[MUSIQUE JOYEUX ANNIVERSAIRE]
Corentin : salut Lucie ! C’est ton anniversaire ?
Lucie : Pas du tout ! C’est celui de Google !
C : Joyeux anniversaire Google !
L : Et oui ! Google fête en septembre ses vingt ans. Sauf que les festivités risquent d’être moyennement joyeuses. Tu connais la chanson de Lorie ? A 20 ans, rien n’est impossible ? Eh bien pour Google, c’est un peu le contraire : à 20 ans, tout devient un peu difficile.
C : C’est-à-dire?
L : Rien que cet été, Google a dû gérer de nombreuses polémiques. En juillet, la Commission européenne l’a condamné à une amende de 4,34 milliards d’euros pour pratiques anticoncurrentielles. Il avait déjà écopé en 2016 d’une amende de 2,5 milliards de dollars, sur un sujet similaire. Ce n’est pas tout ! Donald Trump, président des États-Unis, a accusé la société de le snober volontairement dans ses résultats de recherche. CE N’EST PAS TOUT ! Des associations, et les propres employés de Google, se sont indignées à cause d’un projet de moteur adapté à la censure en Chine. CE N’EST TOUJOURS PAS TOUT !! On a accusé la société de suivre à la trace ses utilisateurs, en récupérant la géolocalisation de leur smartphone sans leur consentement, et enfin de collaborer avec le Pentagone sur un projet d’intelligence artificielle militaire.
Et la rentrée n’a pas été plus calme pour Google. Aux Etats-Unis, il a refusé de paraître devant le Sénat pour parler de ses efforts pour lutter contre la désinformation en ligne. Le sujet est pourtant très sensible aux Etats-Unis, après les soupçons de manipulation russe de l’élection présidentielle de 2016. La prochaine échéance électorale aux US est en novembre, les élections de mi-mandat,
En Europe, Google est aussi dans une mauvaise passe. Après avoir écopé d’une amende de 4,34 milliards d’euros pour pratiques anticoncurrentielles concernant android, son système d’exploitation mobile, la nouvelle directive sur les droits d’auteurs votée par le Parlement européen risque d’obliger Google à payer des droits voisins aux entreprises de presse rien que pour afficher leurs contenus dans les pages de recherches.
C : Pourtant Google n’est pas la seule entreprise du Web à inquiéter le grand public…
L : Tu as raison, C’est plus généralement toute l’industrie des nouvelles technologies qui doit affronter les inquiétudes du grand public et des politiciens, dépassés face à ces sociétés immenses et donc ils ne comprennent pas toujours les activités, tant elles sont nombreuses. En mars, Facebook a dû gérer les conséquences de l’affaire Cambridge Analytica, jetant une lumière peu flatteuse sur son modèle économique et son manque de contrôle de l’exploitation de nos données personnelles. Twitter, lui, se retrouve au cœur d’un débat houleux sur la liberté d’expression, incapable de gérer son problème de harcèlement et de violence en ligne. Google se distingue par sa volonté de rester à l’écart de ce genre de polémiques. Sundar Pichai se montre beaucoup moins que Mark Zuckerberg (Facebook), Jack Dorsey (Twitter) ou même le discret Tim Cook (Apple). Mais il n’empêche son entreprise, elle, est très visible. Le projet étudiant né dans un garage est devenu une société de 85.000 employés. Ses services, mus par des algorithmes invisibles, nous accompagnent tous les jours. Google se charge de notre divertissement, du bon fonctionnement de notre smartphone et de notre maison, de notre communication, de nos déplacements, de nos activités professionnelles, de nos informations, et même de gérer nos courses. Sauf qu’on ne comprend pas comment tout cela fonctionne. Et c’est ce manque de transparence qui lui pose tant de problèmes.
[LORIE - A 20 ANS]
C : dans le fond, à part un problème de réputation, est-ce que Google risque vraiment quelque chose ?
L : Le problème pour Google ne se pose pas encore en termes financiers, même si l’Europe lui a déjà fait subir deux amendes à plusieurs milliards de dollars. Mais Google peut quand même s’inquiéter d’un potentiel phénomène de contagion. Plusieurs dossiers ouverts par l’Union européenne (lutte contre l’optimisation fiscale, le droit à l’oubli, la protection des données grâce au RGPD, la concurrence sur la publicité en ligne, la géolocalisation) ont fait des émules en dehors de ses frontières. Par exemple, début septembre, le sénateur américain Orrin Hatch a demandé à la FTC, le gendarme des consommateurs aux États-Unis, de rouvrir une enquête sur les pratiques publicitaires de Google. Au pays du libéralisme et du laisser-faire économique, les médias débattent désormais de l’intérêt d’une intervention étatique pour casser des monopoles, surtout dans le domaine des nouvelles technologies. D’après le Financial Times, un journal financier pourtant très libéral, Google est même “bien parti pour devenir l’entreprise de technologie la plus détestée, devant Facebook.” On a connu meilleur cadeau d’anniversaire.
C : En effet, la prochaine fois, une simple boîte de chocolat fera certainement l’affaire, merci beaucoup, Lucie !
Merci beaucoup pour cette chronique, mais également pour toutes les précédentes. C’est en effet ta dernière pour les Croissants. Je tenais à te remercier au nom de toute l’équipe pour ton soutien depuis le début. Ton aide a été précieuse avant même qu’on commence à diffuser. Sache qu’on t’en sait gré.
Bon vent à toi et amuse-toi bien pour tes projets ! Je rappelle à nos auditeurs qu’on peut toujours te lire sur le Figaro Tech ainsi que sur ton compte Twitter : @LucieRonfaut.
Encore merci et à bientôt !
Google a vingt ans... et tout le monde le déteste
Google fête ses vingt ans ! Mais Google a également passé un été terriblement compliqué. Entre les institutions politiques qui lui demandent des comptes, les cours de justice qui lui infligent des amendes et le grand public qui se plaint d’être systématiquement géolocalisé, Lucie Ronfaut du « Figaro Tech » nous raconte les tracas de ce colosse du net.
0:00
6:39
Vous êtes sur une page de podcast. En cas de difficulté pour écouter ce document sonore, vous pouvez consulter sa retranscription rapide ci-dessous.