Corentin : Mais pourquoi personne ne veut de France 4 ? Début juin, la ministre de la culture Françoise Nyssen fait une annonce fracassante pour le petit écran : France Télévision devra libérer, « au moins le canal hertzien », je cite, de sa chaîne jeunesse, France 4. Le but ? Recentrer son offre dédiée au jeune public sur le numérique.
Angèle : Adieu Docteur Who, adieu Une Saison au Zoo, adieu logo violet (EXTRAIT 1 Purple Rain)
Mic-mac oral ou un discours brumeux volontaire de la part de la ministre, rien n’a été précisé sur ce que « numérique » voulait dire ici et surtout quand la chaîne cessera de diffuser ses programmes.
C : Des programmes et une ligne éditoriale qui n’a cessé d’évoluer mais qui s’est aussi cherché, surtout
A : France 4 est née le 24 juin 1996. A l’époque, elle s’appelle Festival. Et surtout, le canal n’appartient pas qu’à France Télévision : A 56%, soit, mais elle est aussi détenue par Regency Monarchy et La Sept-Arte – plus connu aujourd’hui sous le nom d’Arte tout court – respectivement à 5 et 11%.
Hop. Ni une ni deux, en avril 2002, le gouvernement fait valoir le droit de priorité du service public pour ce canal hertzien. Le 31 mars 2005, Festival devient France 4, au même moment que le lancement de la télévision numérique terrestre, la TNT. Elle se veut être la chaine de la jeunesse et des nouvelles générations. Son slogan ? « Le plaisir avant tout ».
On y trouve pêle-mêle le dessin animé scientifique Il était une fois la vie et l’Autre JT, une émission d’information décalée. Une saison au zoo et les Zouzou. Les programmes jeunesses sont pour l’après-midi, ceux des ados jeunes adultes plutôt pour le soir.
C : Mais si France 4 en est là aujourd’hui, c’est parce qu’elle n’a jamais vraiment réussi à trouver sa place dans le paysage télévisuel français
A : Comment ramener les jeunes devant l’écran ? L’émission l’Autre JT l’avait tenté en 2014. Se voulant cool, jeune, décalé, l’émission diffusée le jeudi à 22H50 et pilotée par Arnaud Muller voulait informer nos bambins. Les chroniqueurs prenaient parti, l’humour était de mise mais les sujets graves, aussi. (EXTRAIT 2)
Vous aurez reconnu Guillaume Meurice hein, qui officie désormais sur France Inter !
France 4 a essayé de parler aux jeunes, aussi, avec l’émission On n’est plus des pigeons : Claire Barsacq et sa bande ont traqué les arnaques de 2013 à 2016 le lundi à 20h50. (EXTRAIT 3)
Et l’équipe avait déjà un peu flairé ce passage obligé de France 4 au numérique voulu par le gouvernement : lorsque France Télévision annonce la fin de l’émission On n’est plus des pigeons en avril 2016, l’équipe se rebelle. Certes, elle n’est plus diffusée sur la chaine, mais certaines pastilles continuent à vivre sur le net.
Et puis surtout, on l’oublie souvent mais…. Lui vient d’ici, aussi (EXTRAIT 4)
Cyril Hanouna, et oui. Son émission Touche pas à mon poste a commencé sur France 4 en 2010 et a été diffusée jusqu’en octobre 2012.
C : Mais France 4, c’est aussi du dessin animé et des séries
A : Les programmes jeunesses de France 4 arrivent dès 2009 avec Ludo : l’émission qui diffuse ces programmes sur tout France télé. France 4 est chargée, elle, de cibler les 13-16 ans. C’est là que commence la pagaille. Dès 2011, les dessins animés sont diffusés le matin, mais ce sont surtout des dessins animés d’aventures. Code Lyoko, par exemple (EXTRAIT 5)
Deux ans plus tard, hop. France 4 récupère la tranche du midi pour les dessins animés – tranche qui régnait autrefois sur France 5 avec Midi les Zouzous.
C : En 2014, patatra
A : Il faut du dessin animé, toujours du dessin animé, encore du dessin animé. Ca ne s’est plus arrêté depuis puisqu’en 2017, la chaine faisait le gros buzz en annonçant le grand retour des Minikeums.
C : Oui donc en gros, ils n’ont pas trop su sur quelle tranche d’âge se placer pendant plusieurs années
A : Non, surtout qu’outre les dessins animés, France 4 diffuse aussi beaucoup de séries ! Et des séries que l’on voit rarement ailleurs. Je vous vois là, les fans de Docteur Who, à regarder France 4 ! (EXTRAIT 6)
La chaine diffuse même des productions maisons grâce à Studio 4, la plateforme de web-série de fiction qu’elle a fondé en 2012.
Et aussi étonnant que cela puisse paraitre, France 4 tient son plus gros succès d’audience dans… la diffusion et rediffusion d’Une saison au zoo (EXTRAIT 7)
France 4 a donc toujours été une bouillabaisse de tout ça. Du divertissement informé pour les jeunes (mais quels jeunes ?), du dessin animé, de la musique avec Monte le Son, des séries décalées comme Docteur Who, du sport , aussi, même si je n’en ai pas parlé...
C : Même si elle a voulu bien faire, la chaîne n’a jamais réussi à dépasser les 2% de part d’audience moyenne
A : C’est fou, mais oui : France 4 est un peu ce qu’est Mouv à Radio France. Un espace, un canal, dont finalement on ne sait plus quoi faire.
*prendre voix faussement étonnée* mais.. mais… l’avenir serait-il… sur INTERNET ? (EXTRAIT 8 ORAGE)
A : C’est en tout cas le pari que visiblement veut faire la ministre de la culture en souhaitant, avec tout le flou que cela engendre, faire de France 4 quelque chose de numérique. Quid des programmes encore existants comme Une saison au zoo, justement ? Quid de DataGueule, l’émission courte de décryptage des mécanismes de la société ?
C : J’ai ma petite idée
A : Oui, moi aussi…... France TV Slash. Souvenez-vous, je vous en parlais dans les Croissants. France Télévision avait sorti en février dernier sa plateforme web à destination des jeunes, France TV Slash en grande pompe. Possible, donc que France 4 soit noyé dans les programmes créés exclusivement pour cette plateforme. Si cela vous intéresse d’en savoir plus, rendez-vous dans le Brunch.
C : Difficile donc de connaître l’avenir de France 4 pour le moment, mais depuis sa création, elle n’a jamais su se trouver. Faute à quoi ? Aux nouveaux modes de consommations, probablement. Merci Angèle Chatelier d’avoir fait la lumière la-dessus et à très vite.
France 4, la mal-aimée de France Télévisions
La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, semble avoir scellé le sort de France 4… sur les ondes en tout cas. Si l’avenir est encore incertain pour la chaîne au logo violet, profitons-en avec Angèle Chatelier pour faire une petite rétrospective.
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