Alex Jones : le « conspi » conspué par les réseaux sociaux

Corentin : Lalala... quelle belle journée pour parler de gens sympathiques. Qui savent fédérer. Aujourd’hui, j’appelle notre expert en complots, Benjamin Benoit. Salut Benjamin ! Alors, est-ce que le fuel des jets peut faire fondre les poutres en acier ?

Benjamin : Bravo ! Cette chronique est déjà problématique, bien joué. Donc oui, moi dans la vie j’aime les duos. Comiques ou pas. Hall & Oates, tout d’abord. Mais Mark & Spencer aussi. Ou Fabrice Éboué, tiens. Aujourd’hui, on va parler d’Alex et Jones...

C : Bon, allez...

B : Bon, ok. D’Alex Jones tout seul, c’est une seule personne. Mais c’est quelqu’un de... tapez son nom dans Google, vous tomberez sur sa page Wikipédia. ALEX JONES : COMPLOTISTE. Complotiste entre parenthèses, c’est sa fonction principale. Je peux pas dire que je suis admiratif, c’est impossible, mais wow. Je n’ai pas de mots. Portrait aujourd’hui sur les Croissants, portrait de la personne qui dit que le ciel est rouge et que l’herbe mauve, et se fait des millions comme ça. Portrait d’Alex Jones, le fondateur du site conspirationniste Infowars.

[Un extrait conspirationniste]

Alors tout d’abord, il faut savoir qu’Alex Jones a réussi à se faire bannir de Twitter et Periscope. Quelque chose d’un peu prodigieux, il fallait les travailler au corps car Twitter n’est pas connu pour être très actif en ce qui concerne la cloture de comptes problématiques. Le réseau a toujours des problèmes en ce qui concerne la voix de personnages complotistes slash nationalistes d’extrême droite. Alex Jones et maintenant persona non grata de partout, y compris de Youtube ou de l’Apple Store.

C : Que s’est-il passé pour que Twitter daigne bouger son séant ?

B : Il s’est adresse en public au journaliste de CNN Olivier Darcy, le comparant aux « jeunesses hitlériennes » et bien pire ! Il le traite d’ « anti-américain ». La goutte de trop pour Twitter qui lui a banni les fesses pour comportement abusif après une longue looooooongue hésitation. Un destin prévisible et un poil tardif pour quelqu’un qui prétend publiquement que la tuerie de l’école de Sandy Hook était une mise en scène.

C : On refait une petite rétrospective du bonhomme pour mieux le cerner

B : Ah mais alors là ! Avec... euh... faisons ça !

Il est né en 1974 au (avec l’accent) Texas, il a une épiphanie avec le livre None Dare It Conspiracy, qui, ça alors, est un bouquin complotiste. Sorti du lycée, il trouve sa passion : la radio, et tient sa propre émission dans une radio locale de 93 à 99 où il raconte n’importe, mais avec verve et conviction. C’est sa marque de fabrique : il raconte les pires conneries, mais il sait les raconter. Il se fait virer par les nouveaux propriétaires de la radio et lance Infowars, devenue un aggrégateur de ses podcats. Et il se fait d’autant plus connaître après le 11 septembre 2001.

C : C’est ce à quoi tu faisait référence avec tes histoires de poutre en acier. Il y a beaucoup de théories du complot autour de ces attentats.

B : C’est un mème sur Internet. « Le 11 Septembre venait de l’intérieur ». Comprendre : c’est la faute de Georges Bush. Cette maxime vient d’Alex Jones. Il a produit Loose Change, un film conspi qui est un peu la Bible du genre. Quand Barack Obama est élu, il fait partie de cette mouvance qui veut prouver qu’Obama est né au Kenya et à Hawai. Ca a même un nom, il a formé les « birthers ». Les naisseurs. Et je vais me permettre un jugement de valeur : il faut être raciste pour se préoccupper autant d’une chose pareille. Un article du Monde du 10 aout résume son palmarés. Je cite les citations : Les vaccins causent l’autisme, l’homme n’a jamais été sur la lune, un génocide blanc est en cours en Afrique du Sud et mon préféré : des particules chimiques présente dans l’eau rendent les grenouilles gays. Laissez les grenouilles être ce qu’elles veulent, svp.

AUTRE EXTRAIT TURBO CONSPI

C : Ca c’est drôle, mais la diffusion d’informations conspi peut nuire à plus grande échelle.

B : Quand Trump faisait campagne, fin 2015, Alex Jones était encore inconnu au bataillon. Les deux hommes sympathisent. Jones dit que Trump adhère aux informations partagées dans son show. Ce qui serait fort ironique, vu que Trump est à l’origine du néologisme « fake news ». Et Alex Jones commence à soutenir qu’Hillary Clinton est à la tête d’un réseau pédophile. Ce qui nous a menés au Pizzagate, mais c’est une autre histoire assez sombre...

C : Infowars est devenu un petit empire du conspi.

B : Infowars a aussi son site de vente qui, selon l’intéressé, rapporterait un peu moins de 50 millions de dollars par an. On y trouve de tout, dont des gilet pare-balles et des pillules du bonheur. Et aussi des filtres à eau, sans doute pour empêcher les grenouilles de devenir gay. Je re-cite Le Monde, qui lui-même cite un ancien employé d’Infowars qui décrit le site comme Télé-Achat pour conspirationnistes. La punchline est délicieuse. Et il est devenu une figure de proue de l’alt- right, la fameuse droite alternative, euphémisme pour dire « de l’extrême-droite américaine aux néonazis ». Et la sphère conspirationniste est un véritable public dont Jones s’est fait le porte parole, une sphère qu’il a su exploiter très tôt. Maintenant, Trump est élu, Alex Jones a une voix au chapitre, et il trouvera d’autres manières de s’exprimer et de raconter n’importe quoi. Mais en attendant, plus de Twitter pour Alex Jones. Donc ahahah Alex Jones.
C : Merci Benjamin pour ce portrait étonnant. Tu as toujours la parole, tu veux en faire quelque chose de constructif ?
B : Oui. Il paraît que si vous mangez des capsules de détergent,