernier, nos futurs bacheliers ont dû plancher sur ça (EXTRAIT1)
L’épreuve de philosophie est toujours une étape pour les élèves, surtout quand on sait que c’est la seule matière qui n’est enseignée qu’à partir de la terminale. La philosophie est pourtant cruciale : quand elle est comprise et donc bien enseignée, elle est ce qui fait de nous des « citoyens éclairés », pour reprendre le terme de nombreux philosophes. Tellement importante qu’en février dernier, le gouvernement a voulu la revaloriser, mais très maladroitement et pas suffisamment selon des professionnels du secteur
C : En février dernier est sorti le rapport Mathiot : il préconise pour le bac de 2021, entre autres, de faire de la philosophie une matière « universelle »
A : Universelle. Qu’est ce que cela veut dire. Les élèves qui entrent en seconde en septembre prochain auront un nouveau bac. Dans ce nouveau bac, la philosophie sera une épreuve universelle. En ce sens, chaque élève, de chaque filière, aura le même nombre d’heures de philosophie. Si vous voulez en faire plus, ce sera une option.
Pour Thomas Schauder, professeur de philosophie et auteur d’un article sur le sujet dans Le Monde, c’est un faux semblant (EXTRAIT 2 interview 0:29sec)
C : Certains professionnels du secteur dénoncent un rapport flou qui ne prend pas les problèmes de l’enseignement de la philosophie en France à bras le corps
A : Ils serait par exemple indispensable pour les professeurs de philo d’avoir des classes plus petites, dit Thomas Schauder. Et cela n’a pas été évoqué dans le rapport.
Car oui : la philosophie n’est pas une matière comme les autres. Elle ne s’enseigne pas comme des mathématiques ou de la littérature qui consistent généralement, elles, à s’abreuver de connaissances, les comprendre, puis les retranscrire. Le principe même de la philosophie est de poser un problème, ses questions et rien ne permet forcément d’y répondre. Sans forcément parler de discussion non plus, la philosophie s’enseigne dans le but de revaloriser l’esprit et amener des connaissances pour mieux réfléchir.
L’autre écueil, c’est que rendre l’enseignement de la philosophie universel en 2021 accroitrerait les inégalités sociales. Dans Le Monde, le professeur de philo Thomas Schauder dénonce une « barrière mentale » en ce qui concerne la philosophie. Il nous explique ce qu’il entend par là (EXTRAIT 3 interview 23sec)
Se pose alors un problème plus général : pourquoi n’enseigne-t-on pas la philosophie plus tôt en France, ce qui permettrait d’aborder plus sereinement toutes ses doctrines et problématiques ?
C : C’est une question de volume horaire, non ?
A : C’est un peu la version officielle effectivement. Nous ne pouvons pas commencé la philosophie avant la terminale car les lycéens ont déjà beaucoup trop d’heures de cours obligatoires. Mais selon Thomas Schauder, ce n’est pas la seule raison (EXTRAIT 4 interview 0:25sec)
C : Pourtant, les enfants ont peut-être des choses à dire, eux aussi, et l’envie d’apprendre à philosopher.
A : C’est ce qu’on voulu montrer la réalisatrice Cécile Denjean et l’écrivain et philosophe Frédéric Lenoir. Leur reportage, intitulé “Le cercles des petits philosophes” a été diffusé dans Infrarouge, sur France 2, en février dernier.
Pendant un an, tous deux ont sillonné une dizaine d’écoles primaires, tentant d’avoir des débats d’idées avec des enfants. Développer, avec eux, une pensée personnelle (EXTRAIT 5)
Si la philosophie n’est pas enseignée plus tôt, c’est parce qu’aucun gouvernement n’a pour l’heure décidé d’en faire une discipline à part entière, dès la seconde ou le collège. Son enseignement peut se trouver dans d’autres matières, comme l’éducation civique, les sciences sociales ou la littérature, mais la dialectique philosophique comme nous l’avons en Terminale et d’une manière bien plus poussée dans l’enseignement supérieur, arrive sur le tard.
C : Mais en France, nous sommes plutôt bien lotis sur l’enseignement de la philosophie par rapport à nos voisins européens.
A : Déjà par ce qu’on nous enseigne : pas de bachotage, pas de citation d’auteurs à revomir (à priori), mais un enseignement basé sur la réflexion personnelle. Tous les professeurs de philosophie vous diront qu’ils n’attendent pas que vous recitiez des auteurs, mais plutôt qu’ils soient nommés dans un contexte bien particulier. Cela demande à ce que l’élève ait compris ce que l’auteur a bien voulu lui dire.
Nos voisins européens n’ont pas toujours cette chance. Les jeunes espagnols, par exemple, n’ont que des cours d’Éducation Civique, puis d’Histoire de la philosophie. En Suisse, Suède ou en Pologne, elle n’est qu’optionnelle. Selon Slate, dans certains lander, les élèves doivent choisir dès 14 ans entre les cours de philosophie et les cours de religion.
C : La philosophie s’inscrit donc rarement en tant que discipline à part entière en Europe.
A : Non, mais le fait que cela soit le cas en France n’est pas un gage d’exemplarité, vous l’aurez compris. Reste à voir désormais le nouvel enseignement de la philosophie qui sera au programme du bac en 2021.
C : Affaire à suivre donc. Merci Angèle pour nous avoir exposé ces pistes de réflexion sur l’enseignement de la philosophie et à très vite.
Pourquoi la France n’a pas encore tout compris à l’enseignement de la philosophie
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, en France, on aime bien donner des cours de philosophie. Toutefois, de nombreuses améliorations quant à l’enseignement de cette matière sont possibles. Dissertons sur la question avec Angèle Chatelier.
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