Corentin : Après des mois de campagnes, c’est fait. Les Américains ont voté mardi 6 novembre pour les mid terms. Les élections de mi§mandat qui servent à renouveler l’ensemble de la chambre des représentants … ainsi qu’un tiers du sénat. Les observateurs outre atlantiques, qui sont restés tout de même prudents après 2016, prédisaient une nouvelle cohabitation. C’est bien ce qui s’est passé ! Les démocrates remportent la chambre des représentants. Les républicains, eux, conservent le Sénat. Alors, ce n’est pas la vague bleus que les démocrates espéraient … mais très clairement, la tâche va être plus compliqué pour le président américain, n’est-ce pas Audrey ?
Audrey : Et oui pourtant, Donald Trump préfère évoquer “un grand jour”, même, un jour INCROYABLE pour les Républicains. Et plutôt que de voir une défaite dans la chambre des représentants … le président américain voit une merveilleuse opportunité de profiter du bipartisme américain, pour des débats passionnés.
Sauf que les républicains ont tout de même perdu dans la bataille 26 sièges contre les Démocrates. La majorité passe donc dans le camp adverse
C : Qu’est ce que ça signifie pour Donald Trump ?
A : Première embûche qui vient à l’esprit : le blocage de son programme législatif. Pour le média américain Vox, cette victoire des démocrates signe même la mort potentielle de l’agenda législatif des plus conservateurs. Et ce n’est pas forcément exagéré : en minorités, les élus républicains pourront difficilement proposer de nouvelles lois à leur exécutif au cours des deux prochaines années…
Et concernant les projets en cours, Donald Trump peut également dire adieu à certaines de ses promesses de campagnes … qui étaient pourtant en bonne voie jusqu’à présent. Sans majorité, impossible d’abroger la loi Obamacare. Réforme emblématique de l’assurance-maladie mise en place sous la présidence de Barack Obama. Difficile également de réduire encore davantage la taxation des entreprises et des ménages américains les plus favorisés. Enfin, exit le fameux mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique … mesure emblématique du candidat Trump encore sur la tapis il y a à peine quelques jours.
C : Autre danger pour le président Trump : qui dit majorité démocrate à la chambre des représentants … dit commission d’enquête !
A : Trump, tout puissant pendant 2 ans, a donc désormais une épée de damoclès au dessus de lui. Depuis le début de son mandat, les polémiques qui entoure le président américain ne manque pas. Mais faute de majorité, les démocrates ont dû attendre patiemment pendant 2 ans … sans pouvoir rien faire. Alors avec cette chambre nouvellement acquise, ils vont pouvoir prendre la tête d’importants comité. Et donc, lancer des enquêtes visant Donald Trump. On pense pêle mêle aux accusations d’agressions sexuellesj, à celle de fraude fiscale, ou encore celles des ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle il y a 2 ans… Cerise sur le gâteau : la chambre des représentants pourra même lancer une procédure de destitution.
[♪ SON Stephen Colbert : the House is winning]
A noter qu’au delà des élections législatives, les américains ont voté pour leurs gouverneurs. Et à l’image de chambre des représentants, les démocrates ont fait une très belle opération. Notamment en ravissant aux républicains plusieurs État, notamment dans l’Illinois et le Michigan … et en conservant New York et la Pennsylvanie. Des postes-clés pour le prochain redécoupage électoral … qui pourrait être ainsi utilisé à leur propre avantage.
C : Oui, le fameux Gerrymandering. Mais … pas de quoi crier victoire haut et fort pour les démocrates tout de même ! Le Sénat, reste, sans surprise, dans le camp républicain
A : Il est même très bien représenté dans la chambre haute puisque le nombre d’élus va même augmenter : 2 républicains en plus. De quoi se sentir un peu moins à l’étroit au Sénat … et rappeler qui dirige le pays.
La situation n’a rien d’inattendu aux États-unis : depuis 1978, aucun président élu n’a réussi à garder sa majorité dans les deux chambres. Mi-mandat donc, c’est une bataille législative qui se lance … et qui paralyse les politiques du pays. De fait, si il ne peut pas faire avancer son agenda politique, les démocrates en seront bien incapables également. Un statut quo qui va donc durer 2 ans, jusqu’à la prochaine présidentielle. Difficile alors pour les démocrates, qui espèrent remporter la maison blanche en 2020, de faire leurs preuves en appliquant les politiques qu’ils ont vendu aux électeurs pendant leurs campagne.
Autre pouvoir à relativiser : celui de l’impeachment. La chambre des représentants peut certes lancer une procédure … mais c’est bien le Sénat qui décide, si oui ou non, le président est destitué au final. Les chances sont donc quasi nulles que cela se produise avec un Sénat acquis à sa cause…
[♪ SON Ted Cruz]
C : Et puis : sous la présidence Trump, au final, le pouvoir législatif n’a que très peu d’importance
A : Comme le souligne le politologue Vincent Michelot, professeur des Universités et spécialiste des États-Unis dans le Figaro : Donald Trump est un président qui préfère largement agir à son stade. C’est à dire, par voie executive. Ainsi, depuis son arrivée au pouvoir, le président ne s’intéresse pas vraiment au Congrès - qui, par ailleurs, même en étant Républicain, lui a donné du fil à retordre à plusieurs reprise. Le style de l’ancien magnat de l’immobilier déplaisant tout particulièrement à l’ancienne garde républicains. Et de fait, Donald Trump est accro aux décrets présidentielles … qui n’ont, eux, pas besoin de l’accord des chambres.
Pour vous donner une idée : en janvier 2017, à peine 8 jours après son entrée à la maison blanche, Donald Trump avait signé … 17 décrets. De l’immigration à l’énergie en passant par la diplomatie, tout passe par lui. Résultat : avec 86 décrets signés en 2 ans de pouvoirs … il a signé plus de décret que n’importe quel autre président américain depuis 50 ans.
Seul usage significatif de son avantage législatif jusqu’à présent : la nomination des juges de la cour suprême. Avec la chambre haute acquise à sa cause, il pouvoir continuer d’installer qui il souhaite dans cette institution … puisqu’il a seulement besoin de l’aval du sénat pour cela. Or, ces juges pèsent sur de nombreux sujets de société. Comme la protection sociale, le droit à l’avortement ou la régulation des armes à feu.
C : Bon à t’entendre, la situation politique qui n’arrange pas grand monde au final.
A : A l’image de son congrès, l’amérique est divisée. D’un côté, il n’y a jamais eu autant de femmes, de membres issue des minorités et MÊME de socialistes dans la chambre basse. Ce n’est pas une vague bleu démocrate, mais une vague progressiste … en décalage avec le président. Mais le Sénat lui, reflète également cette autre amérique qui a amené Trump au pouvoir. Plus conservatrice et méfiante envers les élites intellectuelles. À voir qui des deux remportera la prochaine manche.
C : Rendez-vous en 2020 ! Merci Audrey pour ce point sur les mid-terms qui étaient particulièrement surveillées. À très vite !
Après les élections de mi-mandat, les cartes sont rebattues dans le paysage politique américain
Les mid-terms viennent de se conclure, et le résultat est assez mitigé ! D’un côté, les démocrates prennent le contrôle de la Chambre, de l’autre, les républicains assoient leur position au Sénat. Qu’est-ce que cette situation va changer pour Donald Trump ? Compte-rendu avec Audrey Travère !
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