Corentin : C’est un machin plutôt bizarre que Geoffroy Husson de Frandroid vient de ramener aujourd’hui dans le studio des Croissants. C’est quoi cette chose, Geoffroy ? Ça va exploser ?
Geoffroy : Mais non Corentin, rassure-toi, tout va bien, c’est un smartphone. Le pire qui puisse arriver, c’est qu’il se mette à vibrer pendant l’enregistrement parce que j’ai oublié de mettre le mode avion.
C : Mais non, c’est pas un smartphone. Un smartphone ça a un dos en verre, c’est lisse et surtout, ça n’a pas un dos texturé avec des LEDs qui clignotent dans tous les sens
G : Ah oui, ça…
C : Oui, ça !
G : Mais ce n’est pas un smartphone comme les autres, tu vois, c’est un smartphone de gamer…
C : *grand éclat de rire*
G : Mais pourquoi tu rigoles Corentin ? C’est très sérieux !
C : Désolé, je n’ai pas pu m’en empêcher. Alors comme ça dans la tech et chez les smartphones aussi, on se fait avoir par le marketing gamer ?
G : Eh oui, depuis un an, c’est une tendance qui commence à se détacher très clairement dans le monde des smartphones.
On a d’abord eu le fabricant de PC et d’accessoires Razer qui a lancé son Razer Phone en 2017, puis ça a été une petite déferlante. Derrière, Xiaomi a suivi avec le Black Shark, puis Asus avec le ROG Phone, Honor avec le Honor Play et ZTE avec le Nubia Red Magic.
C : Mais ils apportent quoi concrètement ? Ils ont des processeurs plus puissants ?
G : Ah non, clairement pas. En fait, il faut savoir que le processeur pour smartphones Android le plus puissant du marché, est déjà utilisé par la plupart des modèles hauts de gamme ou milieu de gamme classique. C’est le Snapdragon 845. Et c’est ce même processeur qui va se charger de la partie graphique et donc de l’affichage des jeux en 3D sur smartphone, pour Arena of Valor, PUBG Mobile, Fortnite ou Clash Royale.
Et évidemment, la plupart des smartphones gaming que je t’ai cités ont donc repris cette puce, le Snapdragon 845. Mais là-dessus, et bien c’est la même chose que les smartphones plus classiques.
C : Mais un PC pour gamer, c’est un PC plus puissant, avec une grosse carte graphique. Comment est-ce que les constructeurs justifient ce marketing alors, si ce n’est pas grâce à la puce ?
G : Eh bien pour faire passer la pilule de ces design souvent hideux, il y a plusieurs solutions. La première, initiée par Razer sur son Razer Phone, c’est un affichage en 120 Hz. En gros, ça permet à l’écran d’afficher jusqu’à 120 images par seconde, contre 60 Hz pour la plupart des smartphones classiques du marché. En gros, c’est comme si tu avais non pas un PC de gamer, mais un PC et un écran de gamer, et donc que tu pouvais profiter de toute la fluidité offerte par ta carte graphique à l’écran. C’est ce qu’expliquait mon collègue Maxime de Frandroid en avril dernier.
[Insert Maxime]
C : Et Razer est le seul constructeur à avoir repris cette idée du 120 Hz ?
G : Non, bien évidemment. Dans une moindre mesure, cette plus grande fluidité a aussi été reprise par Asus avec le ROG Phone. L’écran monte à une fréquence de 90 Hz, donc 90 images par seconde. Mais ce n’est pas la seule option gaming du smartphone.
C : Ah, lui aussi a des LED rouges à l’arrière ?
G : Oui, exactement. Il a même non pas une prise USB, mais deux. La deuxième sert en fait à connecter plein de périphériques au smartphone, pour pouvoir mieux en profiter en conditions de jeu.
Par exemple, il y a un accessoire qui permet de refroidir le téléphone quand on joue avec, pour éviter que la batterie ne s’essouffle trop vite ou que le téléphone ne te brûle les doigts. Il y en a un autre qui ajoute un deuxième écran pour les jeux compatibles. Et enfin, un troisième accessoire permet tout simplement de bénéficier de véritables manettes de chaque côté du ROG Phone, avec des boutons physiques et des sticks, un peu comme sur la Switch.
C : Ah oui je vois, au moins il y a tout un écosystème qui a été bâti autour, c’est plutôt malin.
G : C’est une bonne idée, oui. Tellement bonne qu’elle a aussi été adoptée par Xiaomi pour son Black Shark. Cette fois, ce n’est pas une manette de chaque côté, mais une seule, qui se positionne à gauche de l’écran et qui va permettre d’ajouter un stick, bien pratique pour se déplacer dans PUBG Mobile par exemple. Par contre, pour la visée il faudra toujours passer par l’écran tactile.
C : Donc les principaux avantages des smartphones gaming, ce sont les écrans avec un meilleur rafraîchissement et les périphériques. J’ai bon ?
G : Tu as bon, mais ce n’est pas tout. Souvent, les constructeurs vont aussi communiquer sur un refroidissement liquide, un peu comme sur ordinateur, mais aussi sur un son stéréo pour mieux localiser l’origine de sons en jeu, ou des fonctions logiciels pour libérer de la mémoire ou bloquer les notifications lorsque vous jouez, pour profiter au mieux de votre partie.
Et puis il y a une autre option avec le Honor Play…
C : Qu’est-ce qu’il a celui-là ? Un clavier mécanique intégré ?
G : Pas du tout Corentin, au contraire. En fait, c’est un smartphone très classique, y compris dans son design. Il n’a pas de LED, mais de taux de rafraîchissement particulier, mais comme son nom l’indique, il est quand même destiné aux « gamers ».
C : Et pourquoi donc ?
G : Tout simplement parce qu’il embarque le processeur le plus puissant de Huawei et Honor à l’heure actuelle, le Kirin 970. En soi, il n’a rien qui le détache vraiment de ses concurrents donc, sinon son prix. Le Honor Play est proposé à 329 euros. Et là où Xiaomi, Asus ou ZTE attaquent le marché des smartphones gamer par le haut, Honor tente d’y aller par le bas, tout simplement en proposant un smartphone puissant à un tarif très attractif, comme l’expliquait la rédaction des Numériques.
[Insert Les Numériques]
C : Mais à la fin, il y a vraiment un marché pour ces smartphones là ? Ça existe, les gamers sur smartphone ?
G : Evidemment que ça existe. On en voit énormément dans le métro. Le souci c’est que souvent ce sont des gamers qui s’ignorent. Ils jouent pour le plaisir avant tout, et ça reste bien compliqué de viser sur un FPS sur un écran tactile qu’à la souris ou la manette.
De mon côté, même si de plus en plus de fabricants s’y mettent, j’ai du mal à voir autre chose qu’un marché de niche. Parce que je peine à imaginer le grand public acheter des smartphones qui clignotent dans tous les sens, avec des bords anguleux et des dos texturés juste pour passer quarante minutes par jour à jouer à Fortnite, alors qu’un OnePlus 6 s’en sortira quasiment aussi bien, tout en restant nettement plus discret.
C : Merci Geoffroy pour toutes ces précisions et à très bientôt !
À quoi jouent les constructeurs de smartphones gaming ?
Tout comme le matériel informatique, les smartphones n’échappent pas au marketing qui cible les « gamers ». On trouve ainsi des téléphones au look moins épuré, avec des LED partout, mais aussi quelques fonctionnalités pensées pour favoriser la pratique vidéoludique. Essayons de voir si le jeu des smartphones « gaming » en vaut la chandelle avec Geoffroy Husson de « FrAndroid ».
0:00
6:50
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.