Corentin : Ah non Lucie ! Pas besoin de te la jouer alarmiste en criant sur tout les toits “attention les robots vont prendre le pouvoir comme dans Terminator !” Certaines personnes sont suffisamment crédules pour te prendre au sérieux !
Lucie : Je te rassure Corentin ! On va tenter de tous garder notre calme. Tout va bien se passer. Aujourd’hui, on va en effet parler d’intelligence artificielle. Depuis quelques années, c’est un sujet à la mode. Je suis sûre que vous en avez déjà entendu parler dans votre quotidien. Au travail, en regardant une série Netflix, en allumant la télévision ou en lisant le journal... Et si on prête attention à ce discours médiatique, il est logique d’avoir peur de l’intelligence artificielle. On imagine des robots qui vont tous nous mettre au chômage, qui vont nous tuer, qui vont remplacer les femmes dans le lit des hommes hétérosexuels. Bref, rien de très réjouissant.
C : D’où la musique de Terminator...
L : Oui ! Car les clichés sur l’intelligence artificielle, c’est comme Terminator. C’est sympa pour se faire peur pendant deux heures, mais cela reste de la fiction. Déjà, il faut rappeler les bases. On ne parle pas d’”une” intelligence artificielle. D’après le Larousse, on parle plutôt de “l’’ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence”. Une intelligence artificielle ne désigne pas forcément un robot, ou même un logiciel. Il peut s’agir d’une théorie ou d’une équation mathématique.
Ce qu’il savoir aussi, c’est que l’intelligence artificielle n’est pas neuve. On date généralement la naissance du concept dans les années 50. Plusieurs scientifiques, comme des mathématiciens ou des ingénieurs, se sont demandé si les machines pouvaient surpasser les hommes dans certaines tâches, surtout celles qui appellent à l’intelligence. Ça a l’air simple dit comme ça, mais au final nous même, on ne sait pas trop ce que signifie l’intelligence ! Les premiers travaux sur le sujet se sont donc concentrés sur différents aspects de ce qui fait qu’un homme est plus malin que d’autres animaux. Il ne s’agissait pas de batir des machines similaires à nous, mais plutôt imitant l’une de nos facultés. L’exemple le plus emblématique est celui d’Alan Turing. Vous avez peut être déjà entendu parler de son test, le test de Turing. Il consiste en le fait de faire discuter, par texte, une machine et un homme. Si l’homme ne se rend pas compte que son interlocuteur est une machine, alors cette dernière a remporté le test.
SON DOROTHEE
C : COMMENT CA SE FAIT QU’ON PARLE AUTANT D’IA AUJOURD’HUI ?
L : Parce que l’intelligence artificielle nous fait de nouveau rêver ! A l’époque des premiers travaux en la matière, dans les années 50, les résultats ont été considérés comme assez décevants. L’informatique n’était pas encore assez évoluée. On avait besoin d’immenses ordinateurs pour produire le moindre résultat. C’est le début de ce qu’on appelle “l’hiver de l’intelligence artificielle”. Personne ne croyait plus vraiment en la capacité des scientifiques de mettre au point des machines capables d’imiter notre intelligence. Les recherches ont ralenti, faute de moyens humains et financiers.
Aujourd’hui, la situation a radicalement changé. L’informatique a fait d’immenses progrès, en termes de puissance de calcul et de miniaturisation des ordinateurs. Un smartphone peut aujourd’hui faire des choses qu’un ordinateur militaire était incapable de produire il y a trente ans. Ca a eu un impact énorme sur les recherches en intelligence artificielle. Et ces progrès ont attiré les grandes entreprises des nouvelles technologies, qui investissent toutes massivement dans le secteur. Cela a donné lieu à quelques prouesses, comme des programmes capables de jouer au go mieux que des hommes, de lire et de comprendre un texte, de reconnaître des visages, etc.
C : MAIS ALORS EST-CE QUE CA VEUT DIRE QUE LES MACHINES SONT AUSSI INTELLIGENTES QUE NOUS ?
L : Pas du tout. L’un des courants populaires de l’intelligence artificielle est d’imiter le fonctionnement du cerveau, en reproduisant des neurones numériques. Cela permet ce qu’on appelle le “deep learning”, ou l’apprentissage profond. En théorie, grâce à cette technique, une machine peut apprendre d’elle même. Mais cela ne veut pas dire qu’elle est consciente. L’intelligence artificielle telle qu’on l’applique aujourd’hui est faible : on peut seulement l’appliquer sur des tâches précises. Yann Lecun, en charge des recherches en intelligence artificielle chez Facebook, a récemment affirmé que les intelligences artificielles n’étaient pour le moment pas plus intelligentes qu’un rat.
C : DU COUP IL NE FAUT PAS AVOIR PEUR, ALORS ?
L : Il faut plutôt être attentif. Car l’intelligence artificielle pose effectivement des problèmes bien réels. Ils ne sont juste pas forcément ceux qu’on craint aujourd’hui. Par exemple, beaucoup de ces programmes reposent sur l’exploitation de travailleurs du clic. Des gens, souvent dans des pays en développement, qui sont payés une misère pour entraîner des intelligences artificielle ou ordonner des données. On appelle ça le “digital labor”. On doit aussi se poser des questions sur l’éthique des algorithmes. Veut-on vraiment créer des machines à l’image de notre société, quand on sait qu’elle est injuste et inégalitaire ? Toutes ces questions sont plus complexes, et peut être ennuyeuses, que de craindre la venue de Terminator. Mais elles sont pourtant essentielles.
C : Bon, eh bien me voilà à rassuré. Enfin, juste à moitié. Merci Lucie en tout cas pour avoir remis les points sur les “IA”, et à très bientôt !
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