Sommaire : Le CES 2019 a récemment fermé ses portes. Le plus grand salon Tech au monde attire toujours énormément de monde. Et on y aura notamment vu beaucoup de startup françaises qui étaient massivement représentées. Malheureusement, pour la French Tech, cette stratégie du nombre se fait un peu au détriment de la qualité comme nous l’expliquera Omar Belkaab de FrAndroid.
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Corentin : Aujourd’hui j’accueille Omar Belkaab de FrAndroid. Comme toujours il est plein d’entrain, plein d’énergie et plein de bonne humeur !
Omar : Mouais…. Coucou les gens....
C : Eh bien ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu as l’air tout épuisé.
O : Épuisé, c’est le mot ! Je ne sais pas si tu le sais Corentin, mais j’étais récemment au CES -- le Consumer Electronic Show -- à Las Vegas. C’est LE plus grand salon Tech au monde.
C : Mais c’est trop bien ça ! T’as dû voir tellement de choses incroyables, des technologies du futur, tout ça tout ça !
O : Bien sûr bien sûr., Ce cru 2019 était plutôt sympa avec des TV enroulables ou modulables, un smartphone pliable, de la 5G, des voitures autonomes, des robots… J’en ai pris plein les yeux ! C’était vraiment cool, je ne vais pas cracher dans la soupe. Non, si je suis fatigué, c’est parce que, comme je l’ai dit, c’est LE PLUS GRAND salon dédié aux nouvelles technologies au monde.
Mais en réalité il est surtout TROP grand ce salon (bon sang de bonsoir) ! Il y a trop de stands à explorer et des kilomètres d’allées à parcourir et des tonnes d’escaliers à grimper ! Donc oui je suis exténué !
Et justement je voulais te parler d’un détail qui a bien contribué à ma fatigue.
C : Laisse moi deviner : le décalage horaire, te faire bousculer par la foule, manger trop de burgers…
O : Alors oui, je vais pas te mentir, il y a un peu de tout ça… Mais moi je voulais parler de la French Tech qui a été plus que jamais présente à cette édition 2019 du CES.
C : Mais Omar, qu’est-ce que donc que la French Tech ?
O : Très bonne question Corentin ! Permets moi de te répondre avec cet extrait d’un reportage de France 24 diffusé en 2016.
[EXTRAIT French Tech]
Ce qu’il faut retenir c’est que la French Tech c’est un label qui regroupe plein de startups françaises pour leur donner plus de visibilité, plus d’opportunités, plus de réseau.
Et surtout, plus globalement, la French Tech ça permet aussi de dire au monde entier : « hé les gars, dans la Tech il n’y a pas que les Américains et les Chinois. Les Français aussi sont dans la place. Ils sont dans le game ! ».
C : Bah dis comme ça on dirait une initiative assez positive. Pourquoi est ce que la French Tech t’a fatigué ?
O : Parce que cette année il y a vraiment eu TROP de French Tech. Pour essayer de le résumer brièvement : la French Tech a été un ilôt d’overdose dans l’océan d’overdose qu’est déjà le CES. Ça fait beaucoup d’overdose..
Et donc à l’Eureka Park -- c’est la partie du salon qui est dédiée aux jeunes entreprises --, 381 startups françaises avaient fait le déplacement. C’est plus que les États-Unis qui comptaient 341 startups sur place. Sauf que les Etats Unis c’est le pays qui organise l’événement, c’est 5x plus peuplé que la France et c’est le premier marché technologique en Occident. C’est donc assez normal j’ai envie de dire qu’ils soient aussi nombreux.
Du côté français, par contre, on peut se demander si c’est pas un peu trop. Il y a même un entrepreneur cité par Le Journal du Net affirmait que la France était « la risée du CES ». Carrément quoi.
C : Mais je suis pas sûr de bien comprendre. Concrètement, à part le fait que ce soit fatigant d’aller visiter tous les stands de la French Tech, c’est quoi le souci ?
O : Eh bien de plus en plus de personnes reprochent à la délégation française d’embarquer des startups qui n’ont pas grand chose à faire sur le salon.
Le consultant spécialiste du CES Olivier Ezrati parle notamment d’erreurs de casting qu’il déplore depuis plusieurs années. Pour lui, il y a deux types d’erreur : la première c’est qu’il y a trop d’entreprises qui viennent présenter des solutions dédiées à des professionnels alors que la thématique du CES ce sont les technologies grand public.
C : Ils sont un peu hors sujet quoi.
O : Exactement. La seconde erreur pointée du doigt, c’est qu’il y a des startups qui viennent tout simplement trop tôt sur le salon et dont le produit est trop loin d’être terminé pour être crédible ou pour marquer les esprits;
C: Olivier Ezrati déplore même une forme d’amateurisme. On l’écoute dans cet extrait tiré du podcast Disruption protestante diffusé en 2018.
[Olivier Ezrati]
O : La French Tech c’est donc un label qui veut valoriser la qualité technologique française, sur le plan international notamment. Mais le problème c’est que sur un salon aussi important que le CES, ce label donne l’impression de valoriser la quantité au détriment de la qualité.
C : Mais du coup qu’est-ce qu’elle pourrait faire la French Tech pour améliorer cette image ?
O : Pour ça, Olivier Ezrati,encore lui, milite pour qu’on repense la manière dont s’organise la French Tech sur place.
Parce qu’il faut savoir que dans la plupart des cas, ce sont les régions françaises qui, grâce à des subventions, envoient des startups au CES.
Du coup, dans la zone French Tech à Las Vegas, on se retrouve avec un bloc Bretagne ici, un bloc Centre là-bas, un bloc Rhône-Alpes Auvergne au milieu…Ce n’est pas vraiment pertinent.
C : Oui on imagine mal un Américain se dire « tiens ! J’ai particulièrement envie de faire un tour du côté du stand Nouvelle Aquitaine »
O : Oui voilà c’est bien de mettre en avant les talents de nos régions, mais dans le cadre du CES ce n’est pas très efficace comme stratégie.
Et donc pour y remédier, la French Tech pourrait définir à chaque fois une thématique et se dire par exemple : cette année on va axer notre présence sur la robotique et l’Internet des objets. Et du coup, il y aurait une sélection plus réfléchie pour déterminer les startups qui sont vraiment pertinentes dans ces domaines précis.
C : Je vois. Eh bien merci Omar pour ces détails sur la manière dont la France est représenté au plus grand salon tech du monde. En l’occurrence mal !
O : Je t’en prie. Je voudrais juste préciser une dernière chose. Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État au numérique, a récemment annoncé qu’il voulait créer un indice au sein de la French Tech qui s’appellerait Next 40 et qui aurait pour objectif de promouvoir les startups au plus fort potentiel.
Donc c’est un bon début de sélection déjà.
C : Eh bien on croise les doigts ! Et je t’invite à aller te coucher avant que ta fatigue ne contamine tout le monde de si bon matin.
O : (baillement) Tu as raison je vais aller me coucher. Bonne nuit sur Les Croissants !
French Tech au CES : la France y va-t-elle trop franco ?
Le CES 2019 a récemment fermé ses portes. Le plus grand salon Tech de la planète attire toujours énormément de monde. Et on y aura notamment vu beaucoup de start-up françaises qui étaient massivement représentées. Malheureusement, pour la French Tech, cette stratégie du nombre se fait un peu au détriment de la qualité comme nous l’expliquera Omar Belkaab de « FrAndroid ».
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