Vie privée : Google jure qu’il arrête de jouer perso

Corentin : Google protège vos données personnelles. Hmmm… Ce n’est pas une affirmation à prendre à la légère. Pourquoi tu m’as fait dire ça Omar ? C’est pas un tantinet mensonger ?
Omar : Bonjour Corentin ! Google qui se porte garant de notre vie privée ? Oui je sais c’est difficile à avaler. Et rassure-toi, je ne vais pas essayer de te convaincre que c’est une vérité. Je vais plutôt te raconter comment Google veut convaincre le monde et ses utilisateurs que c’est une vérité.
C : Ah, Google a fait une promesse ? Ou une déclaration officielle ?
O : Non pas vraiment. Google a plutôt fait une démonstration. Et c’est parfois plus efficace qu’un long discours.
Et ça s’est passé pendant la dernière Google I/O.
C : Attends, attends. Avant d’aller plus loin, est-ce que tu peux rappeler ce que c’est la Google I/O s’il te plait ?
O : La Google I/O c’est la conférence annuelle de Google dédié aux développeurs. Et chaque année, c’est passionnant à suivre puisque ça permet de découvrir les nouvelles fonctionnalités en préparation sur Android et donc cette année on en appris plus sur Android 10 Q qui est la prochaine version d’Android.
Et c’est aussi l’occasion pour Google de présenter de nouveaux produits comme les Google Pixel 3a et Pixel 3a XL par exemple.
C : Mais ce qui a retenu ton attention, c’est une nouveauté sur Google Assistant, n’est-ce pas ?
O : Google Assistant, on le sait tous, c’est l’assistant personnel intelligent conçu par Google. Il suffit de dire Ok Google ou Hey Google pour l’activer et ensuite on peut lui demander de lancer une recherche, le temps qu’il fait, d’ouvrir une application, d’envoyer un message, etc.
C : Et c’est d’ailleurs l’assistant installé par défaut sur presque tous les smartphones Android.
O : Pendant la Google I/O, ce que l’on a appris, c’est que la plupart des données que l’on transmet à Google Assistant ne seront plus traitées et stockées dans les serveurs de Google.
Tout ce processus se fera désormais directement sur le téléphone, c’est traité en local et non plus dans le cloud. Google Assistant devient ainsi bien plus rapide à exécuter les tâches qu’on lui demande. C’est même jusqu’à 10x plus rapide.
Et comme Google a vraiment bien peaufiné ses algorithmes, l’intelligence artificielle est encore meilleur à comprendre le langage naturel.
[DÉMO GOOGLE ASSISTANT] Je vais devoir parler pendant la démo
O :
- Pouf, l’album de Yellowstone s’affiche à l’écran
- Google Assitant comprend qu’il faut afficher des photos avec des animaux puis l’utilisatrice en choisit une
- Ça charge un petit peu et hop c’est envoyé à son ami Justin
Il n’y a pas eu besoin de dire « OK Google » à chaque fois et le temps d’exécution est à chaque fois bien plus court que si ça passait via le cloud.
C : Je vois, c’est impressionnant en effet. Et si j’ai bien compris, le fait que Google Assistant traite les données sur le smartphone et non plus sur le cloud, ça permet aussi de garantir plus de confidentialité aux utilisateurs.
O : En théorie, oui. Une grande partie du modèle économique de Google repose sur la publicité ciblée et c’est pour ça qu’il a besoin de collecter des données sur ses utilisateurs.
En contrepartie, Google va te dire que grâce à ces données, il va mieux te connaître et le service qu’il va te proposer te sera mieux adapté. Plus tu donnes à Google, plus Google s’adapte à tes usages.
C : C’est une sorte de contrat qu’on passe avec Google en fait.
O : Exactement. Mais il faut aussi comprendre qu’on pourra toujours se demander si on ne donne pas un petit peu trop à Google.
Là avec le nouveau Google Assistant, tu vas justement donner moins d’informations à Google et donc, fatalement, Google va moins récolter de données sur toi.
C : Pour Google, c’est donc une manière de faire amende honorable auprès de celles et ceux qui lui reprochent d’être trop gourmand en données privées.
O : Tout à fait ! C’est aussi une manière de marcher sur les plates-bandes d’Apple. Parce qu’Apple, la confidentialité des données c’est son dada depuis quelques années déjà.
Ce qu’il faut savoir c’est que la firme à la Pomme a introduit un concept assez particulier qui s’appelle la confidentialité différentielle.
C : Oh ça a l’air compliqué ça !
O : Je vais pas entrer dans les détails. En gros, Apple récolte des données, oui. MAIS ! Il va ajouter ce qu’on appelle du bruit à ces données.
C : DU QUOI ?
O : DU BRUIT ! En fait, sur chaque donnée récoltée, y a un algorithme qui rajoute des informations aléatoires. À la fin, on a donc Apple qui récolte plein d’informations, mais ne sait pas sur qui elle les récolte.
L’entreprise va juste observer des tendances, des généralités dans ces données récoltées et va adapter ses services en fonction. Mais à aucun moment elle ne peut deviner à quel utilisateur correspond telle ou telle information en particulier.
C : Et Apple insiste beaucoup sur ce respect de la vie privée de ces utilisateurs.
O : Surtout au cours des derniers mois, où l’on a vu plusieurs spots publicitaires sur le sujet de la confidentialité des données.
[PUB APPLE]
C : Ah oui on entend des porte se fermer, un chien de garde aboyer devant un intrus, des gens s’arrêter de discuter au restaurant quand la serveuse approche. Plein de situations qui montrent que l’on tient à notre vie privée.
O : Apple a tellement insisté sur la protection de la vie privée que lors du dernier salon du CES à Las Vegas, la firme à placarder une énooooorme affiche publicitaire où il était écrit : “ce qui se passe sur votre iPhone reste sur votre iPhone.
Et ça c’était clairement un tacle à l’encontre des grosses entreprises Tech, dont Google, pour leur dire : “vous voyez, nous on respecte nos utilisateurs, pas vous”.
C : On peut imaginer que Google n’a pas apprécié cette délicate attention.
O : Je ne me rappelle pas avoir vu Google réagir officiellement à cette provocation mais là, lors de sa conférence, Google a surtout réagi avec une démonstration assez bluffante.
Et naïf que je suis, j’ai envie de croire aux bonnes intentions de Google. Mais il faut évidemment rester lucide et attendre de voir les actions concrètes que va mener le géant de Mountain View pour nous assurer une meilleure confidentialité des données.
Il faut quand même rappeler que Google est étroitement lié à cette idée de collecte massive des données et ça va pas être évident de nous convaincre du contraire.
C : Sacré programme oui ! Et dernière question : ce Google Assistant plus respectueux de notre vie privée, on va tous y avoir droit ?
O : Malheureusement, non. Ça va être déployé dans le cours de l’année mais en exclusivité sur les Pixel, les smartphones de Google. Du moins dans un premier temps. Peut-être qu’apès, tous les smartphones Android seront logés à la même enseigne. Croisons les doigts !
C : Eh bien merci Omar pour ces explications à très vite !
O : À bientôt !