Photo : quand les smartphones font une mise au point
Corentin : Geoffroy Husson est avec nous aujourd’hui pour nous parler photo ! Et tu vas nous expliquer pourquoi tu n’utilises quasiment plus ton appareil, c’est bien ça ?
Geoffroy : Eh oui ! les smartphones Pixel de Google, les nouveaux iPhone, le Mate 10 Pro de Huawei, les constructeurs de smartphones s’y mettent de plus en plus, l’effet Bokeh est partout et ce n’était clairement pas gagné.
C : Houla, pas si vite. C’est quoi au juste, l’effet Bokeh ?
G : Alors oui, pardon. On va reprendre depuis le début. Est-ce que tu vois comment se compose un appareil photo ? En très gros, tu as un objectif, qui permet de choisir l’angle de prise de vue, et un capteur, qui permet, comme son nom l’indique de capturer la lumière.
C : Jusque là, c’est clair.
G : Une des règles de base en photographie, c’est que plus le capteur est grand plus tu vas pouvoir capturer de lumière. C’est plutôt logique.
Et c’est justement la grandeur de ce capteur qui va permettre de créer des flous d’arrière-plan, pour les portraits, afin de bien mettre en avant le visage. C’est ça qu’on appelle l’effet Bokeh.
C : C’est limpide Geoffroy, mais tu ne parlais de smartphones au début de la chronique plutôt ?
G : Eh oui, c’est ça qui est très fort. Pour te donner une idée, un capteur d’appareil photo reflex classique mesure 27 mm de diagonale. Pour le Pixel 2 de Google, on est à 7 mm, c’est quatre fois plus petit. Et c’est encore pire pour le capteur des selfies, de 5,7 mm. Bref, les capteurs de smartphones sont minuscules et ne peuvent, physiquement, pas créer de tels effets de flou d’arrière-plan.
C : Et pourtant, tu expliquais qu’ils y arrivaient.
G : Eh oui, parce que les constructeurs de smartphones ont réussi à faire avancer la photo en moins de dix ans comme les fabricants d’appareils n’ont pas réussi à le faire en trente. Et tout ça, grâce à la puissance des logiciels et des traitements d’images, comme l’explique bien Samsung à propos du Note 8.
[INSERT SAMSUNG]
En gros, depuis l’invention des appareils photo numériques, Nikon, Canon, Panasonic ou Sony se contentent de miniaturiser leurs boîtiers, d’ajouter des fonctions vidéo ou de proposer des processeurs plus puissants notamment pour l’autofocus. De leur côté, forcés par la petite taille de leurs capteurs, les constructeurs de smartphones développent des solutions pour rendre les photos de plus en plus proches de celles des appareils reflex.
C : Et comment ça se passe concrètement ?
G : Eh bien, les smartphones sont dotés de processeurs de plus en plus puissants qui peuvent analyser de mieux en mieux les images brutes capturées et les améliorer. Le smartphone va donc traiter la correction des couleurs, la luminosité, le contraste, parfois les lignes pour les rendre plus nettes, notamment sur des photos de paysage.
Ça, c’était un peu le traitement de base qu’on avait encore jusqu’à il y a un ou deux ans. Mais les constructeurs profitent de la puissance des processeurs récents pour générer davantage de calculs et se sont même mis à mettre un deuxième capteur photo au dos du smartphone.
C : Ah oui, et ce deuxième capteur sert notamment pour zoomer, c’est ça ?
G : C’est ça oui, mais pas seulement. Pour faire simple il y a deux types de smartphones à double capteur, ceux pour zoomer et ceux pour prendre des clichés en noir et blanc. Mais tu admettras que ces deux usages sont assez limités, puisqu’on peut faire ça directement à la retouche.
Non en fait, le véritable intérêt de ces doubles appareils photo, c’est de prendre deux photos en même temps, légèrement espacées l’une de l’autre. C’est une fonction qui va permettre à l’appareil photo de voir en 3D, d’évaluer la distance des objets et donc de pouvoir créer de manière artificielle un flou sur tout ce qui est derrière un visage par exemple. Parfois, comme chez Huawei, on peut même retoucher le flou après avoir pris la photo.
[INSERT HUAWEI]
C : Et ça permet de créer l’effet Bokeh dont tu parlais au début ! Donc pour résumer, les constructeurs ont compensé le matériel, impossible à intégrer aux smartphones, par de la puissance de calcul. Mais tu parlais bien de selfies tout à l’heure, non ? Ça existe des téléphones qui possèdent deux capteurs à l’avant ?
G : Alors oui, ça existe, mais c’est encore relativement rare. On en trouve chez Oppo, Nokia ou Asus, mais ce n’est pas encore généralisé. En fait Google pour le Pixel 2 et Apple pour l’iPhone X ont trouvé d’autres solutions. Google intègre de l’intelligence artificielle capable de reconnaître par elle-même un visage, notamment grâce à un processeur dédié uniquement à ça. Le second, Apple, utilise le capteur de visage qui permet de déverrouiller l’iPhone avec la reconnaissance faciale. Dans les deux cas, pas besoin de second appareil photo.
Google a même développé une application, disponible pour les appareils Android, qui va vous permettre de prendre des selfies avec un joli flou d’arrière-plan. Elle s’appelle sobrement appareil photo Google et utilise là aussi le logiciel. Après la prise de vue, il vous suffit de lever légèrement le smartphone pour que l’application photo analyse la perspective et comprenne ce qui est proche ou loin.
Bref, comme je te le disais, l’innovation en photo vient du monde du smartphone et clairement plus des constructeurs d’appareils photo traditionnels.
C : Eh bien en tout cas voici une belle photo d’ensemble sur la capacité des constructeurs de smartphone à dépasser les fabricants d’appareils photo. Merci beaucoup Geoffroy et à la prochaine.
0:00
5:59
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.