[Musique Nintendo Labo]
Corentin : Alors comme ça, Geoffroy chaud patate attaque sa chronique sur la musique de Nintendo Lab. On va parler de la Switch aujourd’hui ?
Geoffroy : Eh oui, une fois n’est pas coutume mon cher Corentin, aujourd’hui nous allons parler un petit peu de jeux vidéo. Il faut dire qu’avec la présentation de Nintendo Labo, l’éditeur japonais nous a servi cette chronique sur un petit plateau.
Nintendo a en fait présenté mi-janvier un nouveau concept de jeux en carton. Et ce n’est pas une manière de me moquer, loin de là. Il s’agit de deux jeux, Multi Kit et Robot Kit, comprenant certes une cartouche pour la Switch, mais aussi des planches en carton prédécoupées. Ces planches permettent d’assembler des accessoires plus ou moins poussés. On pourra ainsi, à partir du 20 avril, fabriquer un piano, une petite maison, une voiture ou un robot dans lesquels on glissera les Joy Con, les manettes de la Switch, pour commander directement le jeu.
C : Ça a d’être un excellent concept pour les enfants en tout cas !
G : Pas seulement pour les enfants, mon petit Corentin, pas seulement. Tu ne vas pas me faire croire que, quand tu as vu l’annonce, tu n’as pas eu une petite lumière dans ta tête qui s’est mise à clignoter en mode « il me le faut, j’achète ! » ?
C : Si, c’est vrai, un petit peu, mais c’est cher quand même, à 80 euros.
G : Evidemment, ça fait cher les bouts de carton. Mais tarif mis à part, il faut dire que Nintendo ne s’appuie en fait pas que sur les enfants pour écouler son nouveau concept. Les figurines Lego Dimensions, Disney Infinity ou Skylanders se destinaient clairement aux enfants. Nintendo Labo va plus loin en apportant une dimension de bricolage qui fait échos à la culture hacker et à la communauté geek.
C : Comment ça la communauté hacker ? Je ne vois pas du tout le rapport avec le piratage…
G : Houla, on va revenir aux bases, Corentin. Si le terme hacking a pris, depuis une vingtaine d’années, une approche très liée à la cybersécurité, le terme est bien plus ancien que ça. Il remonte en fait aux années 60, notamment avec John Draper, alias Captain Crunch, l’un des premiers pirates modernes connus. Le gus, militaire et fils d’ingénieur, avait remarqué que la fréquence sonore diffusée par le sifflet offert en cadeau dans les céréales Cap’n Crunch permettait de passer des appels gratuits. Il s’agissait en fait de la fréquence utilisée par l’opérateur AT&T pour les appels longue distance.
C’est la première fois que l’on a vu apparaître le terme de hacking, sous la forme d’une sous culture avec des individus adeptes de bricolage qui cherchent avant tout à comprendre les ressorts des technologies qu’ils utilisent, quitte à bricoler par-dessus pour les améliorer.
C : D’accord, mais je ne vois pas très bien le rapport avec Nintendo Labo.
G : Le bricolage, Corentin. C’est la même bidouille qui va pousser les hackers à comprendre ce qui se cache derrière les objets et les constructeurs à proposer de plus en plus d’objets à fabriquer, surfant sur l’esprit « do it yourself », faites-le vous-même en français.
Ces dernières années, on a vu de plus en plus de produits tech qui reprennent d’ailleurs cette philosophie. D’abord les imprimantes 3D. Il vous suffit de dénicher un modèle 3D sur Internet, d’imprimer ce que vous voulez et ainsi de réparer le petit bitoniau cassé sur votre réfrigérateur sans passer par le SAV. Il en va de même pour les micro-ordinateur type Arduino ou Raspberry Pi qui vous permettent de le destiner à un usage unique pour bidouiller une station météo ou une console de retrogaming, comme ici, la chaîne YouTube Le Jeu C’Est Sérieux.
[Super Nes Mini]
C : Mais tu parlais des marques qui surfent sur cet esprit-là….
G : Eh oui, on l’a vu de plus en plus apparaître, et ce dans plusieurs domaines. D’abord avec les smartphones dont certains modèles se veulent maintenant modulaires comme le LG G5 sorti en 2016 ou la gamme Moto Z de chez Motorola. À chaque fois, l’idée est que pour permettre à un utilisateur de personnaliser davantage son smartphone en fonction de ses besoins, il est possible d’acheter un module qui proposera de meilleures photos, une meilleure batterie ou un meilleur son.
L’idée vient en fait du projet PhoneBloks du designer hollandais Dave Hakkens en 2013. Il imaginait un smartphone qui soit comme une tour de PC dont tous les éléments, écran comme processeur ou stockage peuvent être remplacés au fil du temps. Le concept a finalement été repris par Google au sein du projet Ara avant d’être totalement abandonné. Le meilleur successeur, c’est finalement le constructeur Fair Phone qui propose, sous couvert d’éthique et de développement durable, un smartphone dont tous les éléments peuvent être facilement remplacés, comme l’expliquait Future Mag sur Arte en janvier 2016.
[Insert Fair Phone]
C : Mais j’y pense, Google aussi a fait du carton, non ?
G : Eh oui, si Google a lancé l’an dernier son propre casque de réalité virtuelle en plastique et en mousse, baptisé DayDram View, concurrent du Gear VR de Samsung, ce n’est pas le premier.
Le tout premier casque de réalité virtuelle de Google s’appelait Cardboard, littéralement carton, et était livré prédécoupé dans une planche... en carton. Les consommateurs devaient alors l’assembler avant de jouer avec. Comme quoi, finalement, Nintendo n’a rien inventé.
C : Merci Geoffroy pour cette chronique qui va faire un carton ! Oh oh ! Et à très vite.
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