T’es déjà allé à Las Vegas Corentin ?
Réponse
Eh bien moi j’y suis allée pour la première fois au mois de janvier. Pas que pour profiter des casinos et des concerts de Céline Dion, mais surtout pour assister au CES, le consumer electronics show. C’est le plus grand évènement consacré à l’électronique grand public. Il s’agit d’un salon professionnel : y sont invitées des entreprises, des analystes financiers et des journalistes. Toutes les grandes sociétés des nouvelles technologies y vont pour présenter leurs nouveautés. Intel, Samsung, Nvdia, Panasonic, LG ...On y trouve aussi pas mal de start-up qui y font la promotion d’objets connectés divers et variés.
OK donc aujourd’hui tu vas nous parler d’objets connectés ?
Pas vraiment …
De robots ?
Pas que …
De machines à laver plus grandes que toi dotées d’une intelligence artificielle ?!
Oulà, non ! Aujourd’hui, j’avais plutôt envie de vous parler de ce qui n’a pas fonctionné au CES. Les bugs, les petits grains de sable dans les très nombreuses machines présentées au salon. Car pour moi, les erreurs des nouvelles technologies sont aussi significatives que leurs réussites. Je m’explique.
Déjà, il faut savoir que le CES est un vieux salon. Il a été créé il y a cinquante ans. A l’époque, il se tenait à New York et on y présentait surtout des téléviseurs. Il a depuis déménagé à Las Vegas. Sa taille a aussi largement grossi. La première édition du CES comptait 200 exposants. Cette année, il a hébergé plus de 4000 entreprises. On était 184.000 visiteurs à arpenter les allées du salon pendant cinq jours. C’est à peu près l’équivalent de la population totale de Reims, la ville où je suis née !
Cette “Spéciale dédicace” est bien notée
Le CES est donc une machine bien huilée. Mais qui peut encore se gripper. Cette année, par exemple, il a beaucoup plu lors du premier jour du salon. Or, Las Vegas n’a pas l’habitude de la pluie : les rues n’ont même pas de gouttière. Résultat, le salon a littéralement pris l’eau. De la pluie est tombée au sein du Las Vegas Convention Center, où se tient une partie de l’évènement. Des entreprises ont du fermer temporairement leur stand. Et l’électricité a même sauté pendant deux heures, à cause de la condensation qui a fait planter un générateur.
Pour un salon qui prétend réfléchir au futur des nouvelles technologies, et donc au futur tout court, ça la fout mal (ou une variation sur ce thème)
Exactement ! Et ce qui est drôle, c’est qu’au final, j’ai trouvé autant de choses intéressantes en dehors du CES qu’à l’intérieur du CES. Parce que les stands et les conférences de presse c’est bien gentil, mais les démonstrations c’est encore mieux. Par exemple, je suis montée à bord d’une voiture autonome dans le centre ville historique de Las Vegas, sur une vraie route, et elle n’a écrasé personne. Et c’était une expérience très cool !
Ah bah si elle avait écrasé quelqu’un, je subodore que l’expérience eut été moins cool, oui !
Autre évènement en dehors du CES, mais qui dit beaucoup du CES : un artiste a installé des robots stripteaseurs dans une boîte branchée de Las Vegas. En gros, ce sont des machines qui font du poledance, mais qui ont une caméra de surveillance à la place de la tête. A l’origine, le projet a été créé il y a quelques années pour dénoncer la société de surveillance et le voyeurisme. Sauf que les robots ont eu tellement de succès que l’artiste les loue maintenant pour animer des soirées, comme dans celle organisée au CES. C’est une histoire assez marrante et ironique : une oeuvre d’Art censée dénoncer les travers des nouvelles technologie a finalement été corrumpue par l’industrie du numérique, qui s’en sert pour se divertir.
Dernière chose intéressante que j’ai vu en dehors du CES : j’ai assisté à un ballet de drones devant les fontaines de l’hôtel Bellagio. Il était organisé par Intel : et honnêtement, c’est la première fois que j’ai été bluffé par des drones. Ca change des jouets que tu offres à ton cousin et qui l’explose dans la télévision de mamie au bout de deux heures.
[SON DRONE QUI SE CRASHE]
Mais du coup le CES, ce n’est pas intéressant ?
Si ! C’est un rendez-vous majeur des nouvelles technologies. Mais le futur du numérique ne se joue pas qu’à Las Vegas. Par exemple, il faut aussi s’intéresser aux gens qui ne se trouvaient pas aux CES. Parmi les grands absents de cette édition : Ajit Pai, chef de la FCC, le gendarme américain des télécoms. Il devait y participer à un débat sur la Neutralité du Net, dont il a oeuvré à l’abolition aux Etats-Unis il y a quelques semaines. On sait qu’il a reçu de nombreuses menaces depuis le vote ; sans doute voulait il aussi éviter de parler de ce sujet très polémique, et qui pourrait transformer le secteur du numérique au Etats-Unis.
Mais l’industrie du numérique a également démontré son aspect encore très masculin.
Eh oui. Au CES, on n’a pas vu beaucoup de femmes. Le salon organise une poignée de “keynotes”, des grandes conférences qui traitent de l’avenir des nouvelles technologies. Pour la deuxième année consécutive, aucune investisseuse, entrepreneuse ou développeuse n’a été invitée pour animer l’une de ces conférences.
Ce que je déduis de tout ça, c’est que le CES est à l’image du secteur des nouvelles technologies. Ca brille, ça parle fort, ça dépense beaucoup d’argent. C’est souvent innovant et intelligent. Et parfois ça ne réfléchit pas aux problèmes les plus simples, comme une journée de pluie, la nécessité d’un Internet libre, ou de représenter la moitié de l’humanité. Bref, les nouvelles technologies sont fascinantes, mais pas infaillibles.
Merci pour cette collection de couacs Lucie, ce qui prouve que tout ce qui se passe à Vegas, ne reste pas forcément à Vegas. À bientôt !
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