Tumblr met le haro sur le porno (85 - 13/09/2018)
Benjamin : C’est une catastrophe.
Corentin : Ouhla.
Benjamin : C’est terrible ce qu’il se passe. C’est une catastrophe. Préparez-vous hein. Je sais que c’est pas cool d’être anxiogène dès le lever mais là c’est la cata. Regarde Corentin, ouvre la fenêtre.
[CACHEZ VOS ENFANTS, ILS ARRIVENT]
C : Mais c’est quoi ce bardaf ? Qui arrive ?
B : LES CENSEURS. LES CENSEURS SUR TUMBLR. Ils vont tout censurer. ILS VONT CENSURER LE PORNO SUR TUMBLR CORENTIN.
C : GAAAAAAAASP PLUS DE PORNO ??
B : PLUS DE PORNO. Je dirais pas que c’est le fond de commerce de Tumblr mais c’est devenu l’un de ses principaux usages. Donc le temps que vous trouviez votre matériel de survivaliste, je vous fait un petit rappel des titres.
C : Attends, il faut quand même expliquer ce qu’est Tumblr et comment fonctionne ce réseau social.
B : Ah mais alors là ! ….. non, j’ai même pas la motivation pour mes blagues habituelles. Tumblr est un réseau assez connu, fondé par David Karp en 2007. Toute sa substantifique moëlle réside dans le partage de contenu. Chacun gère son flux d’abonnements, et met en favori ou rebloggue pour les autres. Le contenu principal sont les images, les photos, les vidéos courtes et d’eventuels textes. Un Twitter moins basé sur l’interaction, où un espèce de plafond de verre subsiste : comme on s’abonne à des gens qui ont leur propre ligne édito et qui sont toujours constants sur leurs goûts, il est très difficile d’avoir un contenu qui nous plaît pas quand on se connecte sur Tumblr. Je sais qu’on a par exemple des usages très similaires : qu’est-ce que tu vois dans ta timeline Corentin ?
C : Des memes souvent. De bons memes. Du lol en barre, et de beaux dessins.
B : Oui, ce qu’on appelle des fanarts, des gens qui s’approprient des personnages de fiction et les redessinnent à leurs sauce. Donc tout ça est généralement artistique et bon enfant. Il n’y a pas si longtemps, il y avait cette mode des Tumblr à concept. On pourrait Fuck Yeah Les Croissants, le Tumblr où on illustrerait des situations de la rédaction des Croissants (ton progressivement deb) avec des gifs rigolos.
C : Mais ça, c’était avant le branle-bas de combat.
B : Ooooh !
[LE GENERIQUE DE CURB YOUR ENTHUSIAM]
B : Mais oui, naturellement, le dessin et la photo se sont imposés. On voit quelque chose de sympa, on partage, on met en favori si on se sent d’y revenir plus tard. Et donc oui, il y a pas mal de porno. Du vrai, tourné ou photographié, et souvent fait par de bons artistes hein qui savent alterner entre des trucs coquins et tradi avec d’autres sujets plus nichés. Le tout en bonne intelligence, dans un site connu pour être bienveillant. SAUF QUE.
C : Mais alors que s’est-il passé ?
B : En fait, l’application Tumblr s’est vue retirée du store d’Apple. La raison invoquée est la présence de pédo-pornographie sur le réseau. Alors pour être très clair, c’est vrai qu’on peut y voir des personnages d’un mètre dix dans des situations sexuelles, parfois accompagnés de la mention « tous les personnages ont plus de 18 ans ». Alors euh mort de rire déjà, puis bof en second lieu. Mais peu de temps après, Tumblr a annoncé qu’ils allaient purement et simplement bannir tout le porno du site. Et là, c’est la grogne, c’est l’apocalypse, c’est la fin… des haricots, elle est programmée pour le 17 décembre. Et pour les probabilités de rétropédalage, elles sont faibles, l’avenir nous le dira.
C : Il faut dire que certains en vivent.
B : De porno normal et légal, hein. Alors si on y trouve une sorte de travail du sexe qui peut notamment se faire via l’exhibition, on peut aussi évoquer les dessinateurs, dont Tumblr est la plate-forme de publication d’un travail qui peut être rémunéré par les fans du-dit artiste. Notamment via la plate-forme Patreon, qui permet un financement de source à la carte. Le site est donc accusé de puritanisme et de se tirer une balle dans le pied. Jeff D’Onofrio, patron de Tumblr, a annoncé qu’il souhaitait une plateforme « meilleure », « plus positive ». Pour l’instant, on a un clone de la situation de l’article 13 avec Youtube : en attendant la mise au ban globale, plein de contenus sont taggués explicites, sans raison. Plein de courbes suspicieuses ne passent pas le check des robots du site, et c’est devenu un mème.
C : La Grande Migration Du Porno se met en route ! Où va-t-il atterir ?
B : Sur une multitude de plateformes plus laxistes sur la question. Peut-être un peu sur Twitter, dont les comptes peuvent être définis potentiellement explicite. Sur Pixiv d’abord, une plateforme intégralement dédiée aux fanarts et aux BD pro et semi-pro, et qui a un volet porno à l’usage complètement intégré. Sur Deviant Art, un peu mijoré mais qui acceptera un peu n’importe quoi avec des censures bien placées. Il ne faut pas non plus négliger les communautés privées. En dernier lieu les groupes Facebook, mais surtout Discord, bien en place pour accueillir cet usage, surtout qu’un serveur Discord est par définition communautaire, il peut donc être thématique. Ca peut être le cas de Slack, mais il a un usage traditionnellement professionnel, alors à moins d’être celui de la rédaction du Tag Parfait je sais pas. Et je cite Stephen Desaulnois, l’un de mes employeurs, rédacteur en chef dudit Tag Parfait : cela pourrait être une sorte de retour vers la liberté d’IRC ou des clients ftp à la Hotline sur Mac début 2000. Fin de la citation. En bref, un Internet un peu lointain qui fonctionne par cercle et cercle de fans. Mais in fine, si Tumblr pense avoir un problème de porno, il est juste voué à se déplacer.
C : Ok, c’est très clair Benjamin, merci pour cet éclairage érudit. On y reviendra peut-être… et en attendant, à la prochaine.
B : Plus de porno. C’est tellement triste, Corentin. Joue Despacito.
C : Ouhla on a plus le temps !
B : Bon ben la chronique d’après alors. Ou bien la fin. Je ne sais même plus où on en est Corentin.
Tumblr met le haro sur le porno
Pour bien des utilisateurs de Tumblr, le fameux site de microblogging, le 17 décembre 2018 sera un jour à marquer d’une pierre noire. La raison ? La décision du réseau de bannir tout contenu pornographique. Si certains prédisent le suicide économique de la plateforme, d’autres, lecteurs comme artistes, cherchent déjà une solution de remplacement. On vous explique tout ça avec Benjamin Benoit.
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