[LA FRANCE A PEUR.]
Benjamin : Le 30 aout, le député Les Républicains Gabriel Attal alerte Gérard Collomb, ministre de l’intérieur, sur les dangers liés au nouveau phénomène en vogue sur les réseaux sociaux. Il alerte le ministre d’état sur les dérives du « Momo Challenge ».
Corentin : Qu’est-ce que c’est que ce truc dinguo de jeunes encore ? Nous, les journalistes de l’ancien Internet, on ne comprend pas encore ces choses là. J’acceuille Benjamin Benoit et son déambulateur pour expliquer les arcanes de ce phénomène.
B : Phénomène relativement resté imperméable à Internet, je n’ai personnellement pas vu de sujet télé sur la chose. C’est dommage, parce que le tout début de cette histoire est très très visuel. Je vous emmène... dans la tanière du lapin blanc d’Internet, celle de la pensée de masse et des défis nuisants.
C : Pour commencer, à quoi « Momo » fait-il référence ?
B : À une statue. Une statue de femme-poule au visage déformé, quelque part entre la fille de The Ring, le dieu fripon et la nymphe des bois, avec d’immense yeux et une bouche assez large pour l’ouvrir sur 200 degrés. C’est une référence directe aux films d’horreur asiatiques. Elle est sensée être effrayante, moi je la trouve rigolote et ludique, mais chacun ses goûts j’en conviens. Quelques articles l’attribuent au scultpeur japonais au masculin Midori Hayashi, artiste gothique spécialisé en bizarreries. C’est faux et Midori est un prénom féminin, donc bon. Bref jusque là tout va bien, mais elle est au coeur d’un hoax géant qui, dans le pire des cas, peut s’avérer mortel.
C : Alors comment ça marche ?
B : Ma remarque est un chouilla idiote mais ca ressemble à une forme extrême de réalité augmentée, comme le fabuleux jeu In Memoriam. Et comme dans In Memoriam, ça commence par une démarche volontaire de votre part, c’est vous qui allez vous connecter à la chose. Le début du Momo Challenge consiste à venir contacter Momo sur Whatsapp. Elle vous répond « Salut, je suis Momo », et amorcera un moyen de pression en disant « qu’elles sait tout de vous ».
C : Et ce n’est pas un esprit fripon qui aura trouvé ces données, mais des personnes en chair et en os qui auront vite repéré tout ce que vous avez laissé en public sur vos réseaux.
B : Oui. Par exemple, j’ai renseigné ma date de naissance sur Twitter, donc elle n’est pas très dure à trouver. Momo te demande ensuite deux choses précises : ne jamais répondre de la même manière, et faire tout ce qu’elle te dit. Et ce sera l’escalade, vers des défis de plus en plus dangereux et suicidaires. Tu me diras que personne n’est assez influencable pour exécuter le pire, mais la loi des grands nombres et l’incrédulité des plus jeunes a au moins fait une victime du Momo Challenge. Le 29 juillet, le Buenos Aires Times rapporte qu’une gamine de 12 ans s’est pendue, et les autorités ont conclu que c’était suite à une requête de Momo sur Whatsapp. Un deuxième cas a rapidement été déclaré, toujours en argentine.
C : Une pratique littéralement dangereuse, mais que tout le monde peut imiter.
B : C’est là que tout devient pervers puisque Momo est en fait une forme de harcêlement pernitieuse, pratiquée par des gens qui ont peu conscience de leurs actes. Je rappelle, de toute évidence, que tout ça, l’incitation au suicide, les menaces, sont punies par la loi.
C : Ce n’est pas le premier challengeeeeee que ces satanés millenialz font diffuser sur les réseaux sociaux.
B : Ces andouilles qui n’achètent pas de propriété et font chuter le cours du diamant sont coutumier du fait. L’année 2017 a été ponctuée du Blue Whale Challenge, diffusé à l’origine sur le réseau russe VK. L’internet russe, toujours dans les bons plans, invitait ses joueurs à relever un défi par joueur, la plupart d’entre eux invoquant l’automutilation et des comportement suicidaires.
C : Mais toi qui est expert en films nuls, ça ne te dit pas quelque chose ?
B : OH OUI ! Vu que Black Mirror ne s’est pas totalement emparé de la chose, et l’épisode Shut Up And Dance s’y rapproche un peu, je peux citer Nerve, un film un peu nul sorti fin 2016. Des ados, des défis de plus en plus mortel, et un scénario qui fait vraiment très réfléchir.
[EXTRAIT NERVE]
C : Ca fait réfléchir...........
B : Ca fait vraiment beaucoup réfléchir. Ce n’est qu’un exemple dans une assez longue chronologie de “challenges” impliquant des défis allant de l’innofensif humanitaire à l’inoffensif idiot, mais il m’est difficile de pas être cynique devant la prisque de risques inutile de certains. Genre danser à coté d’une voiture en marche ou prendre un selfie à coté d’une voie de train. Et avec ce genre d’affaire, il y a les crédules, les plaisantins, les nocifs et ceux qui font semblant de prendre un autre rôle. Le Momo d’origine n’est surement plus actif. Mais la vraie leçon de tout ça, et ça peut-être un cas d’école si vous connaissez des enfants qui, au hasard, se retrouvent dans la cour de récré, c’est de refaire un petit laïus sur les données privés.
C : Professeur Benji, nous vous écoutons.
B : Trois fois rien. Mais déjà, ne donnez pas votre numéro de téléphone à tout va... et sachez qu’une fois votre identité confirmé sur un autre réseau, on a vite fait de trouver une de vos photos, d’identifier les données EXIF de ces dernières, donc de vous géolocaliser etc etc c’est l’escalade et c’est pas bien dur à faire. Et franchement, faut-il le répéter ? Quelque soit votre âge, il n’est pas particulièrement conseillé de parler à des inconnus... et encore moins d’obéir à leurs ordres.
C : Bravo Benjamin, maintenant à toi le fin de chronique challenge. Tu dois conclure sans respirer.
B : Non merciiiiiiiii !
Momo challenge : exactions ou vérités
Le « Momo challenge » commence à faire son chemin dans les débats en dehors même du strict cadre d’internet. Cette nouvelle mode touche les jeunes et inquiète. Surtout depuis qu’elle a provoqué le suicide de plusieurs personnes. Benjamin Benoit nous explique ce fameux « Momo challenge » et nous expose ses dangers.
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