Corentin : Aujourd’hui, c’est un Geoffroy Husson de Tom’s Guide tout essoufflé que l’on retrouve. Bah alors, des soucis de retard de métro, Geoffroy ?
Geoffroy : Mais rien à voir Corentin, tu sais bien que je vis à cinq minutes du studio. Non, j’étais juste en retard sur l’écriture de cette chronique, rien à voir. En revanche, tu as visé juste, on va bien parler du métro aujourd’hui, mais ni de retard, ni d’infrastructure et encore moins pour taper sur les grèves. Non, on va parler d’Internet dans le métro parisien
C : Ah oui, il paraît que ça arrive bientôt ça…
G : Bientôt, bientôt, désolé de doucher ton enthousiasme, mais ça fait désormais six ans que le projet d’aménagement de la 3G dans l’intégralité du réseau RATP a été lancé. Et six ans plus tard, à l’exception de la ligne 1 du métro ou A et B du RER, c’est la débandade. Il y a seulement 60 stations couvertes en 3G et 4G, sur 365. Pourtant il y en a eu des annonces… des partenariats entre la RATP et SFR, puis Orange, et finalement toujours rien, à l’exception du Edge, d’accord.
En fait, le retard accumulé est tel que l’échéance prévue par la RATP de fin 2015 a été repoussée trois fois. D’abord à fin 2016, puis fin 2017. C’était l’objectif annoncé par la présidente de la RATP, Elizabeth Borne, en septembre 2016 sur France Inter.
[Insert France Inter]
Bien sûr, tu t’en doutes, on n’y est toujours pas début 2018. C’est normal, la date a finalement été décalée à la fin 2019 pour une couverture totale du réseau…
C : D’accord, autant dire qu’à ce rythme-là, on en a encore pour quinze ans. Mais on sait d’où vient ce retard ?
G : Il y a assez peu de communication de la part de la RATP. En décembre 2017, la régie des transports publics expliquait au journal le Parisien que la difficulté résidait dans trois raisons principales.
La première raison avancée par la RATP, c’est l’exiguïté des locaux techniques de certaines stations, avec peu d’espace. Dès lors, compliqué pour les opérateurs d’installer leurs antennes. La RATP doit travailler avec les quatre opérateurs principaux : Free, Orange, SFR/Altice et Bouygues, pour que tous les usagers puissent profiter d’Internet et pas seulement les abonnés à un service.
C : Je vois, du coup c’est surtout une histoire de négociations…
G : Ola, non, loin de là. Il y a aussi des gros problèmes logistiques, et notamment des questions de sécurité. En fait, et c’est le troisième argument avancé, certaines installations ne doivent pas être endommagées par ces travaux, et surtout par la chaleur émise par les installations des opérateurs. Ces équipements sont jugés « vitaux et nécessaires à l’exploitation », du coup il faut étudier station par station sur l’ensemble des 360 stations.
Ensuite, dernier point, la nécessité de travailler de nuit pour faire ces travaux et éviter de fermer les stations en journée.
C : D’accord, donc du côté de la RATP, on n’a juste pas anticipé la difficulté, c’est ça ?
G : Apparemment pas seulement ça. D’un côté il y a les déclarations de la RATP et de l’autre les enquêtes des journalistes, en l’occurrence du Journal du Net. Nos confrères ont révélé que derrière les négociations entre la RATP et les opérateurs se cachait en fait une véritable guerre commerciale.
Je t’expliquais qu’en 2012, la régie avait conclu un accord avec SFR pour installer les antennes, quitte à ce que les autres opérateurs les louent à SFR. Puis avec Orange deux ans plus tard. Aujourd’hui, la RATP a mis fin à ces accords et gère désormais toute seule, grâce à une de ses filiales, Telcité, les travaux et les antennes.
Selon le Journal du Net, il y aurait eu beaucoup de dysfonctionnements, notamment en raison des nombreux interlocuteurs des opérateurs chez la RATP. Et personne ne parviendrait à discuter en bonne intelligence avec Orange, Free ou SFR, tant et si bien qu’un observateur extérieur cité par nos confrères parle de « jolie cacophonie ».
C : Mais ça va bien finir par avancer, cette histoire, non ?
G : Il va bien falloir. D’abord parce qu’avec les Jeux olympiques de 2024, Paris ne peut pas se permettre d’accueillir spectateurs et délégations sans avoir une infrastructure convenable dans son métro. C’est l’objectif clairement fixé par Anne Hidalgo, la maire de Paris. Et puis ça la fout mal pour Paris, d’annoncer ce report de deux ans, alors que Toulouse Métropole annonçait en novembre 2017 une couverture intégrale de son métro en 4G.
[Insert Toulouse]
Surtout, la RATP promet une accélération du déploiement de la 3G et la 4G dans son métro. On nous promet 60 nouvelles stations d’ici juin 2018, soit un total de 120. L’ensemble des 365 stations devrait quant à lui être couvert pour fin 2019. Il faut dire que c’est l’Arcep, le gendarme des télécoms, qui veille au grain sur l’opération depuis mi 2016. l’autorité mesure régulièrement les débits et la connexion dans le métro. Les résultats sont par la suite publiés sur le site de l’Arcep, avec la carte géographique de la data en France.
Autant dire que si la RATP n’arrive pas à dialoguer convenablement avec les opérateurs et continue à accumuler du retard, et bah, olalala, c’est trop la honte quoi, tout le monde le saura. Et c’est à peu près tout…Du coup on peut se donner rendez-vous dans un an et demi pour un nouveau report.
C : Merci Geoffroy pour ces explications sur la nécessité de penser à télécharger Les Croissants avant de descendre les escaliers d’une station, plutôt qu’essayer vainement de le faire une fois assis dans sa rame.
4G à Paris : boulot, dodo, mais toujours pas métro
Longtemps promise, jamais livrée, mais qu’est-ce qui peut prendre autant de temps dans la mise en place de la 4G dans le métro parisien ? Geoffroy Husson de « Tom’s Guide » se penche sur cette arlésienne et les difficultés techniques comme bureaucratiques qu’elle représente.
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