Corentin : Aujourd’hui, c’est un Geoffroy Husson de Tom’s Guide bien tourmenté qui nous arrive dans le studio des Croissants. Eh bien, pas le moral, Geoffroy ?
Geoffroy : Salut Corentin ! Eh bien pas des tonnes, non. En fait, plus ça va, plus je réalise que mes chroniques parlent surtout de smartphones et ce n’est pas aujourd’hui que ça va s’arrêter. Parce qu’aujourd’hui, on va s’attaquer à un sujet qui fâche.
C : Ah, de la polémique ? Mais pourquoi… ?
G : Parce que depuis quelques mois que je fais état de l’évolution du marché des smartphones, il faut bien se rendre à l’évidence, les modèles les meilleurs, les plus concurrentiels ou les plus performants ne sont pas adaptés à tout le monde. Et là, je ne parle pas que du tarif, mais surtout du format des smartphones.
Depuis quasiment dix ans, c’est une escalade sans fin. Année après année, les smartphones sont de plus en plus imposants. On va prendre un exemple très simple, celui de Galaxy S, la gamme phare de Samsung. Le premier, sorti en 2010, mesurait 12,2 cm de long. Si on prend le Galaxy S9+ lancé en début d’année, on en est cette fois 14,7 cm. Et là je ne parle que de la version normale, pas de la version Plus plus longue d’un centimètre.
C : Et c’est la même chose sur les iPhone ?
G : Complètement, oui. Le premier modèle mesure 11,5 cm de long, quand l’iPhone X est passé à 14,4 cm. Et là je ne parle que de la taille des appareils, parce que si les smartphones se sont agrandis, les écrans ont augmenté encore davantage, puisqu’ils occupent désormais plus de 80% de la surface du smartphone contre 60% il y a trois ou quatre ans.
C : D’accord, donc on a donc des smartphones de plus en plus grands. C’est quoi le problème ?
G : Le problème, c’est que je ne veux pas d’un smartphone qui déforme mes poches. Je ne veux pas d’un smartphone qui m’oblige à me déboiter les phalanges lorsque je l’utilise à une seule main. Je ne veux pas d’un smartphone qui me donne des crampes après dix minutes d’utilisation. Et je ne veux pas de smartphones qui en général ne sont pas adaptés aux personnes qui ont des petites mains, notamment les femmes. C’est ce que constatait l’équipe de 01Net TV il y a près de 4 ans déjà, à la sortie de l’iPhone 6 Plus, le premier modèle grand format d’Apple.
[Insert iPhone 6 Plus]
C : Mais les constructeurs sortent de plus en plus des versions larges et des versions normales, non ? Ils laissent le choix…
G : En apparence, oui. Mais seulement en apparence. On va prendre plusieurs exemples, à commencer par les plus connus, l’iPhone 8 et le Galaxy S9. C’est pratique en plus, parce que dans les deux cas, Apple et Samsung ont fait les mêmes choix.
Ces deux smartphones hauts de gamme, vendus à plus de 800 euros, existent aussi en version « plus ». Cette version propose logiquement un plus grand écran, mais aussi une plus grande batterie donc une meilleure autonomie. Jusque-là, même si ça veut dire que l’autonomie est réservée pour les utilisateurs aux grandes mains, ou à deux mains, c’est logique. En effet, plus le châssis de l’appareil est grand, plus la batterie intégrée va être de grande capacité.
Par contre il y a quand même un « mais ». C’est au niveau de la photo. Les Galaxy S9 et iPhone 8 ne proposent qu’un seul capteur photo à l’arrière. Du coup, pas possible de zoomer ou de prendre de photo en mode portrait avec un flou d’arrière-plan. Chez les deux fabricants, le second capteur est réservé à l’iPhone 8 Plus ou au Galaxy S9 Plus. C’est par exemple ce que constatait le site Frandroid lors des tests du smartphone de Samsung.
[Insert Galaxy S9]
C : Ah mais du coup les constructeurs associent vraiment grands formats et meilleures fonctionnalités…
G : Mais oui Corentin, c’est ce que je me tue à te dire. Et Samsung et Apple sont loin d’être les seuls dans ce genre. Pendant longtemps on a eu des constructeurs qui déclinaient aussi leurs smartphones les plus puissants en versions « mini » ou « compact ». Sur le papier, on avait donc un smartphone avec le même design, mais qui tient mieux en main.
Sauf qu’en y regardant de plus près, la fiche technique était bien en deçà de la version haut de gamme normale. Non seulement la batterie n’était pas à la hauteur, mais le processeur non plus, tout comme la mémoire vive ou le stockage. C’était surtout l’occasion de se faire de l’argent en utilisant le nom d’un produit bien connu, en faisant croire au grand public qu’il s’agissait du même et en le vendant un poil moins cher tout en étant clairement moins performant.
C : Et tout le monde a les mêmes pratiques ?
G : Pas tout le monde non, il y a une exception et pour le coup elle est à saluer, c’est du côté de Sony. Depuis 2014, le constructeur japonais propose des versions « compact » de ses smartphones des gammes Z, devenues depuis XZ. La particularité de ces smartphones, dont le plus récent est le XZ2 Compact, c’est qu’ils ne sacrifient pas les performances sur l’autel du format.
Par exemple, entre le Xperia XZ2 et le Xperia XZ2 Compact, les seules différences à trouver sont du côté de la taille d’écran, du poids et de la batterie. On retrouve la même définition, les mêmes capteurs photo et le même processeur hyper haut de gamme sur les deux modèles. Et là-dessus, Sony est resté constant dans sa stratégie depuis maintenant plus de quatre ans, comme l’explique le youtubeur Robin Wycke.
[Insert Xperia XZ2 Compact]
C : Et sinon, en dehors de Sony, on trouve quoi comme smartphones hauts de gamme avec un format convenable ?
G : Pour ne rien te cacher, c’est devenu assez difficile de trouver un appareil haut de gamme qui soit bon en photo comme en jeux vidéo avec une hauteur de moins de 15,5 cm. Surtout sur Android. Du côté de l’iPhone, il y a bien évidemment l’iPhone 8, mais comme on l’a vu il n’a pas de deuxième appareil photo arrière pour les zooms ou le mode portrait, donc ça reste en quelque sorte un iPhone 8 Plus au rabais.
Et puis sur Android ça se joue entre une poignée de constructeurs. On a donc Sony avec son XZ2 Compact, Samsung avec son Galaxy S9, Nokia avec le Nokia 8 Sirocco, Essential avec son PH-1 ou Huawei avec son P20. Mais dans l’ensemble, ce qu’on remarque, c’est qu’il s’agit là de smartphones qui sont rarement mis en avant par les constructeurs. Alors qu’il s’agissait encore l’an dernier de la gamme la plus performante de Huawei, la gamme P a été mise à pied en 2018 par la gamme P Pro avec le P20 Pro. Là encore, non seulement le smartphone est plus grand, mais il est aussi plus performant notamment en photo avec son troisième appareil à l’arrière.
C : On peut espérer que ça change, tout ça ?
G : Ça ne semble pas du tout être dans le cours de l’histoire Corentin, malheureusement. Un autre exemple, que je ne t’ai pas cité, c’est celui du Google Pixel 2, parce qu’il n’est pas commercialisé en France. Il fait face lui aussi à une version XL, avec des différences de format, mais aussi de design. Pour la prochaine version attendue cette année, il semblerait que le modèle XL du Pixel 3 arbore un écran sans aucune bordure, juste avec une encoche. Là où le modèle classique reprendra un bête design avec des bordures en haut et en bas.
Voilà ce qui semble se préparer de plus en plus. Des smartphones grand format réputés être très haut de gamme qui attirent l’attention des constructeurs parce qu’ils sont devenus véritablement leurs vaisseaux amiraux. Et à côté, les modèles plus compacts ont beau éviter de vous désarticuler les phalanges, ils sont peu à peu délaissés des constructeurs.
C : Merci Geoffroy pour toutes ces explications et à très bientôt !
Smartphones : la main lourde des constructeurs sur les gros smartphones
Quand on pense aux téléphones haut de gamme, on pense immédiatement à de gros téléphones. Mais pour ceux qui refusent de se disloquer l’articulation du pouce quand ils n’ont qu’une main de disponible, il est parfois mission impossible de trouver un bon appareil de petite taille. Geoffroy Husson regarde avec nous s’il y a des mini-téléphones avec de maxi-performances sur le marché.
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